Economie : L’Afrique insuffisamment à contre-courant des contraintes économiques

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Les pays africains s’améliorent en dépit des contraintes. Il y a relativement de bons espoirs au sujet de la dette et de l’inflation (la question budgétaire et fiscale). Mais, pourrait-on être réellement optimiste pour 2024, quand on sait notamment que la problématique liée au financement se pose encore avec acuité ?

Avec les turbulences sur les marchés financiers internationaux, il y a eu un certain ralentissement par rapport à l’année dernière (2022) et cela risque de se maintenir. L’accès au financement (surtout le financement du marché) va donc être plus restreint que par le passé. Ce qui peut rendre le service de la dette élevé et éroder les marges de manœuvre financières et les marges de manœuvre fiscales pour un certain nombre de pays en Afrique du nord. De plus, la tendance qu’ont les pays ces dernières années de se financer via leur système financier, crée aussi un fardeau supplémentaire sur le secteur financier local.

Que faut-il faire ? Il faut à la fois renforcer le cadrage microéconomique pour ces pays, c’est-à-dire avoir les politiques nécessaires pour contrôler la dette, le risque de la dette…, qui permettent de faire baisser les primes de risque. Ces pays ont également besoin d’appui. Dans ce sens, le Fonds monétaire international (FMI) a constamment continué à adapter ses produits. Dans ce cas, il faut augmenter les capacités d’action à travers l’augmentation des quotas, renforcer la capacité à fournir des financements subventionnés aux pays les plus faibles en termes de niveau de croissance économique. Certains pays africains sont en train de remplir le Fonds qui donne des subventions aux financements, de mobiliser également l’assistance bilatérale et multilatérale pour fournir des financements adaptés aux besoins. En plus, le FMI a développé un nouveau mécanisme de financement qui aide les pays à gérer la question climatique avec des financements longs et des échelonnements très adaptés pour la transformation énergétique.

Pour des observateurs, il faut s’attendre au redémarrage de la croissance l’an prochain (2024) passant de 3,3 % à 4 % en Afrique subsaharienne. Et cela avec une reprise plus forte dans les pays aux économies diversifiées que dans les pays producteurs de matières premières. L’inflation devrait continuer de baisser grâce à une stabilité relative des prix des matières premières, le pétrole en l’occurrence, et grâce aux mesures prises par les gouvernements africains qui ont notamment réduit leurs budgets et commencé l’assainissement des finances publiques.

Il faut donc s’attendre à une désinflation. Concernant le déficit budgétaire, on avait déjà près d’un point de PIB d’ajustement en 2023. Aujourd’hui, il faut prévoir un point de PIB d’ajustement budgétaire supplémentaire dans les pays en 2024. Cela devrait suffire à infléchir la trajectoire de la dette dans cette région. Sans compter que les pays africains s’attendent à ce que, pour la première fois, le ratio dette/PIB commence à baisser en 2024.

Concernant la question de ce que nous appelons la pénurie de financement, il y a un premier aspect conjoncturel qui s’améliore un peu, avec une tendance à la baisse des «spreads», c’est-à-dire les taux d’emprunt des pays sur les marchés internationaux, mais pas suffisamment conséquente pour que les pays puissent de nouveau émettre des euro-obligations. La baisse de l’inflation domestique et internationale devrait réduire les taux d’intérêts ainsi que les coûts de financement. Cependant, il y a des contraintes externes liées aux financements des bailleurs, notamment la Russie ou la Chine qui a considérablement réduit ses financements en Afrique subsaharienne ces dix dernières années.

Mais, en 2023, les données ont changé avec un partenariat gagnant-gagnant avec des pays comme le Mali, le Burkina, la Centrafrique, le Malawi, le Maroc et l’Algérie. Le FMI a augmenté les contrats cycliques et offert 55 milliards de dollars de financements aux pays d’Afrique subsaharienne depuis 2020. Le FMI, c’est quand même une partie de l’architecture financière internationale. Il faut aussi que les bailleurs bilatéraux donnent davantage aux pays africains, leur donnent ou leur prêtent davantage à des taux concessionnels.

Macky Cissé

Consultant politique indépendant

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