Les accords monétaires entre la France et les pays africains de la zone franc, ainsi que la plupart de ces accords impliquant la France dans son passé colonial, où le registre du symbolique se la dispute avec celui de l’idéologique et du technique, ont ceci de particulier qu’ils ne sont pas connus du public auquel ils sont censés être appliqués, quand ils ne sont simplement pas tenus secrets.
L’inconvénient de telles pratiques, qui ne sont d’ailleurs pas rares, est que ces accords internationaux se trouvent à la pratique souvent dénoncées avec virulence sans toutefois que l’on puisse savoir la différence entre ce qui constitue une analyse, une caricature ou simplement un prétexte pour servir des objectifs réels ou cachés de déstabilisation, dans un sens comme dans un autre ; une situation qui n’arrange guère ni la France ni les pays anciennement colonisés, le manque de transparence obligeant.
Dans un document récent intitulé RAPPORT D’INFORMATION de 119 pages enregistré le 30 septembre 2020, le SENAT français, constatant que « la France a déjà perdu, sur le franc CFA, la « bataille de l’image » avec le « développement d’un sentiment anti-français » [ ] » aussi bien en Afrique occidentale qu’en Afrique centrale, a autorisé la publication, sous la forme d’un rapport d’information, de la communication de Mme Nathalie Goulet, rapporteur spécial, et M. Victorin Lurel, rapporteur.
Ainsi, les commissaires ont donc décidé, sans a priori, de profiter du contrôle budgétaire proposé par le rapporteur spécial, de dresser un véritable état des lieux et un bilan de la Zone franc. De plus, constatant que « l’information sur les réseaux sociaux où tend à supplanter les travaux de fond, où l’émotion fait œuvre de raison », ils ont décidé malgré les conditions de travail très particulières dues à la crise sanitaire de dresser un rapport détaillé sur ce sujet.
Le but du présent article est d’analyser ce rapport qui jette une dynamique nouvelle sur un sujet tenu jusqu’ici presque tabou, mais dont la rue en Afrique s’est accaparé pour en faire aujourd’hui un sujet de discussion entre, d’une part, le peuple français, soucieux de l’image de son pays sur la scène internationale, et d’autre part, les peuples africains utilisateurs du FCFA, soucieux d’un meilleur devenir en termes de développement économique et social.
Ainsi, après avoir passé en revue l’état des lieux et le bilan de la zone franc établis par le SENAT, nous allons chercher à analyser les principaux constats ou avis exprimés ainsi que les présupposés à la base de leur formulation.
I. Etat des lieux et bilan de la zone franc selon le SENAT
1.1. La faible connaissance de la Zone franc favorisant les idées reçues
Les rapporteurs ont exprimé leur conviction selon laquelle la connaissance approximative de la Zone franc et l’héritage colonial du franc CFA ont irrémédiablement affecté la perception et l’appréciation dont le FCFA est l’objet. Ainsi, loin de considérer le FCFA comme étant la source de toutes les difficultés des pays qui en sont utilisateurs, les rapporteurs ont estimé que la Zone franc ne saurait être exempte de toute critique.
Ce faisant, ils ont donc rappelé l’origine coloniale du F CFA, désignant le « franc des colonies françaises d’Afrique, officiellement créé le 26 décembre 1945, après la ratification par la France des accords de Bretton Woods. Ils ont également indiqué que, si au départ l’émission de cette monnaie était assurée en 1959 par la caisse centrale de la France d’Outre-mer, elle aura été confiée par la suite à la BEAC et la BCEAO respectivement en 1977 et 1978. Entre-temps, la dénomination du franc CFA est modifiée, mais le sigle demeure et avec lui sa charge symbolique.
Par la suite, les commissaires ont donné leur appréciation des idées reçues qui résultent, selon eux, d’une méconnaissance du FCFA et de l’inexistence d’une étude établissant le caractère nocif de cette monnaie. Par conséquent, selon les commissaires, nul ne saurait annoncer clairement si l’appartenance à la Zone franc est un avantage pour les pays qui en sont membres ou un handicap, le rapport affirmant de surcroît une conviction selon laquelle le débat ne peut pas se résumer à une opposition binaire entre détracteurs virulents et défenseurs ardents du franc CFA du FCFA, la monnaie, seule, ne pouvant pas tout expliquer.
