Discours de Bienvenue de la colonie arabe malienne de Mauritanienne à son excellence le Président Ibrahim Boubacar Keita

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Excellence Monsieur le Président de la République, permettez-moi en ma qualité de Vice-Président de l’association Alkarama, membre de la société civile de vous souhaiter au nom de la colonie arabe du Mali, la bienvenue en cette terre d’hospitalité légendaire la République islamique de Mauritanie, notre deuxième patrie, terre d’accueil, de tolérance et de pardon.

 

 

Nous saisissons aussi cette occasion providentielle de vous voir là en face de nous pour vous souhaiter une très bonne et heureuse année 2014. Excellence Monsieur le président de la république, que cette année 2014 soit pour vous, pour Madame la Première dame et votre famille, vos collaborateurs ainsi qu’aux Maliens et aux Maliennes de l’intérieur et de l’extérieur une très bonne et heureuse année de paix, de quiétude, de bonheur. Qu’Allah  le Tout Puissant  vous donne la force et les moyens de mener à bien la mission combien lourde et exaltante dont  le Peuple malien  vous a chargé.

 

 

Excellence Monsieur le Président de la République, Nous saisissons cette mémorable occasion pour vous féliciter  très sincèrement pour votre brillante élection à la  magistrature suprême qui prouve sans l’ombre d’un doute que vous cultivez  en vous  les valeurs de la république et celles de la démocratie. La  preuve la plus éclatante demeure sans doute la réussite totale de l’organisation des  élections libres démocratiques et transparentes qui vous ont porté à la magistrature suprême. Votre fermeté, votre sens élevé de l’Etat, votre engagement indéfectible à servir le Mali D’abord et votre probité ont fini par convaincre les plus réservés et les plus indécis parmi nous.

 

 

Nous nous félicitons également de la nomination d’un fils de notre terroir  au Poste  de Ministre des affaires étrangères. Ce cadre est un acteur   actif de développement et auteur de la conception et de la signature du Pacte national d’avril 1992, date à laquelle ses occupations et ses responsabilités l’ont  entrainé sous d’autres cieux, vers d’autres horizons en des  points chauds de la planète. Ses compétences dans le traitement des dossiers sensibles et son expérience dans le système des nations unies nous seront incontestablement  d’un apport considérable au moment où notre Pays a besoin de tous ses fils.

 

Excellence Monsieur le Président de la République, vous ne pourriez  imaginer à quel point nous avions rêvé de cet instant, à quel point  nous attendions fiévreusement ce moment de vous rencontrer, et de pouvoir vous exprimer d’abord ce que nous avions vécu aux heures sombres de l’histoire de notre Pays le Mali, aux heures de son effondrement, son effritement son abandon par ceux-là même qui étaient chargés de sa gestion, de sa sécurité, aux heures sombres de l’occupation de nos régions par des forces étrangères. Loin,  blottis sous nos couvertures de plastiques dans les camps de refuge, nous avions assisté le cœur  serré à l’invasion de nos régions, la destruction de nos édifices, de nos terres de transhumance  transformées en un vaste nomans land, un marché à ciel ouvert, où la misère économique, la famine, l’insécurité et l’anarchie s’installaient partout. Nos régions livrées à la crise humanitaire sont devenues des  sanctuaires. Les tentacules de cette  pandémie s’étendaient dans toute la sous région et menaçaient dangereusement la stabilité des peuples de toute la région sahélo saharienne.

 

 

L’extrême pauvreté, l’oisiveté des jeunes,  le chômage et le désespoir ont servi de terrain de prédilection à toutes les dépravations à toutes les formes de violation des droits de l’homme, de violence, de massacre et d’intimidation. Mais cela Votre Excellence n’a entamé en rien notre détermination à œuvrer pour la paix et la réconciliation.

 

 

Au cœur de cette crise, au cœur de cette occupation, notre communauté a organisé son congrès extraordinaire en république islamique de Mauritanie les 03, 04 et 05 juin 2012, et a fermement condamné l’occupation de nos régions par les forces étrangères. Nous avons condamné en son temps pendant l’occupation, le terrorisme sous toutes ses formes et avons exprimé notre attachement indéfectible à l’unité du Pays et son intégrité territoriale. Nous l’avons exprimé à toutes les chancelleries installées en République islamique de Mauritanie et à notre ambassade.

 

 

Nous avions contribué depuis les pays d’asile à participer à la Conférence des Amis du Mali à Bruxelles, au Sénégal, et avons obtenu la solidarité internationale autour du Mali. Nous avons milité pour le rétablissement de nos valeurs sociétales, de nos valeurs morales. Nous avons sensibilisé nos populations et ranimé en elles la fibre patriotique et les nobles idéaux de cohabitation pacifique, de l’interpénétration et de l’interdépendance, les valeurs et le respect de l’autre de sa dignité, de ses biens et l’esprit du pardon et de la tolérance.

