Dr Aly Tounkara : «La libération de Soumaïla Cissé est un pont pour le dialogue avec les groupes radicaux violents»

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Le directeur du Centre des études sécuritaires stratégiques au Sahel (CE3S) revient sur la libération du président de l’URD. L’expert donne aussi son point de vue sur l’annonce du secrétaire général des Nations unies sur un possible dialogue avec certains terroristes et la grève des administrateurs civils en cours

Sur la libération de Soumaïla Cissé, Dr Aly Tounkara pense qu’en s’intéressant de près aux conditions de son rapt qui a eu lieu en pleine campagne pour les législatives, il n’y a pas eu de revendication proprement dite de la part des groupes radicaux violents. Bien que cette zone relève de la Région de Tombouctou, il dira que ce sont des hommes obéissant à Amadoun Kouffa qui sont plus influents à Niafunké et alentours plus que d’autres Katiba.

Dr Tounkara estime qu’il faut concevoir cette libération en deux temps. Dans le premier temps, dit-il, beaucoup de Maliens s’étonnent du fait que plus de 200 présumés terroristes auraient été relâchés par le pouvoir central de Bamako en vue d’obtenir la libération de Soumaïla Cissé et des autres ex-otages occidentaux. « Du point de vue numérique, il y a un problème de principe qui se pose.

Cela pose une question d’équité et d’égalité et même de préférence en termes de traitement qu’accorderait l’état vis-à-vis de ses propres ressortissants et citoyens », souligne le spécialiste, pour qui, c’est un premier élément qui peut paraître gênant du point de vue légaliste, constitutionnel, voire éthique.

COMPROMISSIONS-Dans le second temps, explique-t-il, il s’agit de s’interroger sur la pertinence, l’efficacité et surtout l’utilité d’une telle libération notamment pour le cas précis de Soumaïla Cissé. Mais Dr Aly Tounkara s’empresse de rappeler qu’il n’y a pas un conflit de nature terroriste qu’on soit en Afghanistan, en Irak, en Algérie en son temps ou en Mauritanie dans un passé récent où il n’y a pas eu de compromissions. « Chaque état qui connaît un début d’accalmie et qui avait été sous attaques terroristes a dû procéder à des compromissions. On a libéré des milliers d’ex-terroristes en Algérie afin que le pays puisse connaitre la stabilité bien qu’elle ait une armée très puissante », rappelle le directeur du CE3S, soulignant qu’il faut raisonner en termes de pragmatisme.

Il est d’ailleurs revenu sur l’histoire récente de l’Afghanistan notamment des Talibans avec les états-Unis qui, pour lui, est une illustration parfaite. « Ce sont des milliers de Talibans terroristes qui avaient non seulement tué des soldats américains et d’autres militaires occidentaux mais aussi des citoyens afghans qui ont été relâchés ne serait-ce que pour engager le dialogue avec les états-Unis et obtenir un cessez-le-feu », rappelle Dr Tounkara, soulignant que « quand on agit dans le sensationnel ou dans l’émotionnel et lorsqu’on conçoit la libération de Soumaïla Cissé en terme numérique, on est choqué humainement et juridiquement ». Mais du point de vue pragmatique et en toute objectivité, il dit qu’une telle libération a plus de positivité que de négativité. D’après lui, il fallait chercher un pont avec ces groupes radicaux violents.

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1 commentaire

  1. Ong Tilwatinternational
    Mali : ATTENTION, risque d’ENLISEMENT prolongé de l’armée (évitons qu’elle soit prise en otage par l’inaction et en la réduisant juste a l’humanitaire), IL PEUT Y AVOIR D’AUTRES TYPES de Farabougou ou d’OGOSSAGOU, Prévenir au lieu de guérir.

    Bonjour,
    L’attaque terroriste et la séquestration de Farabougou étaient prévisibles.
    En effet, l’impunité suite principalement aux deux attaques d’Ogossagou et suite aussi à d’autres attaques au centre est la CAUSE directe de l’attaque de Farabougou et de la séquestration associée.

    Le 16 février 2020, en tant que débatteur sur Africable, débat du dimanche, j’avais dit que si suite à l’attaque du 14 février 2020, deuxième attaque d’Ogossagou, les sanctions ne sont pas infligées aux auteurs, il y aura d’autres types d’Ogossagou. Le cas de Farabougou est induit par l’impunité suite, entres autres, aux attaques d’Ogossagou.

    Qui est responsable ?

    La milice Dan Nan Ambassagou était pointée du doigt par les enquêtes, en particulier celles de la Minusma, de HRW et du gouvernement mais n’a pas été sanctionnée malgré qu’elle soit frappée d’une dissolution prononcée par le gouvernement qui n’a jamais eu lieu.
    La milice partenaire du gouvernement de SBM/IBK n’a jamais été inquiétée. Le gouvernement Boubou Cissé a essayé de la contrecarrer sans résultat. Depuis le coup d’état, elle a essayé d’intimidation à intimidation de se faire parrainer par les FAMAs : elle a même stipulé et menacé qu’elle risque d’aller en dissidence comme la CMA. Comme le gouvernement ne réagit pas à Ça, qui pourrait être considéré comme des provocations, elle réveille, aidée, par des forces obscures, les vieux affrontements intercommunautaires, Peuls-Dogons (Dozos)/Bambaras comme allibi pour causer des affrontements dans certains villages ou communes OU pour occuper certains villages ou communes. C’est le cas des affrontements intercommunautaires à Farabougou où les Peulhs se sont faits aidés par les djihadistes d’Amadou Kouffa. D’où l’occupation de Farabougou par ces djihadistes pendant au moins 17 jours.

    En ayant agi pour libérer Farabougou, c’est comme si le gouvernement a opté pour aider les Peulhs or il avait refusé, implicitement, malgré les menaces à la dissidence, l’aide à la milice Dan Nan Ambassagou (qui est du côté des Dogons et Bambaras).

    Le problème est donc compliqué, il faut rendre possible les discussions comme l’a souhaité SEM GOITA et il faut obligatoirement convoquer une concertation intercommunautaire en invitant tous les acteurs pour une solution impartiale à équidistance de toutes les communautés, pronée la réconciliation nationale entre f r ères et sœurs des mêmes régions, du même pays. Cette concertation pourra être le prélude à la concertation nationale pour la réconciliation entre Maliens dont un volet doit être dédiée au dialogue avec les djihadistes.

    Agissons vite pour éviter la poursuite de la spirale de révoltes, de l’enlisement de l’armée, empêchée (par les contradictions car doit être impartiale) de faire du contre-terrorisme en la réduisant juste à l’humanitaire et pour que les forces obscures n’aient pas le temps de réagir.

    Évitons qu’il y ait encore d’autres types de Farabougou et d’Ogossagou, en particulier dans les régions de Ségou, Mopti et dans le Nord.

    Bien cordialement

    Dr Anasser Ag Rhissa, expert TIC, Gouvernance et Sécurité,
    TEL 78731461

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