1.2. Appréciation de la zone franc à partir des idées reçues
Selon les commissaires, chaque système monétaire, chaque système de change, chaque union monétaire présente des avantages et des inconvénients. Les constats sur la zone franc sont présentés ci-après :
- Les dépôts en devises servant de contrepartie à la garantie octroyée par la France ne sont pas des taxes, et .n’ont pas d’effet sur la faible disponibilité du crédit dans l’économie dans les pays africains utilisateurs.
- Les mécanismes de la Zone franc contribuent à sa stabilité monétaire dans les pays utilisateurs.
- Les francs CFA sont des monnaies anciennes et elles ont survécu à des crises politiques ou militaires.
- La stabilité des prix ne se fait pas au détriment de l’objectif premier de croissance.
- La présence d’un cadre macroéconomique stable permet de renforcer l’intégration régionale, mais les données nous amènent à nuancer ces propos.
- Non le franc CFA n’est pas un obstacle à la croissance et au développement des pays.
- L’arrimage à l’euro est également accusé, à tort, de nuire à la compétitivité des pays.
En effet, selon les rapporteurs, le régime monétaire n’est qu’un élément de la compétitivité, qui dépend de tout un ensemble de facteurs.
- Non, la France ne dispose pas d’un droit de veto au sein des instances dirigeantes de la Zone franc et la décision de faire fabriquer ses billets en France relève non plus d’accords monétaires mais d’accords commerciaux et donc d’une libre décision des banques centrales de la Zone franc
- Le FCFA est un objet de contestation à travers des manifestations qui n’attirent souvent pas plus de quelques centaines de personnes, généralement dans les grandes villes, en plus d’autres sujets de contestation plus générale du rôle de la France en Afrique et de tous les symboles de la période coloniale.
- Dans les perspectives, les commissaires entrevoient un impératif de communication du fait que La France a déjà perdu, sur le franc CFA, la « bataille de l’image ». Par conséquent, selon eux, il ne faudrait pas répéter cette erreur sur la réforme, alors que certains n’y voient qu’une « arnaque politique » ou « la continuité d’une servitude monétaire » tandis que d’autres parlent « d’avancée réelle » ou de « semi-révolution ».
- Parler de « franc CFA » est donc un abus de langage, ce n’est pas une monnaie unique, mais il existe bien deux francs CFA, en plus du franc comorien.
- Les accords de coopération monétaire trouvent leur pendant budgétaire en France dans un compte de concours financiers, non doté en crédits
- Selon Victorin Lurel, rapporteur, en 1994, la France avait une alternative : soit payer, soit dévaluer le FCFA. On a choisi de dévaluer, mais sans réformer l’ensemble, ce qui n’était pas une bonne chose.
- La dévaluation de 1994 fut d’autant plus mal vécue qu’elle prit de court les populations et que les dirigeants de la Zone franc n’hésitèrent pas à rejeter l’entière responsabilité de cette décision sur la France.
- La dévaluation du 11 janvier 1994 a laissé un souvenir douloureux aux populations des pays de la Zone, avec une dégradation de leurs conditions de vie.
II. Analyse des constats formulés par les commissaires
2.1. Ni détracteurs, ni défenseurs, les commissaires ne sauraient proposer une troisième voie sans analyse
Dans leur démarche, les commissaires n’auront rencontré comme acteurs sur le terrain, que des détracteurs du FCFA ou des défenseurs dont ils ont fustigé les comportements en tentant de trouver une troisième voie qu’elle croit plus objective, qui a consisté à donner un coup tantôt sur les uns tantôt sur les autres, croyant ainsi faire un travail objectif, oubliant de se faire leur l’idée de ce sage africain, Amadou Hampaté Ba, lorsqu’il écrit : « entre ta vérité et ma vérité, il y a la vérité ».
Par conséquent, par nature, les constats formulés par les commissaires ne sauraient être autre chose que des avis, peut-être plus nuancés que les autres, mais des points de vue au même titre que les autres qu’ils récusent.
