Et si Dieu mourait le 31 Août?

A la veille des pourparlers inter- maliens d’Alger, le Président IBK a lancé un appel à ses compatriotes à prier pour la recherche de la paix globale. Mais il a, par inadvertance oublié, de leur dire, quel dieu adjurer: est-ce le dieu des musulmans, des chrétiens, ou des animistes? Le Mali est un pays laïc, ne l’oublions pas. Et si ce dieu qu’on veut conjurer mourait le soir du 31 Août, la veille des pourparlers? Le Mali tomberait alors dans l’escarcelle des Indépendantistes du Nord? “ La preuve qu’une religion est bonne? Quand elle peut supporter la plaisanterie”. Donc aux simples d’esprit de se garder de juger de ma foi religieuse!
C’est le comble de l’ironie, la manifestation la plus probante d’un aveu d’échec cuisant du pouvoir de Koulouba qui veut utiliser la religion comme une source d’apaisement utile pour cacher sa nudité obscène qui offenserait nos regards pudiques. Dieu est un mythe en politique. La résolution des problèmes ne saurait s’en accommoder. Oh! Jésus Christ, la politique ne saurait s’embarrasser de supplications! Encore moins, la religion ne saurait expliquer l’échec ou l’éviter.
On croyait le puits trop profond mais il semblerait que c’est la corde d’IBK qui est trop courte. Force est de constater que IBK n’est pas à même faire l’acquit de la dignité de son magistère. L’impuissance excuse le devoir, pourquoi notre Président n’aurait-il pas la grandeur de démissionner de sa charge? Depuis quand fait-on la politique avec de l’incantation? Latin: incantation, de incantare, enchanter. Apres avoir anesthésié les maliens pendant les campagnes avec la formule choc: “Le Mali d’abord” ou “ Le Mali, Dieu et ma conscience”, IBK, notre leader-illusionniste veut charmer les maliens avec la carte l’obsécration comme si la politique se faisait avec la magie spirituelle. La douleur des maliens est tellement profonde aujourd’hui que les chances sont certaines que le chloroforme ne soit efficace.
A la bonne franquette, je me pose toujours la question de savoir si IBK n’est pas enfermé dans une espèce de tour d’ivoire qui l’empêcherait d’écouter les autres autour de lui, de voir ce qui se passe autour de lui. Sinon, comment comprendre que le pouvoir actuel puisse jouer la carte de l’aliénation morale (celle de l’Etat et de la religion) comme réponse au problème sérieux de l’irrédentisme inextricable et dédaléen qui trouble le sommeil de tous les maliens toutes tendances politiques confondues? L’effet oiseux anesthésiant, aliénant et mystique d’une telle démarche n’est ni plus ni moins qu’un mépris pour le peuple malien qui est menace dans son existence même. Eu égard à son désamour avec François Hollande, j’ai bien peur que la France se retiendrait de voler la prochaine fois au secours du Mali.

 
Les rituels d’exorcismes, d’évocations et d’incantations sont le propre des sociétés antiques et médiévales. Si pour résoudre les problèmes politiques du Mali, notre président veut laisser notre sort dans les mains d’un être supérieur dont nous allons dépendre, il y’a lieu d’être triste et d’accepter stoïquement la partition inévitable de notre MALI un et indivisible. L’Europe s’est développée après sa rupture radicale avec l’Eglise et ses lois. Au 19e siècle, Karl Marx a jeté le pave dans la mare en écrivant: ” La religion est le soupire de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple”. Et Frederick Nietzsche de soutenir que: “ la religion fut inventée par les faibles afin de duper les forts”. Même si on n’a pas eu le bonheur d’être forme dans des écoles de philosophie, on comprend aisément que ces théories furent des avancées notables dans le cheminement des esprits et des nations. Que diantre! Ibk veut-il ramer à contre-courant de l’histoire ou veut-il se gausser de la naïveté des maliens en les entrainant dans les dédales d’un pseudo nationalisme empreint de spiritualisme ? C’est encore une regrettable erreur de casting que de croire au 21eme siècle que la religion soit l’opium du peuple même dans un pays ou la majeure partie de la population analphabète croupit sous le fait de la pesanteur spirituelle et ou les leaders religieux influencent notablement le jeu politique. “ Une erreur, fut-elle vieille de cent mille ans, par cela même qu’elle est vieille, ne constitue pas une vérité. La foule invariablement suit la routine. C’est au contraire, le petit nombre qui mené le progrès. “ écrivait Gustave Flaubert. Faites alors attention à ce petit nombre qui pourra imposer la lumière.
De grâce, l’heure est grave, l’enjeu est de taille, l’existence de notre nation est en danger. Le pouvoir à koulouba gagnerait à être non pas volontariste (tendance à croire qu’on peut transformer la réalité en la conformant à ses désirs avec l’aide de dieu) mais sérieux, imaginatif, audacieux pour affronter nos autres frères du nord pour qu’ensemble nous puissions trouver convivialement des solutions fraternelles pour vivre notre destin commun dans un Mali, unifie, paisible et prospère. Dieu est mort, pour que vive Ibrahim Boubacar Keita, le Président du Mali !
Fatogoma Mohamed ouattara
New jersey, USA

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