Au Mali, l’inquiétude nous a sans conteste tous envahie à la nouvelle des trois attaques qui ont frappé le Sud de notre pays, dans les localités de Misséni, Nara et Fakola. Des attaques qui font suite à l’arrivée de prêcheurs radicaux dans notre voisinage. Ces quelques fanatisés sont des membres de la secte Dawa, prônant une ré-islamisation de la population. Mais, attention, derrière la ferveur se cache le préalable à l’instauration de violences contre la population : amputations et autres châtiments corporels déjà subis par nos frères du Nord par le passé.
Les Maliens du Sud se croyaient il y a encore peu de temps à l’abri de la barbarie qui a tant marqué le Nord de notre pays. Les attaques de Misséni, de Nara, puis de Fakola (10, 27, 28 juin), nous ont montré qu’il en est autrement. Pas à pas, s’installent dans notre voisinage des prédicateurs se réclamant de Dawa, secte apparue au Mali dans les années 90. A ce jour, une centaine de villages aurait déjà basculé dans la radicalité, les femmes y seraient notamment désormais complètement voilées. Leur méthode est simple et rôdée. Ils se présentent tels des indigents au discours pacifique et, sous prétexte de ramener les Maliens à un Islam des origines, affranchi des évolutions de la société, ils invitent les Musulmans à participer aux Jaoula et Bayam. Mais, je veux vous mettre en garde. Soyez vigilants et méfiez-vous d’eux, car s’ils s’implantent chez vous, il en résultera le chaos sur vos terres : il n’a pas fallu bien longtemps après l’installation de Dawa dans la région de Sikasso avant que des membres de cette secte ne commettent l’attentat de Misséni.
Car, selon de nombreux témoignages relayés par la presse, ces tragiques attaques revendiquées par Ansar Dine Sud, ont clairement été attribuées dans leur accomplissement à la secte Dawa, pour Misséni et aussi Fakola, et au Front de la Libération du Macina (FLM), pour Nara. Le FLM est par ailleurs dirigé par Amadou Koufa, petit prêcheur radical qui n’avait rien trouvé de mieux pour faire parler de lui que de détruire le mausolée de Sekou Amadou. Quant au chef d’Ansar Dine, il a lui-même été membre de la secte Dawa. Il a fréquenté la mosquée Markaz de Bamako, avant de fonder celle de Kidal dont son fidèle adjoint, Amada Ag Hama surnommé Abdelkrim le Touareg, en était l’imam. Rappelons tout de même qu’Abdelkrim le Touareg dirigeait la katiba d’AQMI Al-Ansar avant qu’il ne soit tué par les soldats français en mai, bien opportunément pour son cousin Iyad Ag Ghaly… Les liens entre la secte Dawa, le FLM et la mouvance terroriste ne sont donc plus à démontrer.
Il est autant démontré que ceux qui viendront demain matin dans vos foyers, profitant du fait que les cœurs s’ouvrent durant la période bénie du Ramadan et prétendant vous aider à rapprocher votre vie de celle du Prophète (PSL), sont en réalité les précurseurs du terrorisme armé. Ces prédicateurs qui frapperont chez vous se serviront de votre foi pour à terme vous imposer leur loi. Ne leur ouvrez pas, car une fois le pied dans votre porte, ils s’installeront pour de bon, prendront le contrôle de vos villages et répandront leur funeste idéologie : flagellations, amputations, lapidations, décapitations et autres traitements cruels dont trop de Maliens ont déjà souffert. A Bamako, Dawa est bien présente, mais nos frères ont commencé à mesurer le danger. Dans le quartier de Banankabougou, ils ont même eu le courage de dénoncer ces terroristes en puissance. Si nous n’agissons pas, ils prendront Koulouba et renverront notre pays à ses heures les plus sanglantes.
Ne nous laissons pas influencer par les discours pacifiques de façade. Ne laissons pas l’horreur à laquelle aspire en réalité Dawa faire couler davantage de sang Malien et mettre en péril les espoirs de paix durable qui viennent juste de renaître.
Ibrahim KEITA