Elections au plus tard le 31 juillet 2013 : Redonner de la valeur au respect de la parole donnée et de la parole d’honneur !

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Le slogan «Merci à la France, Merci au Tchad, Félicitations à nos braves combattants sur la ligne de front» ne peut qu’être un leitmotiv bien heureux pour nous, puisque les actions salutaires de ces différents acteurs, sur fond de la baraka dont notre pays jouit, nous permettent d’invoquer avec sérénité la seconde mission exclusive de la transition, à savoir l’organisation des élections crédibles, transparentes et équitables. L’échec à un examen ne saurait se justifier par le manque de temps du candidat encore moins par sa volonté de ne pas rendre une copie bâclée.

De façon prosaïque, nous présenterons le défi de l’organisation des élections comme une épreuve d’examens prévue pour le 31 juillet 2013 – date fixée par le président de la République par intérim – avec comme candidat le Gouvernement de transition ; il lui revient donc de s’organiser, de se préparer, de se concentrer sur les modules à examiner ; advenu le jour « J », aucun échec ne saurait être justifié par un manque de temps. Le Gouvernement ne saurait non plus justifier et/ou expliquer  son échec par son intention de ne pas vouloir rendre une copie bâclée !
Il lui sera infligé la sanction inévitable de l’échec : la révocation, s’il ne consentait pas, par élégance démocratique, à démissionner !
Il est donc temps que les diversions, dispersions d’énergies et d’autres digressions inutiles cessent pour laisser place à l’essentiel autour du ministre de l’Administration territoriale qui semble être de bonne foi, malgré les pressions multiples qu’il subit, de part et d’autre, tendant à le contraindre à mettre la pédale douce ; nous l’exhortons à garder «la nuque raide» sur ses objectifs car le jugement de l’histoire n’épargnera personne.
La Réconciliation nationale est une mission délicate et sérieuse qui ne se décrète pas sur une durée (4 mois) connue à l’avance, à moins d’être dans le secret des Dieux :
Pendant cette phase cruciale de la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays, sans nos soldats en ce qui concerne l’étape de Kidal – pour les raisons non encore élucidées -, le Gouvernement transitoire tente une nouvelle fois de se détourner de ses priorités (organisation des élections) en divertissant le peuple par l’évocation d’une Commission nationale pour le dialogue et la réconciliation.
Il convient de rappeler que cette structure faisait partie du lot de propositions, désormais anachroniques, au même titre que l’alchimie de «Haut Conseil d’Etat », que le Président par intérim avait eu à faire, en son temps.
Si la pertinence d’une telle Commission – après une période de crises multiformes que notre pays a connue – ne se discute pas, à l’instar de la tenue des Concertations nationales, sa mise en œuvre en ce moment est loin d’être opportune.
Nous avons du mal à comprendre la précipitation à envisager la mise en place d’une telle Commission, sachant bien qu’il reste moins de 5 mois à la transition pour organiser sa deuxième mission prioritaire. De quel temps cette structure disposera-t-elle pour mener à bien sa mission ? Les acteurs concernés par l’enjeu de la réconciliation feraient-ils confiance à une telle structure ? Les membres de cette Commission seraient-ils investis d’une légitimité reconnue par tous ? N’est ce pas là une tentative de se disperser entre plusieurs missions pour n’en réussir aucune finalement, et exciper du manque de temps ?
De la réponse à toutes ces questions dépendra la réussite d’une telle mission, laquelle, à notre humble avis, devrait incomber aux autorités légitimes issues des élections prochaines. S’agissant du choix des membres d’une telle Commission, le critère de la probité est invoqué, alors même que les acteurs politiques et leaders religieux répondant à de tels critères, par ces temps qui courent, se comptent sur les doigts d’une main ; une telle Commission serait-elle dotée d’une baguette magique lui permettant de réussir ce que les leaders politiques et religieux dans leur ensemble – impliqués activement à la recherche de solutions à la crise sociopolitique depuis belle lurette –  n’ont jusque-là pas réussi ?
La dénomination ou la forme «Commission nationale de réconciliation » suffiraient-t-elles à rendre une telle structure efficace ?
Nous l’espérons bien, mais évitons de tomber dans l’optimisme béat ou de nous adonner à la politique de l’autruche ; soyons réalistes, et avançons de façon méthodique pour atteindre l’efficacité escomptée ; la réconciliation est une mission délicate et trop sérieuse pour que sa réussite ne soit encastrée, par décret, dans un calendrier préétabli (4 mois), à moins d’en faire un simulacre, à l’accoutumée.
