Elections de 2012 : Enjeux et perspectives pour la jeunesse malienne ?

0

Le peuple malien, à partir du mois d’avril prochain, s’exprimera. De cette expression, émaneront le futur président de la république, les députés, maires, conseillers communaux et probablement les sénateurs qui auront la lourde charge  de conduire la nation vers le développement et le progrès social. Au delà de simples formalités quinquennales, ces élections revêtent bien d’autres intérêts aussi pratiques que nationaux à savoir : 1°) la consolidation de la démocratie et de l’état de droit ; 2°) l’opportunité pour le peuple malien de choisir en toute transparence les hommes et les femmes à qui il désire confier sa destinée ; 3°) l’occasion pour notre pays de promouvoir sa diversité ethnico-culturelle et la cohésion sociale, la fraternité et l’unité qui corroborent cette réalité ; 4°) Et surtout, la rupture totale avec le désespoir et les lamentations pour cette jeunesse en pleine expansion.

1°) La consolidation de la démocratie et de l’état de droit :

C’est suite à la révolution populaire et au coup d’Etat militaire de 1991 que le processus démocratique fut amorcé au Mali en 1992. Les trois premières élections libres ont eu lieu en 1992, 1997 et 2002. Les dernières ont eu lieu le 29 avril 2007 pour les présidentielles et le 1er  juillet 2007 pour les législatives. Ces toutes dernières élections constituent, un tournant décisif dans la consolidation de la démocratie au Mali.

Contrairement aux années 1990 où, pour des élections transparentes, les scrutins étaient organisés partout en Afrique par des CENI (Commissions Electorales Indépendantes), au Mali, depuis 2002 l’organisation des élections législatives et présidentielles est confiée à trois structures : le ministère de l’administration territoriale, chargé de l’organisation matérielle du scrutin, la Délégation Générale aux Élections (DGE), chargée de l’établissement des listes électorales et la commission nationale électorale (CENI) qui supervise les élections.

Depuis donc les évènements de mars 1991, le Mali a toujours été cité comme exemple de pays démocratique. Cette renommée s’explique tantôt par les bonnes conditions d’organisation et d’effectivité de nos différentes élections, tantôt par la sagesse de nos leaders politiques à renoncer au pouvoir ou respecter le verdict des urnes conformément à la constitution.

Autrement dit, ces élections de 2012 viennent tout d’abord consolider notre jeune démocratie, mais aussi renforcer l’état de droit. Etant donné qu’une élection libre et transparente est l’expression d’une démocratie mature, la bonne tenue des échéances de 2012  permettra d’évaluer l’état de la démocratie malienne.  Au-delà de l’évaluation de ce système démocratique, les élections de 2012 seront également une opportunité pour mesurer l’efficacité des structures chargées de leur organisation notamment la CENI, la DGE et le MATCL.

2°) L’opportunité pour le peuple malien de choisir en toute transparence les hommes et les femmes à qui, il désire confier sa destinée :

La démocratie, dit-on, est un régime politique fondé sur la souveraineté des citoyens élisant librement leurs représentants. Si l’on s’en tient à cette définition de la démocratie,   il est facile de comprendre qu’elle est indissociable d’élections libres et transparentes. Ceci étant, comme toutes les élections passées, celles de 2012 sont une véritable aubaine offerte aux maliens pour choisir les hommes et les femmes à qui, ils souhaiteraient confier la destinée de la nation et des différentes collectivités locales.

L’avenir de la nation et des circonscriptions dépendront du choix des électeurs, d’où l’impérieuse nécessité pour tous les maliens et maliennes de participer activement dans ce processus électoral.

Les échéances de 2012 devront permettre à tous nos concitoyens, où qu’ils se trouvent, de dresser le bilan de l’ensemble de nos élus. De ce bilan, devront découler le renouvellement de leur confiance à ceux là qui l’auront mérité par leur travail. Mais aussi le pardon vis-à-vis de tous ces élus qui auront trahi leur confiance et plonger leurs attentes dans le désarroi et le désespoir. Le Mali des cinq prochaines années dépendra de l’attitude des maliens face aux élections futures. Le peuple devra s’exprimer pour son avenir ou subir tout simplement les conséquences de son silence.

Tous les candidats doivent être jugés sur leurs valeurs intrinsèques et propositions de programmes de développement pour la nation et non en fonction de considérations politique et/ou personnelle. Le choix d’un tel ou tel candidat n’est et ne saurait être une raison pour dénigrer un autre. Chaque candidat, quoique l’on dise, a une valeur. Le respect de cette valeur doit être un impératif pour tout citoyen malien.

3°) L’occasion pour notre pays de promouvoir sa diversité ethnico-culturelle et la cohésion sociale, la fraternité et l’unité qui corroborent cette réalité :

Les élections de 2012 doivent être perçues par tous les maliens comme la célébration de notre démocratie et non comme des périodes de guerre et de haine. Les récents incidents postélectoraux en Côte-d’Ivoire, en Guinée et au Liberia doivent nous interpeller tous sur la sensibilité de ces échéances électorales. Il est de notre devoir à tous (hommes politiques, autorités administratives et religieuses,  leaders d’opinions et de jeunes, société civile, médias, forces de l’ordre, operateurs économiques…) de préserver la cohésion sociale et la stabilité politique du pays : seuls vecteurs pour un développement durable.