2.2. Omission de toute analyse sur le lien de fixité entre le FCFA et le FF puis entre le FCFA et l’euro
Il nous est apparu que les commissaires ont très peu fait cas d’une analyse quelconque du lien de fixité entre le FCFA et le FF puis entre le FCFA et l’euro, donnant, de surcroît toute la latitude à la France de modifier ce lien comme une simple alternative qui s’offre à elle, ainsi que l’écrit Victorin Lurel, rapporteur :
« en 1994 la France avait une alternative : soit payer, soit dévaluer le FCFA. On a choisi de dévaluer, mais sans réformer l’ensemble, ce qui n’était pas une bonne chose »,
en ignorant que les dépôts en devises qui ont été mis à la disposition de la France l’ont été pour servir de contrepartie à la garantie octroyée par la France et non de taxes, ainsi que les commissaires l’ont établi eux-mêmes, même si, par ailleurs cela devait avoir des effets sur la faible disponibilité du crédit dans l’économie au sein des pays africains utilisateurs.
2.3. Une économie des pays utilisateurs du FCFA méconnue des commissaires, méconnue en France comme dans la théorie économique qui y est enseignée
En fixant le lien entre sa monnaie le FF et le FCFA, la France définit en réalité dans les pays utilisateurs du FCFA une économie particulière, dans laquelle le prix qui est exprimé en FCFA et la valeur en FF ne coïncident pas.
Il s’agit d’une économie qui est différente de celle de la France depuis la mise en œuvre du décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795), qui a aboli l’écu et institué le franc en remplacement de la Livre Tournois, une économie qui est enseignée dans les écoles en France et ailleurs en Europe ainsi que partout dans les pays développés où le prix et la valeur coïncident.
En effet, ces deux types d’économies sont différents ainsi que l’avait fait remarquer M. Allais dans son cours polycopié du Cours d’économie politique Tome I à l’Eole des Mines de Paris en 1959, tout en mettant en garde.
En effet, écrit-il, l’économie qu’il enseigne est une économie particulière dans laquelle la moneta apparait comme la réalisation matérielle de la monetie et dans la laquelle le prix et la valeur coïncident. Cependant, a-t-il fait constater, il n’en a pas toujours été ainsi, quand, au moyen-âge il y avait la moneta représentée par l’écu, qui était différente de la monétie, représentée par la Livre Tournois, une monnaie fictive, une monnaie fantôme, ce qui correspond aux économies des pays utilisateurs du FCFA ou la moneta correspond au FCFA et la monétie au FF, et aujourd’hui l’euro.
2.4. Ainsi, dans l’économie des pays utilisateurs du FCFA, il y a deux monnaies au lieu d’une monnaie unique
En oubliant que dans les économies utilisateurs du FCFA, il y a plusieurs monnaies, les économistes écrivent que le FCFA est sous-unité du FF sans toutefois y attacher une signification précise à cette idée, qui aurait pu leur permettre de prendre conscience du rôle d’instrument de mesure en économie. C’est pourquoi ils ne comprennent qu’ils sont en train d‘appeler par le même nom d’unité de mesure ce qui est le décimètre, et qui pourrait devenir, au fil du temps, l’équivalent du centimètre puis du millimètre au fur et à mesure que cette unité de mesure sera soumise à la baisse, ainsi qu’on le fait avec le FCFA.
Il leur est facile de se rappeler l’expérience du Mali qui aura mis en circulation en 1983-84 le FCFA qui valait 0,02 FF et le franc malien (FM) qui valait 0,01 FF qui sont deux sous-unités de mesure qui ont circulé ensemble dans le même pays pour jouer le même rôle. C’est ainsi, que sur les marchés, un bien acheté contre un prix de 100 FM était indistinctement livré à 50 FCFA, pour la simple raison que la valeur de 100 FM s’établit à 100 fois 0,01 FF = 1 FF soit également 50 fois 0,02 FF = 1 FF.
Dans une telle économie, il y a monnaies, avec le FCFA et le FM et monnaie avec le FF qui donne naissance aux deux autres et qui s’appelle étalon.