La France en recommandant le respect du délai ultime du 31 juillet 2013 fait preuve de clairvoyance en ingénierie politique :
Encore une fois, nous saluons la clairvoyance de la France, de François Hollande, lorsqu’elle recommande vivement la tenue des élections à la date proposée, en toute liberté, par le Président Dioncounda Traoré, à savoir le 31 juillet 2013.
A moins de confirmer le double langage, la duplicité et la malice  que les citoyens reprochent aux acteurs politiques sous nos tropiques, le Président Dioncounda a tout intérêt – n’étant pas candidat et n’ayant rien à perdre – à redonner un sens à la parole donnée et à la parole d’honneur dans notre pays, vertu rarissime dont le manque est pour beaucoup dans la récrimination et le désaveu des hommes politiques actuels (le souvenir des louvoiements – pendant six mois – autour de la demande formelle – à adresser à la Cedeao en son temps – d’assistance de la communauté internationale et de la tenue des concertations nationales est encore vivace dans les esprits).
Les arrangements politiques salutaires de la Communauté internationale au nom de l’idéal démocratique ne devraient pas étouffer la démocratie:
Les résolutions de la Cedeao se conformant à l’avis de la Cour constitutionnelle du Mali – suggérant la prorogation de la durée de la transition jusqu’à l’élection du nouveau Président de la République – ne devraient aucunement servir de prétexte ou de couverture pour ne pas réussir l’organisation des élections dans les délais librement fixés par nos autorités, sous peine d’un discrédit supplémentaire.
Nous réitérons donc toute notre gratitude à la Communauté internationale pour avoir supplée – au prix de différents montages juridico-politiques plus ou moins satisfaisants – le manque d’alternative nationale dans la recherche de solutions à nos problèmes ; cependant, l’on ne peut ignorer que certains compromis politiques concoctés à l’occasion foulent au pied les règles élémentaires de la démocratie, à savoir l’exigence de recours au suffrage et à la souveraineté du peuple (le premier critère indiscutable, et de loin le plus important, de la démocratie est la participation effective du peuple, à travers l’inclusion des citoyens majeurs ; cela est rendu possible à travers l’exercice direct de la démocratie dans les assemblées de citoyens, dans l’impossibilité d’organiser un tel régime, recours est fait à la démocratie représentative avec le privilège pour le citoyen de sanctionner l’élu en fin de mandat).
En l’espèce, force est de reconnaître que les droits du peuple malien (possibilité de sanctionner des représentants en fin de mandat constitutionnel entre autres) est suspendu, et suppléé par les résolutions internationales (à défaut d’alternative nationale) pendant l’intermède de la transition qui devrait, en conséquence, être la plus courte possible.
Pour mémoire, la liberté d’expression, le suffrage des citoyens dans les cités-nations, la participation effective des citoyens aux affaires de la cité constituent quelques uns des fondements importants de la démocratie ; or les compromis préconisés par la Cedeao sont souvent le fruit de tractations, de négociations entre une poignée d’élites politiques.
Alors, comme la France l’entrevoit, il est indispensable que ces arrangements politiques s’inscrivent dans les plus brefs délais possibles, au risque d’exclure, pendant longtemps, le citoyen du débat public ; toute chose signifiant une négation, une décadence de la démocratie.
Le citoyen et son vote devraient être au cœur de l’idéal démocratique :
En démocratie, une chose est d’avoir les institutions nécessaires à la qualification de l’idéal démocratique, une autre en est d’exiger la concrétisation des critères démocratiques (participation effective des citoyens à la vie de la nation, organisation d’élections régulières, liberté d’expression garantie, éducation civique des citoyens, information complète du citoyen sur les enjeux …).
En définitive, l’on ne saurait parler de démocratie lorsque les citoyens sont exclus du jeu politique au profit d’une élite dont le mandat est expiré, en l’espèce, au regard du dispositif constitutionnel de notre pays.
C’est le lieu de témoigner toute notre reconnaissance à la Communauté internationale, au nom de «l’internationalisation démocratique» mais vigilance, l’on ne devrait pas étouffer longtemps (au delà du 31 juillet 2013) l’exercice démocratique au nom du même idéal démocratique.
Nous parions que telle ne saurait être l’ambition de la communauté internationale ; nous lui demandons donc de veiller au respect strict du délai du 31 juillet proposé par nos autorités sans aucune contrainte, et en toute connaissance de cause.
«Gouverner c’est prévoir ! »
Dans cette attente, le peuple reste vigilant !
Dieu bénisse le Mali !
Aguibou BOUARE
Conseiller Juridique
Tél. 66 91 80 70

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