 

 

Excellence Monsieur le Président de la République, avec l’avènement de la démocratie et l’amorce des élections, nous nous sommes pris à rêver de l’homme qui portera nos espoirs. Cet Homme pour nous n’était autre que vous Excellence. Nous voyons en vous   un homme d’état, sage et pacifique, un homme à la Personnalité forte et sans ambigüité, qui répond aux attentes de la majorité du peuple malien. Pour nous, vous étiez l’homme  du changement  pour un Mali fort, libre, indépendant, intègre dans ses frontières et dans ses institutions. Le Mali démocratique et laïque est notre espoir de demain, et notre souhait. Votre programme nous convenait et nous l’avons adopté et défendu dans nos brousses, nos campagnes, nos campements et dans les camps de refuge.

 

 

Vous incarnez pour nous Excellence,  nos espoirs, nos espérances, nos ambitions.  Vous incarniez  pour nous  la stabilité politique et économique de notre Pays, son unité nationale et l’assurance d’une paix juste et durable, pour toutes les communautés du Pays. Aujourd’hui  notre campagne en votre faveur a porté ses fruits.

 

 

 

Le Mali renait sous la forme d’un nouvel Etat avec un nouveau contrat social qui rapprochera les maliens, réconciliera les cœurs et les esprits et rapprochera l’administration des administrés.

 

 

Les Etats généraux de la décentralisation, du 21 au 23 octobre, les Assises nationales sur le Nord, du 1er au 3 novembre et le forum local et régional de Gao du 26 novembre au 1er décembre 2013 ont posé les jalons d’une concertation spontanée en pleine action, autour de la mise en place de la régionalisation et des  collectivités locales décentralisées, par la prise en compte des spécificités locales, l’implication effective des autorités traditionnelles et la prise en compte des spécificités socio politiques, économiques et culturelles locales.

 

 

Toutes ces actions pertinentes  forgeront à ne pas en douter, une meilleure gouvernance démocratique, et le développement accéléré des régions du Nord. Vous déclariez  Excellence il ya quelques semaines du haut de la tribune de l’union européenne que « la démocratie est un va-et-vient constant entre le Peuple et ses dirigeants. La démocratie n’est vivante, vivace, que si elle est irriguée constamment par la prise en considération des aspirations populaires ». Voilà qui est bien dit.

 

 

Cependant, Excellence Monsieur le Président de la République, Nous aimerions profiter  de cette occasion inespérée  pour vous soumettre quelques préoccupations de nos communautés notamment :

  1. A quand  la mise en place de  la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, car nous attendons beaucoup de cette commission notamment l’analyse et le traitement des crimes commis dans le nord de notre pays, ainsi que les graves violations des droits de l’homme ?

 

  1. Nous attendons  enfin de cette Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, la mise en place des conditions favorables  au retour des réfugiés et des personnes déplacées, l’organisation  des dialogues inter et intra-communautaires et la restauration de la cohésion sociale seul gage de paix et de développement.

 

  1. Avec la libération des régions du Nord nous avons connu une autre forme de violence perpétrée contre nous,  par des éléments incontrôlés de notre propre armée et par des groupes armés issus du Nord surnommés « les hommes à moto » qui sévissaient dans le triangle Mbouna Tonka Goundam et dépouillaient les paisibles voyageurs.

 

 

Pris entre deux feux, ceux qui ont regagné le Pays à la faveur de sa libération ont  vite déchanté.  Ils ont tout simplement été accusés de bandits, de terroristes  par des individus mal intentionnés. Beaucoup d’entre eux furent  arrêtés par les  forces armées malgré le fait qu’ils détenaient  des documents de rapatriement délivrés par le HCR. Les plus chanceux ont  rejoint à nouveau les camps de refuge fuyant les exactions et le pillage systématique de leur commerce et de leurs biens à Tombouctou, Gao, Léré tonka, niafunké etc.    Les règlements de compte  politiques et la chasse aux sorcières ont eu raison du désir de regagner le bercail de plusieurs familles.

 

  1. A quand l’arrêt des interpellations gratuites d’innocentes personnes  dont le seul tort aura été de vouloir récupérer leurs boutiques squattées à Tombouctou, réclamer leurs crédits, réclamer leurs terres occupées par de tierces personnes. Aujourd’hui bien téméraire est celui là qui, arabe ou tamacheque,  tenterait de pointer le nez dans une ruelle de Léré sans qu’il ne soit taxé de bandit, arrêté  et emprisonné.

 

  1. A quand l’enrôlement des 500 jeunes  (sur un total de 1400) de la région de Tombouctou, retenus en avril 2012 pour être incorporés dans les corps en uniforme de l’Etat.  Qu’attend-t-on pour rappeler ces jeunes gens qui attendent depuis deux ans ?
  2. Quel sort réserve-t-on aux déserteurs de l’armée qui par peur pour leur propres vie et celles de leurs proches ont rejoint les camps de refuge et n’ont jamais porté les armes contre leur Pays ayant seulement eu peur de l’amalgame ?