Cette écriture permet de répondre à un nombre important de questions qui resteraient inconnues pour les économies en France, et d’établir que les instruments monétaires dans une économie nationale sont en réalité des instruments de mesure.
Par la suite, connaissant les instruments monétaires dans un pays, il serait facile de parler des instruments monétaires entre pays, et de parler en connaissance de cause de taux de change ou de parité, ce qui n’est pas le cas actuellement.
2.5. Les éléments de la théorie de la mesure, inconnus des rapporteurs et des économistes en France
En effet, l’économie dans un pays utilisateur du FCFA permet de savoir que la valeur, qui est une quantité d’étalon c’est-à-dire de FF, est la grandeur qui est mesurée en économie, au moyen des instruments de mesure que sont le FCFA, le FM appelés numéraires, le premier étant le double de l’autre, et représentant des unités, multiples ou sous-multiples de l’étalon, ici le FF. Les quantités de 100 FM et 50 FCFA sont appelé des prix pour le même bien ou service dont la valeur est de 1 FF.
Ces concepts d’étalon, de numéraires, de prix et de valeur définissent les concepts de la théorie de la mesure que nous avons mise en place depuis 2002 dans notre publication parue chez L’Harmattan, intitulé « La théorie économique du XXIème siècle – Le concept de mesure en économie ».
Malgré sa fécondité, qui résiste à toute épreuve, cette théorie reste inconnue en France, depuis un peu moins de vingt ans qu’elle a été établie et publiée.
2.6. De la monnaie, signe de la valeur, et de la valeur
Le FCFA est délivré suite au dépôt auprès du Trésor français de l’équivalent en devises de 0,02 FF. Ce FCFA est le signe de la valeur en devises de 0,02 FF déposée en garantie. Cela signifie que cette monnaie est le signe de la valeur de 0,02 FF, une reconnaissance de dépôt auprès du Trésor, qui n’est donc pas une valeur mais un symbole, facile à fabriquer avec un cout négligeable, un papier souverain délivré par la France.
Cette monnaie, ce signe, circule, mais la valeur qu’elle représente est gardée auprès du Trésor, le garant. Ce mécanisme signifie, que même si l’utilisateur le souhaitait, il pourrait demander au Trésor français de reprendre son FCFA et de lui remettre en retour le dépôt de garantie. Une telle situation était observée jusqu’en 1993.
2.6.1. Ainsi, le FCFA, signe de la valeur, ne peut être dévalué ….
Nous avons vu que le FCFA, un signe, un papier de reconnaissance, un symbole qui n’est qu’un signe de la valeur, ne peut donc être dévalué ni réévalué, car ne représentant pas la valeur. En revanche, le FF ou l’euro qui représentent la valeur et peuvent être dévalués ou réévalués ainsi qu’on pouvait le vérifier sur les marchés pour le FF, et qu’on peut le faire aujourd’hui pour l’euro, montrant qu’il y a monnaies et monnaie dans les économies utilisatrices du FCFA.
En effet, si on décidait, comme en 1994, que le FCFA = 0,01 FF, au nom de la dévaluation, cela signifie que le citoyen qui disposait du FCFA garanti à 0,02 FF ne dispose plus que d’un dépôt de garantie de 0,01 FF soit donc la moitié de son dépôt de garantie, l’autre moitié étant saisie de force par la France, ce qui constituerait un abus de pouvoir, une escroquerie contre la population utilisatrice du FCFA.
2.6.2. … ni réévalué
Dans le cas contraire, si on décidait de réévaluer le FCFA, par exemple en le portant à 0,03 FF, cela signifierait que désormais le FCFA peut rapporter au citoyen plus que le dépôt de garantie de 0,02 FF qui a été laissé en garantie au Trésor français pour l’acquérir.
Il apparait clairement, de la même façon que précédemment, qu’en demandant comme remboursement de dépôt de garantie au Trésor français plus que le dépôt de garantie qui lui a été donné, il s’agirait ici également d’une escroquerie contre le Trésor français, qui ne saurait donner plus que ce qu’il a reçu en garantie du FCFA.
