Le dernier rempart de la traque des biens mal acquis a capitulé, quel dommage !

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Même Aminata Touré, alors ministre de la justice et garde des sceaux, qui semblait être une militante chevronnée et l’une des partisanes la plus déterminée de la traque des biens mal acquis jusqu’à son terme, s’est finalement, contrainte ou volontairement, rangée du côté des capitulards.  Elle rejoint ainsi, le camp de l’opinion au sein de l’APR et du gouvernement qui tend à se généraliser et prône soi-disant, un besoin nécessaire de retrouvailles entre le pds et l’APR, le père et son fils ou de l’apaisement du climat politique. Ces gens-là parlent comme, si ces fameuses retrouvailles en eux pouvaient atténuer en quoi que ce soit les innombrables difficultés de vie des Sénégalais en ce moment. En effet, Aminata Touré, dans sa dernière intervention à la presse à propos de cette affaire, a laborieusement cherché, évidemment sans y parvenir, à vouloir justifier maintenant, une possible libération de Karim Wade. Voilà encore, une opération illégale qui va se faire, sans nul doute, au détriment et à mille lieues de l’intérêt supérieur de la nation sénégalaise. Car, ce deal ou cette combine cousue de fil blanc entre libéraux et consorts, va se négocier absolument sur le dos du peuple sénégalais tout entier et, lui fera perdre encore définitivement, tous ces milliards, qui lui ont été volés « par entente cordiale », au vu et au su de tout le monde, par ses propres gouvernants. Alors, si nous mettons à part, l’hypocrisie et le mensonge qui nous sont distillés, voilà des milliards de nos francs qui vont, nébuleusement, partir encore en fumée, comme si de rien était et ses voleurs libres, comme le vent.

C’est dommage, que beaucoup d’entre nous ignorent peut être pas, le fond du problème. Et cependant, les faits sont tout évidents. Car, il est absolument incontestable, que des milliards du pays ont été volés au peuple sénégalais au cours de la première alternance. Il est tout aussi vrai, que ces voleurs-là en liberté aujourd’hui, utiliseront demain cet argent en politique, pour vouloir nous gouverner, malgré nous. C’est également, avec cet argent qu’ils procèderont à l’achat et la corruption des consciences et âmes sensibles à l’argent, aux honneurs, biens matériels, etc. Ces délinquants, dont la cupidité est sans limite à cause de leur tortuosité, deviennent maintenant, de plus en plus nombreux, et pullulent dans le pays comme des mange-mil. Et, toutes les activités de ces individus n’ont qu’un seul objectif et unique but, à savoir d’accéder au pouvoir et de vouloir y demeurer à vie, à n’importe quelles conditions. Le tout, indécemment, avec une volonté égoïste et criminelle dissimilée, d’agir au détriment des masses populaires laborieuses et de l’intérêt général de tout le peuple sénégalais.

Voilà finalement, là où nous avons atterri la 2e alternance, c’est-à-dire une perte énorme d’argent. Et après quatre ans de tergiversations et gestion quelconque, sans but précis, le pouvoir de Macky Sall s’apprête en plus, à libérer les voleurs qui ont pillé la République aux fins de retrouver sa famille libérale. C’est un scandale sans précédent jamais connu dans notre pays !

Au regard de toutes ces déceptions et trahisons que nous avons vécues jusque-là, de la 1ère à la 2e alternance, il nous semble qu’il est bien temps maintenant, pour que les forces vives et de progrès social de notre pays, prennent enfin leurs responsabilités, si, elles estiment bien en avoir, évidemment. Prendre leurs responsabilités signifie, au sens propre comme figuré, qu’elles doivent à présent, se ressaisir et traduire cela en acte concret, à savoir par une prise de conscience effective, comme le furent les Burkinabé. En conséquence, elles doivent assumer enfin, leur rôle historique face à une gestion catastrophique et peu vertueuse du pays, voici des décennies. Ce faisant, ils doivent ainsi, s’opposer fermement, à toutes ces manœuvres nébuleuses, qui ne cachent que des reniements et renoncements de toutes sortes. En vérité, Macky Sall a totalement dévié des objectifs pour lesquels, nous avions voté pour lui et une seconde alternance.

En fait, pratiquement, la traque des biens mal acquis n’a plus aucun défenseur dans l’attelage du gouvernement, au sein de l’APR et de ses coalitions, BBY et Macky 2012, etc. Assurément, avec la nouvelle déclaration d’Aminata Touré, c’est une honteuse capitulation du régime de Macky Sall, face à la corruption, la fraude, au blanchiment d’argent et à l’enrichissement illicite. Si, toutefois, nous tenons compte des récentes libérations de Thione Seck, Taïbe Socé, Luc Nicolaï, etc., en plus de ceux épinglés dans les différents rapports d’audit et de contrôle d’Etat, mais qui ne sont jusque-là, pas inquiétés, il s’y ajoute, les derniers, concernés par la traque des biens mal acquis, à savoir Pouye et consorts et bientôt Karim Wade. Cette capitulation du régime de Sall, à laquelle les Sénégalais n’en reviennent pas, parce que loufoque, a surpris plus d’un, par son revirement à 180°, malgré toutes ses proclamations de rupture auparavant. Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, sont ébahis et semblent assister impuissants, à une démarche saugrenue et surréaliste. Il devient maintenant, et chaque jour de plus en plus évident, que notre pays ne songe même plus un seul instant, pouvoir récupérer le moindre sou, de tous ces milliards de francs, qui, de toute évidence, ont été volés à tout le peuple sénégalais.

