Docteurs et vacataires des universités, instituts et grandes écoles du Mali : Le collectif exige une enquête

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Le Secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Dr. Amadou Ouane a animé le mardi 11 octobre 2022 un point de presse sur la situation du corps enseignant. A ses propos, le collectif des docteurs vacataires des Universités, Instituts et grandes écoles du Mali a décidé de réagir.

 

Au cours de ladite conférence de presse, le Secrétaire général du ministère a énuméré de façon subjective les critères de sélection des Maîtres-Assistants qui sont : l’expérience dans l’enseignement, l’expérience dans la recherche, le nombre de publications dans les revues ayant un comité de lecture, le nombre de communications physiques validées par des attestations de participation, la maîtrise d’outil informatique, les distinctions honorifiques et la correspondance entre le diplôme du postulant et le poste ouvert.

Le collectif a été étonné de voir que le Secrétaire général ait pris la liberté unilatérale d’ajouter de nouveaux critères de recrutement des Maîtres-assistants tels que : le nombre de communications physiques validées par des attestations et les distinctions honorifiques qui ne figuraient pas dans le communiqué n° 2022 /00000010/ MESRS-SG du 19 mai 2022 ouvrant le concours de recrutement des Maîtres assistants.

Le Collectif se demande si l’expérience dans la recherche ne se recoupe pas avec le nombre de publications dans les revues ayant un comité de lecture car la thèse elle-même est une grande expérience dans la recherche.

Au regard de ces critères, le collectif demande au ministre de tutelle d’engager des enquêteurs indépendants au sein des facultés, instituts et grandes écoles pour éclairer les zones d’ombre. Le collectif aimerait savoir davantage la constitution du comité chargé de sélectionner les candidats et par conséquent dénonce le non-respect des critères énumérés par le communiqué n° 2022 /00000010/ MESRS-SG du 19 mai 2022 ouvrant le concours de recrutement des Maîtres assistants.

Le collectif précise que les résultats issus de la fixation de ces nouvelles règles de jeu, contraires aux critères énumérés par le communiqué n° 2022 /00000010/ MESRS-SG du 19 mai 2022, ouvrant le concours de recrutement des Maîtres-assistants, ne reflètent pas l’effectivité.

Le Collectif n’est pas dans une logique de confrontation, elle est plutôt dans une logique de transparence, de la promotion de l’égalité et de la justice, de la culture de l’excellence dans les institutions d’Enseignement supérieur. Nous sommes dans la mondialisation culturelle et la compétition est très rude.

 

Le collectif pose les questions suivantes :

-Pourquoi la liste des candidats maîtres-assistants (retenus et rejetés) n’a pas été publiée comme pour les assistants ?

-Pourquoi à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB), les admis sont les assistants directs du Recteur ou des Doyens ?

-Pourquoi à l’Université des Sciences Sociales et des Gestions de Bamako (USSGB), les admis sont : le fils du recteur, le frère de sang du chef de DER, le frère de sang du coordinateur de Master ?

Pourquoi à l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR-IFRA), les admis sont : le fils du directeur et l’employé de son bureau d’étude ?

-Pourquoi les rapports ne sont pas disponibles pour vérification ?

 

Cette coïncidence miraculeuse soulève beaucoup de suspicions, de népotisme et de favoritisme.

Monsieur le Secrétaire général, nos investigations démontrent qu’il y a eu d’abord un premier comité qui a travaillé sur les dossiers des candidats et a fait un classement par ordre de mérite, qu’ensuite un deuxième comité a tripatouillé les travaux du premier.

En effet, dans les spécialités comme : en économie, science de gestion, aquaculture et reproduction, technologie agroalimentaire et biologie, où il y a eu plus de 20 candidats, les résultats mentionnent : 1 poste- 1 inscrit-1 admis.

La question qui se pose est de savoir où sont passés les dossiers des autres candidats ?

Pourtant, à notre connaissance, il n’y a pas eu en amont la publication d’une liste de rejet ni d’une liste des candidats retenus.

Un (1) poste en agroéconomie était ouvert au compte du CNRST, mais il y a eu 2 admis, et le deuxième n’est même pas spécialiste du domaine.

Le constat est très amer, monsieur le Secrétaire général, car un titulaire de 2 doctorats avec plus de 6 publications et 1 livre, a été exclu au profit d’un non-spécialiste du domaine au CNRST.

Un autre poste ouvert en agroéconomie au compte de l’Université de Ségou a disparu totalement à la proclamation des résultats.

Dans le domaine des sciences et techniques agricoles, spécialité biochimie et chimie, la candidate admise a soutenu sa thèse de doctorat en à peine 5 mois. Elle n’a pas d’expérience dans l’enseignement, mais parce qu’elle a ses parents qui travaillent à l’Institut d’Économie rurale (IER).

Le collectif déplore que l’enseignement supérieur, considéré comme la crème de l’intelligentsia et moteur du développement, soit devenu, depuis quelques années, un secteur où des groupuscules composés d’administrateurs universitaires, corrompus et affairistes prennent en otage l’avenir de toute la nation.

Monsieur le Secrétaire Général, la Fontaine nous rappelle, nous citons, « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

En précisant que le travail personnel du fameux comité de sélection des candidats est obscur et douteux, le collectif rassure le ministère de tutelle sur le fait que tous les docteurs vacataires des Universités, Instituts et grandes Écoles du Mali se connaissent en termes de mérite et capacité.

Enfin, Monsieur le Secrétaire général, le collectif déplore qu’après 5 ans sans concours de recrutement dans l’enseignement supérieur et au moment où les plus hautes autorités de la transition déploient de gros efforts pour refonder le pays, les pratiques insensées et malsaines dénoncées par le peuple malien dans un passé récent soient toujours d’actualité.

Au regard de ces critères, le collectif sollicite auprès du ministre de tutelle l’annulation pure et simple de ces résultats, l’engagement d’enquêteurs indépendants au sein des Facultés, Instituts et grandes écoles pour éclairer les zones d’ombre, l’application de sanctions à l’égard des responsables administratifs fraudeurs et ce serait justice.

Au regard de tout ce qui précède, le collectif en appelle aux autorités compétentes de prendre les mesures urgentes qui s’imposent pour assurer un enseignement supérieur de qualité.

 

Dr. Dolo Anidjou

Fait à Bamako le 16 octobre 2022

Secrétaire à la Communication

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Même le Ministre sera d’accord avec le Collectif sur certains points par expérience, de ce fait, pour le devoir de transparence, de la l’égalité, de la culture d’excellence, d’équité et de justice, il doit s’atteler à l’engagement d’enquêteurs indépendants au sein des Facultés, Instituts et grandes écoles pour infirmer ou confirmer les faits qui sont reprochés, annuler ou garder les résultats en question et sanctionner avec rigueur ceux qui seraient coupables de tels faits ou au contraire des dénonciations

  2. Même le Ministre sera d’accord avec le Collectifs sur certains points par expérience, mais il ne doit pas rester là pour la logique de transparence, de la l’égalité, de la culture d’excellence, d’équité et de justice, il doit s’atteler à l’engagement d’enquêteurs indépendants au sein des Facultés, Instituts et grandes écoles pour infirmer ou confirmer les faits, annuler ou garder les résultats en question et sanctionner ceux qui seraient coupables des faits ou au contraire des dénonciations

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