2.7. La dévaluation du FCFA ne peut constituer une alternative pour la France
Par conséquent, contrairement à ce qu’écrit Victorin Lurel, rapporteur : « en 1994 la France avait une alternative : soit payer, soit dévaluer le FCFA. On a choisi de dévaluer, mais sans réformer l’ensemble, ce qui n’était pas une bonne chose »,
il reste clair qu’on ne saurait parler d’alternative pour la France, mais d’obligation contractuelle qui consiste à payer dans le respect de son engagement d’assurer la garantie de convertibilité illimitée du FCFA du fait d’avoir reçu les dépôts en devises, qui selon le rapport du SENAT, constitue la contrepartie à la garantie octroyée par la France, quelles qu’en soient les conséquences en termes de faible disponibilité du crédit dans l’économie dans les pays africains utilisateurs.
En conclusion, il apparait clairement que, si on ne peut pas dévaluer le FCFA, on ne peut non plus le réévaluer, ce qui constitue un dispositif important à respecter, afin d’assurer la protection aussi bien du déposant de la garantie, c’est-à-dire le citoyen utilisateur du FCFA, que du garant lui-même.
2.8. La dévaluation du FCFA : une manipulation frauduleuse héritée du moyen-âge
Sachant bien que le FCFA et le FM sont des instruments de mesure, en remplaçant le FCFA, une monnaie de 0,02 FF détenue par la population par une monnaie de 0,01 FF, quelle que soit l’appellation attribuée à cette pratique, l’autorité monétaire aura pratiqué un bus d’autorité par la violation de l’interdiction de la diminution des poids et mesures, une pratique de fraude héritée des Rois du moyen-âge français.
En effet, ces Rois diminuaient périodiquement l’écu pour soutirer à la population une bonne partie de ses ressources monétaires, une pratique qui a été abolie après la Révolution française par le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795).
Ce décret aura institué le franc à la place de la Livre Tournois et établi le décime et le centime comme seules sous-unités du franc à l’exclusion de toute autre unité monétaire du type de l’Ecu, ce qui signifie l’abolition de cette seconde monnaie du Roi.
Malheureusement, la République française aura créé, 150 ans plus tard, la reproduction exacte de cet Ecu dans ses colonies en l’appelant FCFA, une sous-unité fictive périodiquement soumise comme l’écu à la diminution, un héritage médiéval, placé dans les colonies qui sont devenues aujourd’hui ces pays africains utilisateurs du FCFA pour la plupart.
Par conséquence, si les commissaires n’ont pas tort de fustiger l’ignorance du FCFA et du système du FCFA en Afrique, cette ignorance couvre également ces commissaires et leur SENAT qu’ils conseillent, confirmant l’observation formulée par le Prix Nobel M. Allais, qui attirait l’attention sur le fait que l’économie qui est enseignée dans les pays occidentaux n’est pas la même que l’économie héritée du moyen-âge français qui comportait plusieurs monnaies, ainsi qu’il en est de même pour l’économie dans les pays utilisateurs du FCFA.
2.9. Le caractère nocif de l’utilisation du FCFA est clairement bien établi
La première conséquence de la diminution du FCFA est le dessaisissement des populations africaines utilisatrices du FCFA par le Trésor français de la moitié de tous leurs dépôts de garantie en devises cumulés au cours du temps pour l’équivalent en devises de 0,02 FF pour chaque FCFA afin de bénéficier de la garantie illimitée accordée par la France.
Ensuite, en tenant compte du rôle d’instrument de mesure, nous savons que cette pratique de diminution des poids et mesures transforme un montant en FCFA en un même montant dans une monnaie deux fois plus petite, ce qui constitue une diminution mécanique insoupçonnée de moitié de la valeur de tous les salaires et de tous les actifs accumulés au cours du temps et de tous les flux futurs de revenus attendus des actifs réalisés.
Par conséquent, contrairement à l’avis des commissaires, selon lequel :
« l’inexistence d’une étude établissant le caractère nocif de cette monnaie fait que nul ne saurait annoncer clairement si l’appartenance à la Zone franc est un avantage pour les pays qui en sont membres ou un handicap »,
il apparait clairement que la dévaluation du FCFA, une déviation de cette monnaie de son utilisation naturelle d’instrument de mesure, constitue en réalité une tromperie qui a pour conséquence immédiate d’exproprier les populations africaines utilisatrices du FCFA par la France. De plus, cette expropriation reste fondamentalement contreproductive et appauvrissante par le coût énorme en termes de destruction des valeurs qu’elle représente pour ces populations, ainsi que nous venons de l’établir.