La situation présente de notre pays me rappelle les propos d’un ancien responsable politique mauritanien, à l’époque de la colonisation. Il s’agit de Horma Ould Babana, qui disait ceci à propos de son pays, la Mauritanie : « Que la Mauritanie n’est pas un mouton mort où chaque chacal vient prendre sa part ». L’image est très frappante. Et, elle exprimait à la fois une vive préoccupation du sort de son pays, et une protestation contre le pillage dont celui-ci faisait l’objet. Alors, c’est ce sort qu’il refusait et dénonçait à l’époque pour son pays, qui se présente exactement au Sénégal, actuellement, c’est-à-dire un pillage systématique des ressources du pays par ses propres gouvernants, passés et présents. Et, le plus grave surtout, c’est que les délinquants, auteurs de ces faits ignobles, sont couverts par une impunité totale du régime en place. Ainsi, de manière récurrente, chaque chef d’Etat, qui accède au pouvoir, éhontément, s’enrichit avec son équipe et part tranquillement, laissant le pays complètement dépouillé de ses ressources principales pour son développement harmonieux. Au total, jusque-là en tout cas, aucun chef d’Etat accédant nouvellement au pouvoir ne s’est réellement préoccupé, comme il se doit en règle générale, à faire le constat de l’état des lieux, afin de relever les graves fautes en matière de gestion des affaires publiques de son prédécesseur. Logiquement et de manière générale, les fautes commises par le président sortant, dans l’exercice de ses fonctions, doivent être décelées sans complaisance, dans le but de sanctionner ce dernier à la hauteur de ses fautes.

Au regard de l’article 101 de notre constitution, qui stipule que : «Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par l’Assemblée nationale, statuant par un vote au scrutin secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres la composant ; il est jugé par la Haute Cour de Justice. »

Mais par contre, cet article qui prône l’impunité du chef de l’Etat est une aberration monstrueuse, en ce sens que, les ministres, nommés par le président, lui l’élu du peuple, sont pourtant, bien responsables de leurs actes. Ce qui est logique et normal, comme il est bien précisé ici, en tout cas, sur le papier, mais bien loin d’être la réalité sur le terrain. ! « Le Premier Ministre et les autres membres du Gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis. Ils sont jugés par la Haute Cour de Justice. La procédure définie ci-dessus leur est applicable, ainsi qu’à leurs complices, dans le cas de complot contre la sûreté de l’Etat. Dans les cas prévus au présent alinéa, la Haute Cour est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination des peines, telles qu’elles résultent des lois pénales en vigueur au moment où les faits ont été commis. » Notez bien, que cet article 101 reste en vigueur dans la constitution révisée !

Ainsi, le locataire du Palais, nouvellement élu, sachant d’ores et déjà, qu’il ne sera pas poursuivi après pour ses fautes, il dispose d’une licence à tout faire. Puisque, rien ne pourra lui arriver demain après l’exercice de ses fonctions, quelle que puisse être par ailleurs, la gravité de ses fautes. Un tel chef, tant soit peu inconscient et irresponsable, dérive et se laisse aller sans limite. Ainsi, avec une telle impunité effroyable et inacceptable aménagée, le dernier venu enterre allègrement, sans état d’âme, tout le passé indélicat et nébuleux de son prédécesseur. Et, ce dernier le fait avec une irresponsabilité incroyable digne des criminels. Au fond, on peut avoir l’impression que nos chefs d’Etat respectifs se donnent le mot entre eux, pour s’enrichir sur le dos du peuple sénégalais. La preuve, aucune gestion, de l’un d’entre eux n’a fait l’objet, d’un moindre audit, après son mandat. Dans la mesure où il n’existe pas dans notre arsenal juridique, l’obligation de reddition des comptes[1]  des présidents sortants, bien évidemment, ils partent tous blancs comme neige. Et pourtant, ce n’est par manque de fautes graves, bien au contraire, c’est même un déluge de fautes gravissimes à leur suite. Par conséquent, tout tranquillement, et se sachant totalement assuré d’une protection constitutionnelle absolue à la fin de son mandat, ce dernier agit comme bon lui semble sans aucune crainte de poursuite. Il reconduit ainsi, exactement, les mêmes pratiques et méthodes que ses prédécesseurs, cependant décriées par les populations. Voilà pourquoi, l’acquisition de biens illicites par nos gouvernants est bien loin de s’arrêter. Ceci est attesté, confirmé et prouvé par les riches artificiels dans le cas du régime sortant et même de celui en cours. Ce dernier, a d’ailleurs, contre toute attente, décence et justice sociale, osé encore revaloriser la pension des anciens chefs d’Etat, comme si, c’étaient des crève-la faim. Le paradoxe en plus, c’est que, non seulement nos chefs d’Etat pillent sans état d’âme, mais ils laissent aussi les siens piller, dans une impunité totale, les biens de la nation mis sous leur garde. Ainsi, en l’absence de sécurisation des biens ni punition, les délinquants abusent et pillent sans risque d’être inquiétés.

