La manifestation anti-ONU qui s’est tenue à Sévaré à l’appel du mouvement Fasso Ko s’est doublée d’une manifestation en faveur de l’éducation nationale ! En effet, comment ne pas voir un appel à l’aide de la part des manifestants à nos instituteurs : la grammaire approximative pourrait encore être pardonnée, si le message ne dénotait pas une ignorance si élevée…
Quelle tristesse que de voir un millier de jeunes s’enferrer dans une construction intellectuelle digne d’un mauvais feuilleton. Jugez plutôt : Barkhane et la MINUSMa se déguiseraient en djihadistes Peuhls ou Dozos pour inciter le Mali à se plier à un accord de défense.
Filons donc ce conte merveilleux, imaginez :
Un matin, Olaf le soldat suédois de la MINUSMa se réveille dans sa base de Gao, peigne ses cheveux blonds, enfile son uniforme de terroriste et monte dans un pick-up pour aller attaquer des soldats maliens en criant des invectives dans un authentique Peuhl du terroir. Après cette bonne journée de travail, il publie la vidéo de ses crimes de guerre sur Facebook…
C’est donc cette histoire que les allumés de Fasso Ko veulent nous faire gober sans vergogne. On rirait si ça n’était pas si sordide. Car enfin, qui peut croire à ça ? Quel degré de crédulité faut-il avoir développé ? Ça n’est pas pour rien que les terros brûlent les écoles ; ils ont bien compris que la fabrique de citoyens éclairés était contraire à leurs intérêts.
Car finalement, il faut se demander à qui profite le crime ? Sans parler de ces étrangers qui viennent mourir chez nous pour régler nos bisbilles internes. On peut ne pas les aimer, par ressentiment historique ou par ingratitude atavique, il reste quand même à se poser la question : qui a intérêt au départ de la MINUSMa et de Barkhane ? Ces mêmes pseudo-patriotes qui ont appelé de leurs vœux une intervention russe, ce12 octobre ? Ces islamistes qui palpent l’argent étranger des Frères Musulmans ? Ou encore les terros qui seront les seuls à profiter de la désunion, de la confusion et du climat de méfiance absurde, suscités par ce genre de manifestations fantoches ?
A vous de juger, mais n’oubliez pas : quand on fait une pancarte, on se relit !
Ibrahim Keïta