Je viens de lire avec intérêt votre article : la démocratie malienne à la croisée des chemins publiée sur Maliweb.net J’apprécie la qualité de votre plume et vous remercie par la même occasion de votre contribution à la réflexion sur l’avenir du Mali.
De votre analyse, je retiens deux choses :
- Un diagnostic sans complaisance des causes de la déconfiture du Mali, que je partage ;
- Des propositions de sortie de crise fort discutables.
Je ferai une économie d’analyse sur les points de convergence pour axer mon analyse les sur les points de divergences. Homme de science, vous savez que c’est de la dialectique que jaillit la lumière. Notre divergence vise le même but, une lumière pour le Mali.
Avant d’analyser les divergences, je voudrais appuyer votre proposition sur la réforme de la justice. Norbert ZONGO soutenait dans son ouvrage le sens d’un combat que : « Quand les peuples auront fini de perdre leur âme, c’est par la justice qu’on le saura ». Cette assertion justifie amplement votre proposition d’imposer l’éthique et de la morale chez les personnes chargées de distribuer la justice.
Nos divergences portent sur :
La révision de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation afin de lui donner un ancrage national. Révisons l’histoire de l’humanité pour comprendre qu’aucun territoire perdu à la suite d’une défaite militaire n’a été récupéré par un Accord. Hier la France a refusé l’accord du Maréchal Pétain pour se libérer par la guerre conduite par De gaulle. Le Mali au cours de son histoire a connu des rebellions dans son septentrion qui ont toujours trouvé un issu à travers des accords de paix et de réconciliation. La résurgence cyclique de ces rébellions et les milliards de francs débloqués à chaque accord ont montré clairement qu’il ne s’agit que de bandits armés qui veulent tout obtenir par les armes. Tous les régimes successifs que le pays a connus ont eu à faire face à des rebellions armées. Nous devons suffisamment tirer des leçons de ces expériences pour savoir que la solution n’est pas un Accord. La solution, à ma compréhension passe par la reconstruction d’une armée populaire (dont les soldats sont issus du peule) pour mener l’incontournable guerre de libération du Nord que nous avions toujours repoussée. Cette nouvelle armée populaire devrait être conduite par des officiers qui ont une valeur militaire.
La refonte des instituions inféodées au quinquennat (Sécurité d’État, Cour Constitutionnelle, Commission Électorale Nationale Indépendante, Assemblée nationale…). La refonte de ces institutions reviendrait à jeter le bébé avec l’eau du bain. Ces institutions sont encore jeunes. Le problème ne vient des institutions elles-mêmes, mais plutôt de la qualité des hommes qui les anime. Certes, les institutions incriminées ne donnent pas satisfaction aujourd’hui, c’est évident ; mais la solution est qu’il faut mettre des Hommes qui ont une conscience professionnelle, une éthique, un sens du devoir pour animer ces institutions. Les anglais ne disent- ils pas que « garbage in, garbage out».
Le déclenchement d’un dialogue substantiel avec les groupes radicaux violents. Il faudrait écarter cette hypothèse dans la recherche de solution. Il ressort de vote texte que, la substance de la rébellion est constituée par des éléments étrangers venus de la Lybie. Tout Etat qui se respecte ne dialogue pas avec des groupes qui ont pris les armes contre lui. Il n’y pas longtemps, Jean Yves DRIAN, ministre français disait en substance que la France neutralisera toute personne qui pointera les armes contre elle. La mission primaire de la nouvelle armée est de neutraliser ces groupes radicaux. Cette défense de la patrie nous incombe tous selon l’article 22 de la Constitution : « La défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen ».
La redéfinition et la réadaptation des mandats des forces étrangères présentes sur le territoire qui ont mis le pays sur la touche dans leur agir. Combien de fois, le chef de la MUNISMA nous a rappelle que ses troupes ne sont pas au Mali pour faire la guerre à notre place. D’ailleurs la présence de troupe étrangère sur le sol malien, ne renie-t-elle pas le concept d’indépendance ? Nous savons tous, que la solution c’est nous-mêmes, il suffit que nous acceptions le sacrifice qu’elle impose. Si on enlevait du combat de Modibo KEITA, le départ des troupes françaises, son combat serait dévalué.
Enfin, le motif même de votre article : un gouvernement de consensus. L’histoire politique récente de l’Afrique montre que les gouvernements de consensus n’ont jamais résolu le problème pour lesquels ils ont été constitués, pire il l’exacerbe. Nous apprenons de cette même histoire africaine, que le gouvernement de consensus ; c’est pour éviter le combat politique. Or ce dont le Mali a besoin, c’est justement ce combat politique pour qu’émerge un parti avec ses idéaux et pour lesquels il se battra pour les traduire en réalité. Beaucoup analystes de la scène politique, conviennent que le consensus politique explique en partie la situation actuelle du Mali. Le consensus, longtemps vanté comme une qualité au Mali, c’est révélé destructeur pour le pays. Un gouvernement de consensus au Mali aujourd’hui, c’est un calmant à nos maux. Or ce dont qu’il faut pour ce grand malade qui est le malade, un remède. Et ce remède n’est que la lutte sur tous les plans : politique, militaire, individuelle, collective….
Mamadou SATAO
Environnementaliste
Email : satao2@yahoo.fr
«Si quelqu’un t’a OFF€N$É, ne CH€RCH€ pas à te V€NG€R. Assieds-toi au bord du FL€UV€, et bientôt tu verras son ¢0RP$ PA$$€R… »”!
Très belle analyse
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