Notre diversité ethnico-culturelle ne doit pas être instrumentalisée au profit de fallacieuses prétentions électorales, mais plutôt au service de notre patrimoine démocratique et de notre réputation internationale.

Les messages et actions incitant à la haine et à la violence doivent laisser la place à l’unité et à la fraternité. Plus que des élections, 2012 sera un défi pour la paix et la tolérance entre tous les fils et filles du Mali. De notre maturité, dépendra l’avenir de la nation toute entière et le devenir de millions de jeunes et d’enfants innocents.

Quelque soit l’adversité qui marquera ces différentes échéances électorales, chaque citoyen malien devra privilégier son appartenance à une équipe, celle du Mali, et son devoir  vis-à-vis de cette équipe, celui de sa stabilité et sa conduite vers le progrès socio-économique.

4°) La rupture totale avec le désespoir et les lamentations pour cette jeunesse en pleine expansion :

Plus qu’un défi de paix nationale, de stabilité sociale et de fair-play électoral pour tous les citoyens maliens, 2012 doit être un véritable combat pour la jeunesse. Un combat pour le changement, une lutte pour son émancipation dans l’unité et le développement de la nation toute entière, un match pour sa victoire contre le chômage, la pauvreté, la divergence, la manipulation, l’insécurité routière, le VIH/SIDA, la corruption, l’inégalité, l’injustice…

Le changement s’acquiert le plus souvent au prix d’un long processus de combat, de sacrifice et de patience. Certaines personnes y vont jusqu’à laisser leurs vies dans cette quête de liberté et d’une vie meilleure. Les récents incidents dans le monde arabe témoignent non seulement  cet état de fait, mais prouvent à bien d’égards le rôle et la place, combien déterminants, que la jeunesse occupe dans ces combats. C’est le lieu pour moi, en tant que jeune, de rendre hommage à toute la jeunesse magrébine et arabe pour sa prise de conscience et son émancipation.  C’est aussi une occasion pour moi d’interpeller la jeunesse malienne, cette jeunesse qui s’est manifestée depuis 20 ans pour l’avènement de la démocratie dans son pays. Si le combat pour la démocratie n’a pas été vain, celui pour le développement et une vie décente vient de s’offrir avec les élections de 2012.

Si d’autres jeunes sont contraints à l’immolation ou à l’indifférence de leurs dirigeants pour se faire entendre et exprimer leur cri de détresse, notre combat de 1991 pour la démocratie nous donne aujourd’hui l’opportunité de changer définitivement notre destinée et de consolider les acquis offerts par le President Amadou Toumani Touré.

Il est temps pour la jeunesse malienne de rompre avec ses vielles habitudes électorales  et jouer pleinement son rôle dans le processus électoral.

Les élections de 2012 sont une opportunité pour la jeunesse de dire non à la manipulation, aux fausses promesses, et de prendre en main sa propre destinée. L’heure n’est plus aux lamentations et aux faux débats dépourvus de toute logique, mais plutôt à l’action.

La jeunesse malienne doit aujourd’hui se mettre au dessus de toutes considérations, que ce soient  matérielles, psychologiques ou financières, pour participer pleinement dans le processus électoral. Il ne s’agit pas de participer pour participer, mais plutôt participer pour apporter un changement. La jeunesse doit interpeller tous les candidats sur la base de leurs programmes de société et leurs ambitions pour les jeunes, plutôt que toute autre chose. La jeunesse doit choisir un tel ou tel candidat en fonction de ses aptitudes à apporter une solution aux maux qui la minent à savoir le chômage, l’éducation, la corruption, l’insécurité routière, le VIH SIDA… plutôt que de se fier aux moyens financiers et matériels avec lesquels il trompe sa conscience, la banalisant ainsi en simple bétail électoral sans conviction ni vision.

Si la jeunesse malienne doit se mobiliser pour les élections de 2012, en choisissant les hommes et les femmes capables de trouver des solutions idoines et pérennes à ses préoccupations, elle ne doit aussi pas perdre de vue son unité et la cohésion sociale  du pays. Elle doit avoir foi aux structures chargées de l’organisation des élections et la proclamation des résultats en faisant montre de retenue et de patriotisme en toute circonstance. L’avenir de la jeunesse malienne dépend du rôle qu’elle jouera dans les élections à venir. Les préoccupations de la jeunesse malienne sont telles, qu’elle n’a pas droit à l’erreur encore moins à la passivité.

« Tous pour des élections libres, transparentes et apaisées pour la stabilité politique, la cohésion sociale et le développement économique du Mali » : tel doit être le leitmotiv de tous les fils et filles du Mali en 2012.

NB : Cet article reste ouvert à toute critique, contribution ou suggestion susceptible de l’améliorer.

MAIGA FOUSSEYNI

Journaliste, Consultant

Planificateur en communication

Administrateur, Presse Universitaire du Mali

Directeur de Publication, Journal ‘’Le Flambeau’’,

 Magazine ‘’Faso Kunafoni’’      

Commentaires via Facebook :