La gauche sénégalaise, ou bien ce qui en reste alors, devrait se mettre en cause et se questionner sur sa probable responsabilité, dans ce qui s’est passé dans notre pays, de la 1ere alternance à la 2e.  Par conséquent, de manière objective et courageuse, mais avec lucidité aussi, la gauche sénégalaise doit prendre aujourd’hui conscience de son état réel de faiblesse. En effet, pour mieux s’organiser, la gauche doit enterrer ses querelles de préséance et conflits de leadeurship petites bourgeoises, qui comme un fantôme, hantent la gauche tout entière. Ce n’est qu’après cela, qu’elle pourra enfin retrouver ses marques afin de prendre en charge, comme le lui dictent le choix de son orientation idéologique, son devoir historique de défendre l’intérêt des larges masses et couches populaires, et d’être toujours à leurs côtés. C’est encore l’occasion, de nous rappeler cette pertinente et actuelle citation de Frantz Fanon[2].

La Confédération de la démocratie pour le socialisme(CDS) est certes née, sous l’impulsion de la gauche et des forces de progrès. Mais, elle ne se développe pas encore à la satisfaction des espoirs, de ceux qui ont tant œuvré pour sa naissance. Sa gestation pour devenir une organisation mature, vivante, et qui participe activement à la vie politique nationale tarde aussi à se matérialiser concrètement. Elle semble être atteinte de cette maladie appelée : la bureaucratie. Ce qui la confine négativement à ne tenir que des réunions de bureau, conférences et communiqués de presse. Ceci, est évidemment un bilan bien maigre si elle compte être une alternative crédible de ce qui se passe politiquement dans notre pays. Ou, si elle veut jouer réellement un rôle capital dans la situation politique catastrophique que vit notre pays, il lui faudra assurément, d’autres armes plus efficaces et performantes dans la pratique.  Les populations sénégalaises sont devenues orphelines, faute d’organisations de masses aptes à assurer et assumer la défense conséquente des luttes et causes justes, de la justice sociale, de la démocratie, etc., dans notre pays.

Enfin, le Sénégal, comme l’Afrique en général, est cruellement orphelin de dirigeants intègres, patriotes et dignes de l’honneur et de la confiance que le peuple place en eux. Ainsi, jusque-là, notre pays n’a pas encore bénéficié de dirigeants conséquents et bâtisseurs de nation avec une vision prospective nette et claire pour son développement harmonieux économique et social. Malheureusement, en lieu et place de cette race de dirigeants de qualité, nous n’avons, au contraire, hérité que des profiteurs cupides et pilleurs, en tout cas jusque-là, c’est ainsi. Et ces derniers, viennent uniquement au pouvoir, avec la ferme intention, mais inavouée, de s’enrichir illicitement, en se remplissant avec les siens, les poches. Ceci indécemment et au détriment du peuple et du développement du pays.

Alors, il est temps maintenant, que le peuple sénégalais et ses forces vives mettent enfin un terme, à ce cercle vicieux et au ballet infernal de nos dirigeants cupides passés et présents. Pour ce faire, il faut immanquablement, que les citoyens sénégalais, à la suite  de toutes ces déceptions vécues, conscients de leurs responsabilités, et attachant du prix pour que notre pays sorte de ce ghetto, changent fondamentalement d’attitude et de comportement envers la politique et la conduite actuelle de notre pays.

Et, avec tout ce que les Sénégalais ont enduré jusque-là comme insatisfaction envers leurs gouvernants, ils doivent pouvoir dorénavant, se choisir objectivement et en connaissance de cause, parce que instruits par l’expérience et le passé, des dirigeants intègres et patriotes, au-dessus de tout soupçon de cupidité. Des dirigeants justement, qui ne sont point intéressés par l’accaparement des biens du peuple à leur profit, ne pensent pas non plus s’enrichir sur le dos du peuple durant leur mandat, mais plutôt à bâtir une nation libre, un pays prospère et respecté, à cause de la dignité de son peuple et de ses dirigeants intègres issus de son sein.

 

Dakar, le 20/06/2016

 

Mandiaye Gaye

Mandiaye15@gmail.com

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1 commentaire

  1. Un article qui concerne toute l’Afrique.
    Nous devons changer fondamentalement nos constitutions;réduire considérablement les pouvoirs des politiques;et multiplier les structures de contrôle de l’utilisation des deniers publics .
    Pour y arriver là,il nous faut une révolution politique dans nos pays respectifs;dégager les responsables politiques cupides de la scène politique.
    Est ce possible?
    A coeur vaillant ,rien n’est impossible.

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