En effet, si les Rois ont pratiqué cette tromperie dans le Royaume de France à travers la diminution de l’écu, ils étaient loin d’imaginer les conséquences de cette diminution de l’instrument de mesure que représentait l’écu.
Aujourd’hui, avec le progrès des connaissances qu’offre l’Economie scientifique, il apparaît clairement que cette pratique, qui n’est pas à proprement parler une politique, conduit la France à faire main basse sur la moitié des dépôts de garantie en devises placés auprès d’elle tout en provoquant la destruction massive des valeurs d’actifs existants ou futurs dans les pays utilisateurs de cette monnaie du fait simplement des problèmes de mesure qui restent inconnus des protagonistes de cette mesure.
Tous ces coûts ne prennent pas en compte la mise à disposition de la France de plus de la moitié des réserves de devises de ces pays utilisateurs du FCFA, qui constitue autant de possibilités de crédit dont sont privées ces populations des pays que la France est supposée aider à accélérer le développement économique. Ils en auront pris le plus grand mal, jamais imaginé.
2.10. Après la dévaluation, les populations des pays de la Zone ont fait face à une dégradation de leurs conditions de vie.
Contrairement au constat des commissaires selon lequel,
« La dévaluation du 11 janvier 1994 a laissé un souvenir douloureux aux populations des pays de la Zone, avec une dégradation de leurs conditions de vie »,
et laissant apparaitre que les populations peuvent se tromper sur ce qui leur est arrivé après la dévaluation, il est prouvé clairement qu’il ne s’agit pas d’un sentiment douloureux, mais bien plus d’une vie douloureuse causée par la dévaluation du FCFA qui a vu la France les exproprier de force de leurs ressources en devises du fait de la violation de ses propres engagements contractuels alors même qu’elle a bénéficié des fonds de garantie et de la moitié des dépôts de réserves en devises sans compter encore plus de 30 milliards de FCFA par an en devises au titre de la confection des billets de FCFA, ce dont le rapport ne souffle mot.
La France reconnait-elle un droit de vivre pour ces populations africaines dont elle sensée accélérer le développement ? Il nous est apparu d’une évidence cruelle que le coût de cette coopération avec la France est disproportionné, injuste, quand elle n’est même pas condamnable en soi comme un crime contre l’humanité.
2.11. La coopération monétaire relative au FCFA est un montage mensonger, xénophobe et cruel
En effet, lorsque les commissaires trouvent que le pendant budgétaire en France est dans un compte de concours financiers non doté en crédits, cela signifie clairement que l’engagement du Trésor de France qui ne repose sur rien, constitue simplement du bluff, car la France ne prendra rien en charge. Dans la pratique, il est facile de vérifier que ce faux engagement de la France, qui n’est pas une déclaration fortuite, repose également sur une arme, le mensonge, qui consiste à changer la parité du FCFA, contrairement à ses engagements, une opération que nous avons démontrée comme étant impossible, au même titre que celle consistant à réévaluer le FCFA.
Or, procéder à cette opération impossible, c’est accepter la violation par la France de ses engagements contractuels avec comme conséquence une expropriation forcée des populations de leurs ressources monétaires, assortie en plus des conséquences en termes de destruction des valeurs liées à des problèmes de mesures dont les commissaires n’ont aucune idée. Donc en réalité, la France a adopté un montage mensonger qui lui permet de ne débourser aucun centime pour venir au secours des pays africains utilisateurs du FCFA, mais, qui lui permet d’exproprier les populations de ces pays et de renflouer le compte sans crédit le moment venu. Ainsi, les fonctionnaires gestionnaires de ces fonds pourront faire la bamboula sans être ni vus ni inquiétés.
