Éducation et Formation : S’y prendre autrement

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Moussa Mara, président Parti Yelema
Moussa Mara

La jeunesse sera de plus en plus au cœur des défis à relever par nos pays du fait de la conjonction des croissances dynamiques de la population et de l’urbanisation. Les jeunes toujours plus nombreux et vivant en ville constitueront de sérieuses sources d’inquiétudes pour nos États qu’ils seront obligés de prioriser cet état de fait pour y faire face. Parmi les facteurs de risques à gérer, figure la question de l’emploi et du chômage qui frappe très durement les jeunes africains, notamment ceux qui sortent de nos écoles. Le chômage étant la conséquence de nombreuses insuffisances de nos politiques publiques, il convient d’engager des actions d’envergures et multiformes, s’inscrivant dans la durée, pour espérer le réduire de manière significative. La question de nos systèmes éducatifs et de formation apparait ainsi clairement comme l’une des pistes à explorer de manière rigoureuse.

Nos systèmes de formation, passeports théoriques vers l’emploi, sont devenus de véritables obstacles à l’insertion de nos jeunes à cause de certaines faiblesses structurelles d’une part, à l’inadéquation entre les savoirs enseignés et les besoins du marché de l’emploi d’autre part et, de façon générale, de leur incapacité à s’adapter au monde qui nous entoure. Nous avons quelques efforts à fournir pour améliorer nos dispositifs en matière d’éducation et de formation au bénéfice de nos enfants. Quelques idées ayant fait leur preuve et certaines suggestions originales méritent d’être explorées dans cette perspective.

L’école doit devenir un espace d’éveil et de mise en valeur de la créativité. Elle ne doit pas avoir pour vocation de brider l’imagination de nos enfants et de les fondre dans un moule préconçu pour eux. La créativité et l’innovation doivent être le mot d’ordre dès la petite enfance. La planète est déjà et sera encore plus demain, un espace où règneront les idées. La créativité aura une place centrale dans notre société, il faut donc amener nos enfants à sortir des sentiers battus, les encourager à avoir des idées et les aider à les réaliser. Cela améliorera leurs aptitudes à être autonomes, à s’inscrire dans des démarches de créativité et de construction, mettre en place des projets, créer leurs affaires et poursuivre leurs rêves plutôt que de devenir des salariés et des fonctionnaires. L’enseignement du théâtre et des autres formes d’expression artistique ou encore la promotion des arts dans les petites classes font partie de quelques idées à soutenir dans cette optique.

L’autre domaine à privilégier dans nos dispositifs d’enseignement, notamment dans le primaire, est la culture, car donne l’opportunité aux enfants de prendre conscience de leur environnement, leurs conditions, leur histoire et celle de leur collectivité. La citoyenneté, la connaissance et l’amour de la patrie, le respect de soi et des autres sont des valeurs à inculquer aux jeunes dès l’enfance. La culture enseignée et vulgarisée à l’école ouvrira cette perspective. Il en est également de la promotion de la nature, l’attachement à l’environnement et la nécessité de sa protection comme devoir envers nos descendants. L’être humain est d’abord est un individu social qui doit être conscient de son rôle pour le groupe, à commencer par les siens. Il a des efforts à fournir sur lui-même et des obstacles à franchir pour être productif pour la collectivité. Il doit de ce fait intégrer de manière profonde des valeurs qui serviront à encadrer ses activités et à façonner en lui un sujet productif pour lui et pour les autres. L’école donne une bonne occasion de promouvoir chez nos enfants les valeurs d’humanité et de solidarité.

Les sciences et leur prolongement technologique forment les outils de production et de productivité par excellence et doivent de ce fait avoir une place centrale dans nos systèmes éducatifs. Le jeune scientifique a plus d’opportunités d’emploi et plus d’alternatives dans la vie que son frère littéraire. Les métiers qu’il est susceptible d’exercer sont généralement plus utiles à un individu et à une collectivité et offrent plus de perspectives de création de richesse. Il est plus en mesure de profiter des révolutions technologiques que nous vivons pour produire, innover et concevoir au bénéfice de de la collectivité. Nous devons soutenir fortement l’adoption des sciences par les enfants et créer les conditions pour qu’ils s’ouvrent aux technologies. Les efforts à fournir (formation des enseignants, équipements et infrastructures…) pour soutenir ce virage stratégique de nos dispositifs éducatifs sont à considérer comme des investissements porteurs d’avenir et à engager sans hésitation. Il en va de notre future place de producteurs d’idées, de valeurs et de richesse.

Nous devons particulièrement orienter le système d’enseignement des sciences et des technologies vers les potentialités et les avantages comparatifs de nos pays, notamment à partir de l’enseignement secondaire et évidement du supérieur. Cela permettra aux pays de mettre en place de véritables chaines de valeur, des filières de mise en valeur des produits et services et donc d’améliorer les performances de leurs économies.

L’école doit être un milieu ouvert, connecté avec son environnement avec lequel il inter agira afin que ses futurs « produits » puissent se mouvoir avec aisance dans le monde professionnel. Pour ce faire, il doit avoir un commerce régulier avec le marché de l’emploi. Les acteurs de l’entreprise, les responsables publics, les élus qui interviennent dans l’enseignement ou animent des conférences dans nos facultés ; les sociétés qui établissement des partenariats avec les écoles comportant la mise en place de programmes de formation spécifiques à leurs métiers, des entreprises qui accueillent des étudiants pour une immersion dans le monde du travail…Quelques idées utiles à explorer et pouvant se traduire par une plus grande proximité entre nos structures éducatives et nos opérateurs économiques.

Le dispositif de formation professionnelle complète le système éducatif et offre des occasions de perfectionnement ou de reconversion à ceux qui souhaiteraient donner une nouvelle orientation à leur carrière. Il est indispensable dans nos pays qui sont fragiles et dont des pans entiers de l’économie sont susceptibles de sombrer à la moindre contraction de l’activité. Nous devons mettre en place un dispositif de formation professionnelle souple permettant aux jeunes de changer de métiers et de parcours pendant toute leur vie. Il doit également permettre aux jeunes déscolarisés ou non scolarisés d’avoir la chance d’apprendre un métier, de s’y qualifier et de s’épanouir par ce canal. La formation professionnelle n’est ainsi pas seulement un moyen d’améliorer la productivité des individus, c’est également un moyen de solidarité et d’amélioration du vivre ensemble. A ce tire, elle doit être priorisée par nos pays.

La lutte contre le chômage est un combat de longue haleine que nos États auront toutes les peines du monde à gagner s’ils ne mettent pas en avant l’arme de l’éducation et de la formation professionnelle adaptée à nos contextes, en phase avec leurs environnements et orientée vers la pleine utilisation de toutes les opportunités offertes par le monde d’aujourd’hui.

 

Moussa MARA

www.moussamara.com

 

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