 

  1. A quand la région de Taoudenni et son développement car une frange importante de nos refugiés envisage d’y être rapatriée. Excellence nous comptons bien voir nos députés siéger à l’hémicycle.

Excellence Monsieur le Président de la République, nos populations refugiées ne souhaitent qu’une chose : regagner leur terroir et participer activement au développement du Pays, mais ce retour requiert quelques préalables parmi lesquels, l’on peut citer notamment :

 

 

  • Le retour de la sécurité et de l’administration locale ;
  • Le lancement du Plan de développement accéléré des régions du Nord ;

 

  • L’identification et la viabilisation des sites de retour ;
  • Le lancement des actions de développement des zones d’accueil des rapatriés particulièrement dans le domaine de l’eau (forage et puits pastoraux) l’éducation (construction de salles de classes) et dans le domaine de la santé (réalisation de postes de santé et de CESCOM).

 

Après le retour des rapatriés, il conviendrait de lancer les activités agro pastorales (cultures sous pluies, cultures irriguées, réserves fourragères), la conception des projets à impact rapide comme les AGR ; la formation dans le secteur de l’informel et le secteur de l’emploi, afin de résorber le douloureux problème que représente le chômage des jeunes, la réalisation d’infrastructures communautaires, les actions de grameen bank, le prêt bancaire et la micro finance.

  • Dans le domaine de la prévention des conflits et la cohésion sociale, concevoir et exécuter  des programmes conjoints (populations locales et rapatriées) afin  d’engager  un processus d’insertion accélérée des populations rapatriées et les aider à se prendre en charge, et se passer rapidement de l’assistance.

 

Excellence Monsieur le Président de la République, voila brossées rapidement les préoccupations de nos communautés réfugiées et vivant des les centres urbains en république islamique de Mauritanie.

 

 

Encore une fois Votre Excellence, nous vous  exprimons notre soutien et notre engagement  inconditionnel à vos cotés, à œuvrer avec vous pour apporter notre contribution à la lutte contre la mauvaise gouvernance la corruption, et refaire de notre Pays le Pôle de développement et le havre de paix qu’il était. Nous prions Allah  de vous assister dans votre combat quotidien  pour un Mali multiethnique, uni, apaisé et réconcilié avec lui-même.

 

Nous ne saurions terminer sans remercier très sincèrement son excellence le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie, le gouvernement mauritanien et l’ensemble du peuple frère de Mauritanie, pour l’hospitalité généreuse le sens aigu de la fraternité et l’esprit d’ouverture qu’ils nous ont toujours réservé. Nous ne cesserons jamais de leur exprimer toute notre gratitude et notre reconnaissance éternelle.

Enfin Vive le Mali d’Abord et ….Vive la Paix.

 

Je vous remercie

 

Mohamed Ould Sidi Mohamed (Moydidi)

jekaniya@yahoo.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. excellent rappel à IBK; la justice doit etre la meme pour tous. Comme diago au sud il existe plusieurs djago au Nord à Mopti Rharous, dans le gourma dans l’extreme nord du Mali vers tessalit, aguel hoc et Menaka . La justice ne doit pas etre à sens unique. Soeur aziza, il n’y a pas de camps de refugiés à Léré. Lere c’est le Mali et il ne peut avoir de refugiés maliens au Mali à moins que vous ne continuez à croire que les arabes et les touaregs sont des apatrides etrangers dans leur propre pays.
    il y a bel et bien des officiers et sous officiers touaregs et arabes refugiés et qui n’ont jamais pris les armes contre le Mali.
    excellent discours mais où étiez vous Mohamed. Il y a longtemps qu’on ne lisait plus vos excellents articles sur la toile de maliweb.

  2. Cher frère MOHAMED OULD SIDI MOHAMED(MOYDIDI),votre rapport de ce BIENVENU D´IBK par nos Frères ARABES résidents en Mauritanie,est á peu près RÉCONCILIABLE,FRATERNELLE ET COMPRÉHENSIBLE.
    En réconnaissant la MULTI-ETHNICITÉ du GRAND MALI,la démande d´un PARDON allait ètre un BIENVENU pour une RÉCONCILIATION DURABLE,mais malheureusement ce mot de pardon n´y est pas.
    PAS DE DÉMOCRATIE SANS UNE RÉELLE JUSTICE,que les coupables soient PARDONNER ou PUNIS.
    La Mauritanie abritait des INNOCENTS comme des CRIMINELS Arabes comme Touaregs Térroristes.
    Ce rapport est CONSIDÉRABLE,mais d´un coté INSUFFUSANT.
    Le camp de réfugiers de LÉRÉ etait une BASE MILITAIRE des combattants du MNLA,d´après la Déclaration du MNLA.
    D´après certains Réfugiers dans d´autres camps en Mauritanie,il y´avait beaucoup qui étaient réfugiers dans la journée mais FAROUCHES COMBATTANTS dans la NUIT.
    Il y´avait bien des Déserteurs Touaregs qui combattaient au coté des Térroristes:OUI.
    EVITEZ LES MASQUES D´AMALGAMES.

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