Diplomatie malienne : Offensive, persévérance et efficacité !

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« Depuis très longtemps, j’appréciais mal l’évolution de la diplomatie malienne.  Si je pèse mes mots, elle était même morte.

Maintenant avec le nouveau chef de la diplomatie nommé par le président de la République, elle est offensive. Mieux, on sent la persévérance et l’efficacité de notre diplomatie sur le plan international.

Je constate que l’insécurité au Nord et dans la bande sahélo-saharienne est toujours citée.

Or, sans la sécurité, il n’y a pas de démocratie à plus forte raison du développement. »

Mohamed Sogoba, Président de l’Association Tamadritt-n Tanaïnaït Kidal

Ces intellectuels africains de la diaspora qui travaillent pour éclairer les peuples africains (suite et fin)

Une Afrique ensanglantée par l’Occident au nom d’une démocratisation

Nous proposons la troisième et dernière partie de l’excellente contribution écrite par le doyen Somita Kéïta. Homme de conviction, intellectuel engagé, il estime que l’humanité doit savoir que « les insurgés que la France soutient financièrement et militairement en Libye ne sont pas des affamés, comme les affamés qui ont été à l’origine de la révolution française de 1789 ».

Le colonel Kadhafi est-il le successeur du colonel Nasser ? La Révolution égyptienne du 23 février 1952 marqua la percée du nationalisme arabe qui s’identifiait aussi à l’Afrique. Pour étayer cette affirmation nous proposons ici ce témoignage de Colin LEGUM : « Les idées du colonel Nasser à propos du rôle de l’Egypte dans son important ouvrage : ‘’La philosophie de la Révolution’’.. Pour lui, la révolution est rattachée à trois orbites : – l’orbite arabe, l’orbite du continent africain et l’orbite de « nos frères en Islam ». De l’orbite africain, il dit : ‘’En aucun cas nous ne pouvons, même si nous en éprouvions le besoin, nous tenir à l’écart de la bataille terrible qui fait rage actuellement au cœur du continent africain et qui oppose cinq millions de Blancs à deux cents millions d’Africains. Nous ne pouvons nous en tenir à l’écart pour une raison fondamentale et bien évidente : nous sommes nous-mêmes en Afrique. Il est certain que les Africains continueront de tourner leurs regards vers nous, qui sommes les sentinelles placées à la porte septentrionale du continent, vers nous qui constituons un lien entre le continent et le monde extérieur. Nous ne pouvons certainement pas, et sous aucun prétexte, faillir à notre tâche : aider de toutes nos forces à la diffusion de la science et de la civilisation jusqu’au faîte (sic) des profondeurs mêmes (sic) de la forêt vierge du continent.’’ Par ces mots, le Colonel Nasser définissait clairement le rôle de leader qu’il assignait à l’Egypte dans le continent. » Contrairement au rôle que Nasser assignait à l’Egypte, l’Egypte de Moubarak a donné son agrément à cette association illégitime ? L’Afrique doit se réveiller !!!

 

Quelle  démocratie  pour  l’Afrique ?

Nous vivons dans une Afrique ensanglantée par l’Occident au nom d’une démocratisation. Les vraies raisons de la guerre en Libye ne sont ni plus ni moins que la nouvelle conquête coloniale de l’Afrique sous le label de la démocratie. Les Africains n’ont pas la mémoire courte et ne sont pas des adultes immatures incapables de faire la différence entre l’image et la réalité. Sur la banderole de la démocratisation exposée à la face du monde par l’Occident, nous lisons : « En juin 1990, l’Algérie connut sa première élection multipartiste en vingt-huit années d’indépendance. Le parti d’opposition, le Front Islamique du Salut (FIS), enregistra « un succès sidérant » qui fut accueilli par les représentants officiels d’Afrique du Nord et d’Europe avec une « stupéfaction silencieuse ». Le Front Islamique prit le contrôle de 32 provinces et 853 conseils municipaux ; tandis que l’ancien parti unique au pouvoir, le Front de Libération Nationale, conservait 14 provinces et 487 conseils municipaux ». Lire Samuel P. HUNTINGTON ; troisième vague. P. 177. NOUVEAUX  HORIZONS.

