Les réseaux sociaux ont ceci de fantastique qu’ils permettent de rendre l’information disponible de manière « instantanée ». Ils ont aussi ceci de dramatique qu’ils rendent toutes sortes d’informations disponibles à n’importe qui a les moyens d’y accéder.
La semaine dernière à peine les épreuves du DEF entamées que les informations de fuites ont commencé par circuler sur les réseaux sociaux. Les épreuves se sont poursuivies malgré tout jusqu’à la fin.
Le 10 juin 2014, ce sont les candidats au baccalauréat malien qui attendaient encore jusqu’à 13h pour certains d’avoir leurs premières épreuves à Bamako tandis que dans les régions les autres composaient sans problèmes depuis 8h du matin. Apparemment depuis le vendredi 6 juin des instructions avaient été données pour faire changer les sujets d’examen à Bamako à cause des rumeurs de fuite sur les sujets.
Entretemps on apprenait que le Directeur national des examens a été remercié par le Ministre de l’éducation.
Sans prendre le temps de vérifier la véracité de toutes ces informations relayées sur les réseaux sociaux, il est déjà bon de prendre un recul et de demander à ceux qui sont aux affaires à Bamako de mettre fin à tout ça. Comment ?
Les maliens sont habitués depuis au moins trois décennies aux fuites lors des différents examens. Mais apparemment aucune étude interne sérieuse n’a été faite pour comprendre le phénomène et y apporter les solutions appropriées. Le changement d’homme ne résoudra rien du tout et la crédibilité et l’image catastrophique de l’éducation nationale continueront de prendre des coups qu’elle ne peut plus supporter. Je crois que c’est le système qui est en cause.
L’éducation nationale en réalité est à l’image de la société malienne où tout le monde croit et encourage à la facilité ; l’impunité étant la règle de gestion.
Un système de corruption, de recherche du gain facile s’est mis en place dans tous les secteurs et les périodes d’examens sont celles pour lesquelles travaillent un certain nombre de personnels qui pensent profiter de leur « traite ». Et cette traite s’étale sur toute la période allant de l’organisation des examens à la fin de l’orientation des candidats admis vers les écoles d’accueil en passant par la correction des épreuves, le calcul des notes, la proclamation des résultats, l’organisation des sessions.
Vouloir changer une ou deux personnes à l’un de ces échelons c’est juste faire preuve d’amateurisme et de fuite en avant dans la recherche de solutions.
Les maliens ont besoin d’avoir peur et tant que cela ne sera pas aucune autre solution de compromis ne nous permettra de sortir de la honte dans laquelle toutes ces histoires nous plongent. Dire que cela n’était pas prévisible depuis 20 ans est faux et à partir du moment qu’aucune alerte n’a permis d’arrêter la descente il faut maintenant avoir le courage d’affronter la pieuvre que nous avons-nous même nourrit par le « moussalaka ».
Sidi Coulibaly à Ouagadougou