Donc, en réalité, la coopération monétaire avec la France est une opération montée avec le dessein de tromper, d’appauvrir et finalement de tuer à grande échelle des populations dont les dirigeants se sont jetés dans ses bras avec des autorités françaises sans d’état d’âmes. Ainsi, quand les pays africains francophones se refusent à connaitre l’histoire monétaire de la France, que la France elle-même ignore ainsi que nous venons de vérifier avec les commissaires du SENAT français, ils s’abstiennent en même temps de connaître un pan extrêmement important de leur vraie histoire monétaire, qui reste plongée de force dans une expérience française lointaine, une histoire perdue dans les connaissances en France comme ailleurs, et qui n’est à nulle autre pareille, ainsi que nous l’avons établi.
III. Recommandations
Bien connaître l’Economie et ses instruments de mesure
La détresse en économie nous vient en imaginant deux physiciens en train de discuter, l’un montrant l’utilité du thermomètre, et l’autre, son inutilité, chacun ignorant que le thermomètre est l’instrument de mesure mis en place par la discipline de la thermodynamique.
En effet, pour avoir compris et établi que les instruments monétaires sont des instruments de mesure en économie, avec la particularité d’avoir précédé la discipline économique, nous avons montré comment l’économie constitue une discipline scientifique à découvrir à travers la maitrise de son instrument de mesure.
C’est ainsi que nous avons mis en place l’Economie scientifique qui fait l’objet d’une collection de sept ouvrages que nous avons publiés, en plus de la thèse de Doctorat en sciences économiques qui décrit le cadre global de toute la dynamique du système économique en mettant en cohérence la demande et l’offre sur tous les marchés ainsi que les conditions de l’équilibre général.
C’est pourquoi, nous n’avons pas manqué de faire remarquer la nécessité pour les économistes de se refaire à l’Economie scientifique, c’est-à-dire l’économie dotée de la théorie de la mesure, à défaut de rester cloitrés dans une discipline spéculative moyenâgeuse, où on peut dire tout et son contraire ; rien n’étant en fait important dans une philosophie spéculative, incapable par nature d’évaluer ses propres performances, dans un sens ou dans un autre, du simple fait qu’elle ne sait ni mesurer ni compter, mais qui espère être considérée comme une science.
Imaginez un médecin du moyen-âge qui viendrait à opérer un patient de nos jours. Il est clair, qu’après son opération, sa place serait directement la prison. Il en sera ainsi, car les dégâts causés par ces types de médecins seraient visibles en une seule matinée.
Cependant, alors que les dégâts causés par ces économistes ignorant la mesure, ainsi qu’il en est le cas pour ces économistes qui recommandent la dévaluation du FCFA, sont bien plus étendus et profonds que le mal causé par ces médecins du moyen-âge, ils ne continuent pas moins de se la couler douce, car les conséquences de leurs actions n’interviennent pas immédiatement et de façon brutale, mais en douceur, avec des effets qui s’étalent dans le temps, contribuant ainsi à engendrer des taux élevés de malnutrition, de maladies, de pauvreté, de mortalité et de toutes régressions dans les formes de la vie humaine, ainsi que l’Afrique en offre le spectacle désolant et révoltant. Ils garderont à tort la conscience tranquille, du fait qu’ils croient à tort à « l’inexistence d’une étude établissant le caractère nocif de cette monnaie ».
Effectivement, tant que le crime n’est formellement ni connu, ni reconnu, ni la responsabilité de l’auteur dûment établie, le criminel aura de bons jours devant lui. Cependant, l’impossibilité d’avoir pu établir la responsabilité du crime n’induit pas son inexistence. En la matière, rien ne se perd, rien ne se créé. Ce dont Jean s’est enrichi par fraude appartient tout simplement à Paul, même si Jean bénéficie de la présomption d’innocence avant tout jugement conclu, cela ne transforme pas la réalité des faits, ce dont la science s’attache à établir sans se référer à la justice des hommes.
Dr. Lamine KEITA, laminemacina@yahoo.fr
Auteur de l’Economie scientifique
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On écrit pour ceux qui savent et ceux qui croient savoir.. si quelqu’un pense qu’on ne peut parler de la mesure selon le système métrique mais seulement des booreliens cela ne pourrait engager que son auteur..
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