Ce n’est pas tout ! Nous nous souvenons du cas de la Palestine où le Hamas avait gagné les élections ! Mais hélas, ni le FIS ni le HAMAS ne s’installeront au pouvoir car ne rassurant pas Paris, Londres et Washington. Quelle signification donnerons-nous à ces suffrages universels ? Pour instaurer le suffrage universel en Libye je crois que l’Union Africaine, en choisissant la solution politique, a choisi la voie de la sagesse qui fit celle de Victor HUGO : « Le merveilleux côté du suffrage universel, le côté efficace, le côté politique, le côté profond, ce ne fut pas de lever le bizarre interdit électoral qui pesait, sans qu’on pût deviner pourquoi, mais c’était la sagesse des grands hommes d’état de ce temps-ci ; ce ne fut pas, dis-je, de lever le bizarre interdit électoral qui pesait sur une partie de ce qu’on nommait la classe moyenne, et même de ce qu’on nommait la classe élevée ; ce ne fut pas de restituer son droit à l’homme qui était avocat, médecin, lettré, administrateur, officier, professeur, prêtre, magistrat ; et qui n’était pas électeur ; à l’homme qui était juré, et qui n’était pas électeur ; à l’homme qui était membre de l’institut, et qui n’était pas électeur ; à l’homme qui était pair de France, et qui n’était pas électeur : non, le côté merveilleux, je le répète, le côté profond, efficace, politique, du suffrage universel, ce fut d’aller chercher dans les régions douloureuses de la société, dans les bas-fonds, comme vous dites, l’être courbé sous le poids des négations sociales, l’être froissé qui, jusqu’alors, n’avait eu d’autre espoir que la révolte, et de lui apporter l’espérance sous une autre forme, et de lui dire : Vote ! Ne te bats plus. Ce fut de rendre sa part de souveraineté à celui qui jusque-là n’avait eu que sa part de souffrance ! Ce fut d’aborder dans ses ténèbres matérielles et morales l’infortuné qui, dans les extrémités de sa détresse, n’avait d’autre arme, d’autre défense, d’autre ressource que la violence, et de lui retirer la violence, et de lui remettre dans les mains, à la place de la violence, le droit !

Oui, la grande sagesse de cette révolution de Février qui, prenant pour base de la politique l’évangile, instituer le suffrage universel, sa grande sagesse, et en même temps sa grande justice, ce ne fut pas seulement de confondre et de dignifier dans l’exercice du même pouvoir souverain le bourgeois et le prolétaire ; ce fut d’aller chercher dans l’accablement, dans le délaissement, dans l’abandon, dans cet abaissement qui conseille si mal, l’homme de désespoir, et de lui dire : Espère ! L’homme de colère, et de lui dire : Raisonne ! Le mendiant, comme on l’appelle, le vagabond, comme on l’appelle, le pauvre, l’indigent, le déshérité, le malheureux, le misérable, comme on l’appelle, et de le sacrer citoyen !

Voyez, messieurs, comme ce qui est profondément juste est toujours en même temps profondément politique : le suffrage universel, en donnant un bulletin à ceux qui souffrent, leur ôte le fusil. En leur donnant la puissance, il leur donne le calme. Tout ce qui grandit l’homme l’apaise.

Le suffrage universel dit à tous, et je ne connais pas de plus admirable formule de la paix publique : Soyez tranquilles, vous êtes souverains. » Lire Victor HUGO ; le suffrage universel, 21 Mai 1850.

 

Finir avec les coups de force ou d’Etat !

Pour instaurer le suffrage universel en Libye je crois que l’Union Africaine en choisissant la solution politique, a choisi la voie de la sagesse qui fit aussi celle que M. Jaques CHIRAC a proposé à l’Afrique Noire de se créer « son propre modèle »,  « une démocratie vivante, consentie aux couleurs de l’Afrique. » En conclusion d’un discours sur la bonne marche vers « cette démocratie nécessaire », il faut en finir avec les coups de force ou d’Etat, les putschs, les juntes, les pronunciamientos et toutes les manifestations de transition violente. Ces événements d’un autre âge sont, pour chacun de nous, une véritable humiliation. Pour les peuples, ils sont un retour en arrière. Pour le monde, ils sont une déception et l’alibi trop commode du désengagement.»

