Enseignant chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako, Dr Fousseyni Doumbia rappelle que l’un des moments forts de l’entrée en fonction du Premier ministre Boubou Cissé est la conclusion de l’Accord politique de gouvernance du 2 mai 2019, après une série de consultations avec l’ensemble des forces politiques et sociales du pays en vue de trouver une solution consensuelle aux problèmes du pays.
Cependant, l’enseignant chercheur pense que le gouvernement de mission mis en place, est loin de composer avec toutes les tendances politiques du pays. «Dans ces conditions, la formation d’un tel gouvernement ne constitue qu’un simple faux geste d’apaisement du climat social et politique au Mali», juge-t-il, ajoutant que l’Accord politique de gouvernance devrait tout aussi exiger pour la formation de ce gouvernement la nomination des personnalités crédibles, des personnes connues et respectées.
Au regard de la conjoncture économique, politique, sociale et sécuritaire dans laquelle vit le pays, Dr Fousseyni Doumbia pense que le Premier ministre, dès sa prise de fonction, devait envoyer des signaux forts pour la réduction du train de vie de l’Etat. «L’Etat doit tout aussi lutter efficacement contre la corruption et le détournement des deniers publics qui devient de plus en plus une récurrence et quasi-culturelle dans le maniement de l’argent du contribuable malien.
Et c’est à cause de ce train de vie excessivement élevé de l’Etat et de détournement exagéré des finances publiques que le syndicalisme a pris des proportions monstrueuses dans notre pays», analyse-t-il.
Au-delà de la conjoncture politique, économique, sécuritaire et sociale, Dr Doumbia estime qu’il est aussi important d’encadrer les situations statutaires des travailleurs des fonctions publiques (Etat et collectivités territoriales) en vue d’une harmonisation plus efficiente des revendications syndicales. Cela, précise-t-il, permettra à l’Etat malien d’asseoir un contrôle sur un nombre restreint de statuts des fonctionnaires, par conséquent un interlocuteur limité dans le traitement et la prise en charge des différentes revendications syndicales.
Sur le plan de la sécurité et de la gouvernance, l’enseignant chercheur déplore l’absence de motivation et l’existence de peu de moyens pour l’Etat à asseoir son autorité dans les régions où il est absent.
Selon lui, la crise sécuritaire a gagné du terrain à cause de l’absence de l’Etat dans nombre de circonscriptions abandonnées. «Dans le Centre du Mali, les conditions de protection de la population se sont encore détériorées au cours des dernières semaines. Les groupes terroristes ont élargi leur présence et renforcé leur campagne d’intimidation, d’enlèvement et d’assassinat. Ils ont exacerbé les tensions et les violences intercommunautaires entre les Peuls et les Dogons, et fait un nombre de victimes civiles sans précédent», constate-t-il.
D’après notre interlocuteur, une sortie de crise sécuritaire n’est possible que si les gouverneurs de région, les préfets de cercle et sous-préfets exercent la plénitude de leurs fonctions administratives dans les circonscriptions administratives. «Cette représentation du président et de la République et de l’ensemble du gouvernement peut être un facteur de dialogue entre les différentes parties aux conflits. Elle est également un facteur de l’exercice de la souveraineté, par des pouvoirs légitimes et légaux reconnus par les communautés à la base», explique-t-il.
Au regard de tout ce qui précède, Dr Doumbia estime que l’on ne doit pas être toutefois animé d’un sentiment de pessimisme, quand on sait que la gestion, la régulation et la résolution d’une crise demandent assez souvent beaucoup de temps et d’énergie.
Propos recueillis
par Madiba KEITA
Avant toute chose notre politique et son éco-système doit radicalement changé , le grand débat national tant espéré n’aura de l’intérêt et du sens que si les causes et les responsabilités de la crise ou des crises que nous traversons soient identifiées et reconnues , il ne s’agit pas d’organiser un débat conventionnel comme nous avons l’habitude de faire . Nous sommes incontestablement devant un échec politique d’une ampleur indescriptible que je qualifierai simplement ” l’itinéraire raté d’une nation à construire ” Nous sommes pratiquement dans la prophétie du regretté RENÉ DUMONT en 1962 dans son ouvrage ” l’Afrique est mal partie ” au lendemain de notre indépendance , nous y croyions dur comme fer de bâtir une nation unie et solidaire , mais on a fait autre chose à la noblesse de la politique et de l’administration : LA CORRUPTION poussé à l’extrême est en passe de devenir la norme de notre économie à tel point qu’elle est inféodée à une logique de valorisation ,parce que le corrupteur dans milieu familial , professionnel etc… est potentiellement perçu comme quelqu’un bien et de respectable et parce que le personnage est sollicité socialement .
¢HA$$É-¢ROI$É$ … €N$AUVAG€M€NTO¢¢ID€NTAL ..
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