Puis, après avoir rappelé «la tragédie de la traite négrière », « une histoire que l’occident ne doit pas ignorer ni taire, celle de la déportation de millions d’Africains pendant près de trois siècles et demi », Le Président Jaques CHIRAC a souligné que « la traite a amorcé un long processus de sous développement. » Pour terminer, tout en concédant une démocratie « plurielle » en Afrique Noire, le Président français a suggéré de cimenter le « socle des valeurs intangibles » telles que « la liberté, la dignité, le respect de l’autre, l’égalité des hommes, le droit qui les garantit ».

Par ailleurs, dans le cadre de « la grande famille francophone », le Président Jacques CHIRAC a proposé la création d’ « un observatoire de la démocratie ». Car, a t- il avoué, « l’Afrique a besoin de la démocratie »… et le monde a besoin d’une Afrique démocratique…

Un pays qui s’exclut du processus de démocratisation lasse la communauté internationale… Alors, le risque est grand de voir se tarir l’assistance extérieure.

Cette déclaration officielle de M. CHIRAC en faveur de la démocratie corrobore l’idée que la vraie solution aux problèmes des Africains se trouve entre les mains des Africains eux-mêmes. Lire AGBOHOU, le F CFA et l’Euro contre l’Afrique. P.207-208 ; – Discours du Président J. CHIRAC prononcé le 18 juillet 1996 au Parlement Congolais à Brazzaville. Libération  du vendredi 19 juillet 1996.P10.

Les Africains n’oublieront pas que le Président Jacques CHIRAC n’était pas seulement un Chef d’Etat, il était aussi un homme d’Etat. Le Président Jacques CHIRAC a donné un visage humain à la France, suite à l’action déterminée de plusieurs ONG, la France qui a été la troisième puissance négrière du monde pendant des siècles, a voté le 18 février 1999 une loi pour reconnaître officiellement que la traite négrière et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité : « La République française reconnaît la traite négrière transatlantique, la traite dans l’océan Indien et l’esclavage perpétrés à partir du XVe siècle contre les populations amérindiennes, africaines, malgaches et indiennes, comme crime contre l’humanité. »

 

Le temps use le mensonge et polit la vérité !

« Cette loi donne le droit à toute association de se constituer partie civile pour défendre les intérêts moraux, la mémoire des esclaves et l’honneur de leurs descendants victimes de l’apologie des crimes contre l’humanité. » Lire N. AGBOHOU, le F CFA et l’Euro contre l’Afrique. P.273.- Proposition de loi présentée par Christine TOUBIRA-DELANNON, député de Guyane. Le texte définitif a été voté à l’unanimité des députés français le 18 février 1999. – Lire le quotidien français l’humanité du 19 février 1999. P.6.

L’humanité doit savoir que les insurgés que la France soutient financièrement et militairement en Libye ne sont pas des affamés, comme les affamés qui ont été à l’origine de la révolution française de 1789. Pour la mémoire de l’histoire, selon, H. TAINE, la faim et la misère sont les deux causes principales de la révolution française de 1789. Il écrit à ce propos : « Deux causes excitent et entretiennent l’émeute universelle. La première est la disette qui, permanente, prolongée pendant vingt ans (1769 à  1789), et aggravée par les violences même qu’elle provoque, va exagérer jusqu’à la folie de toutes les passions populaires…Quand un fleuve coule à pleins bords, il suffit d’une petite crue pour qu’il déborde. Telle est la misère au XVIIIème siècle. L’homme du peuple qui vit avec peine  quand le pain est à bon marché, se sent mourir quand il est cher…

En Normandie, un quart de population mendiait son pain. Le Parlement de Rouen écrivait au Roi que le peuple n’avait pas les moyens d’acheter du pain, et quelle espèce de pain fournir à ceux qui pouvaient l’acheter ! A Paris, le nombre des indigents avait triplé partout et la misère rodait aussi bien dans les villes qu’à la campagne…

Dans les longues files de gens qui s’agitaient aux portes des boulangeries, les idées fermentaient. C’est dans ce climat qu’éclata la grande révolution, Quand un peuple affamé s’insurgea, conduit par l’espoir de jours meilleurs »

Lire H.TAINE, les origines de la France contemporaine, III ;

La dissolution de l’anarchie.

Lire Nicolas AGBOHOU ; le F CFA et l’Euro contre l’Afrique.P.271.

Le temps use le mensonge et polit la vérité.

Par Somita Kéïta* Rue 364. P.n° 150  Dravéla Somikeit@yahoo.fr

 

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