Culture de la pomme de terre à l’Office du Niger : Une expérience concluante

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L’Office du Niger, ce n’est pas seulement la riziculture.

C’est aussi des terres qui procurent au Mali, tomates, oignons, carottes, haricot, et désormais la pomme de terre.

Initiée pour la première fois pendant la contre saison 2011-2012, la culture de la pomme de terre en zone ON aura été concluante avec une production d’environ 12.000 tonnes.

La sécurité alimentaire est une véritable préoccupation dans notre pays.

Conscientes de cette réalité, nos hautes autorités entendent exploiter au maximum les terres de ce géant agricole, qu’est l’Office du Niger.

Ce qui explique le fait que l’Office du Niger vient d’introduire en  expérimentation, la culture de la pomme de terre en zone ON. Toute chose qui lui confert toute sa place dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté par l’accroissement des revenus des Producteurs à travers une vision intégrée et harmonisée des activités agricoles de développement durable.

Ce programme spécial de la culture de la pomme de terre se justifie par plusieurs raisons.

Il s’agit, entre autres, du développement d’autres filières de diversification complémentaires au riz qui constituent la principale culture, de l’accroissement des revenus des Productrices Producteurs et la création d’emplois en milieu rural et urbain, la réponse à la sécurité alimentaire au Mali et aux exigences des changements climatiques et l’enjeu de la question de l’Eau.

En effet, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l’augmentation du revenu de l’ensemble des populations de la zone couverte par l’Office du Niger, la diversification des cultures a connu ces dernières années un essor important, surtout en matière de cultures maraîchères.

En ce qui concerne la diversification des cultures, la zone de l’Office du Niger regorge de nombreuses opportunités d’affaires pour le secteur agro-industriel.

Une étude sur la pomme de terre a confirmé une importante potentialité.

Au cours des travaux de réhabilitation et d’extension des dispositions ont été prises pour attribuer aux exploitants agricoles des sols maraîchères et de double culture en vue de diversifier les cultures et par conséquent les revenus des agriculteurs.

Considérée comme culture de rente en Afrique de l’ouest, la culture de la pomme de terre bien conduite peut en effet, apporter aux producteurs des revenus substantiels.

C’est dans ce contexte que la Direction Générale de l’Office du Niger a initié un « programme d’intensification de la culture de la pomme de terre » à partir de la campagne agricole 2011/2012 dans un souci de contribuer durablement à la sécurité alimentaire, d’accroître les revenus des populations et de professionnaliser la filière.

Plusieurs raisons justifient cette nouvelle vision.

D’abord sur le plan agronomique.

La pomme de terre se développe sur les sols légers (sols sablonneux et limoneux sablonneux) qu’on rencontre dans toutes les zones et sa culture est aisée en saison froide. Ce qui permet aux producteurs de s’y consacrer après les travaux de la riziculture de saison.

La rentabilité financière de par le potentiel de rendement est très importante et l’amélioration de la fertilité des sols grâce à la grande quantité de fumure organique apportée sont deux facteurs non négligeables.

Ensuite, sur le plan nutritionnel, la pomme de terre se classe parmi les plantes à racines ou à tubercules les plus nutritives.

Fraîche, elle possède une grande valeur nutritive et sa teneur en vitamine C est également remarquable.

Par ailleurs, la pomme de terre contient 100 g de matière fraîche, la teneur moyenne suivante, eau : 77,5 g ; glucides (sucres) : 19,4 g ; protides (acides aminés) : 2 g ; lipides (acides gras) : 0,1 g ;  minéraux : 1 g.

Enfin, sur le plan commercial et économique, la demande est forte par rapport à l’offre qui augure des perspectives pour l’écoulement de la pomme de terre de qualité.

Les consommations de pomme de terre au Mali sont estimées à 74000 tonnes par an. Près de 8000 tonnes font l’objet d’importation annuellement.

Le coût de la main d’œuvre se situant entre 350 à 450 journées de travail par hectare (1000 FCFA H/J) génère pour 200 ha entre 86 millions et 108 millions de FCFA. Ce qui permettrait de fixer bon nombre de jeunes ruraux et urbains en saison sèche.

Cette nouvelle vision est basée sur l’accélération du rythme des aménagements, l’intensification et la diversification des productions agricoles, la modernisation de l’Office du Niger à travers ses outils de pilotage, le renforcement des capacités des producteurs, des organisations paysannes et agents d’encadrement, le renforcement des relations partenariales avec tous les acteurs intervenant dans les filières agricoles et chaînes des valeurs et la promotion du monde rural notamment les ONG et les Agro Entrepreneurs.

Durant les cinq dernières années, les superficies cultivées en pomme de terre sont en nette progression.

Les principales variétés cultivées sont : Sahel, Spunta, Pamina, Claustar, Atlas etc. sa production mondiale a été évaluée en 2007 à plus de 300 millions de tonnes sur une superficie de 18,5 millions d’hectares. Depuis 1991, c’est en Afrique que l’accroissement de la culture est le plus marqué (supérieur à 50 % durant les dix dernières années).

Selon la FAO, en Afrique de l’ouest, le Mali produit à lui seul, plus de 70 % de la production des cinq pays producteurs (Mali : 114478 t ; Niger : 18000 t ; Guinée11876 t ; Sénégal : 10000 t ; Burkina Faso : 1700 t).

Au Mali, la pomme de terre est cultivée dans les régions de Sikasso, Koulikoro (notamment Kati) et Ségou.

A l’Office du Niger, les surfaces cultivées en pomme de terre ont donné des rendements de pointe de 35 t/ha dans les zones de Molodo et du Kouroumari.

Les surfaces sont passées de 114 ha en 2005 à 365 ha en 2006 et 153 ha en 2007 avec un rendement moyen de 30 t/ha.

Avec le barrage de Markala et les infrastructures hydraulique en place, l’Office du Niger constitue la meilleure zone agro-écologique de développement de la pomme de terre avec son potentiel de terres irrigables gravitairement. Les cultures maraîchères et de diversification moins consommatrices d’eau sont très rentables lorsque leurs filières et chaînes de valeurs sont organisés et maîtrisées.

La culture de pomme de terre bien conduite contribuera à la sécurité alimentaire du pays et à l’augmentation substantielle des revenus des Producteurs.

La production de pomme de terre attendue en milieu paysan est de 10500 tonnes pour une marge nette de 1 235 490 000 F CFA. Toutefois, sa mise en œuvre exige la levée de nombreuses contraintes entravant sa promotion en zone Office du Niger. La Banque malienne de Solidarité et l’Office seront les partenaires techniques et financiers des Producteurs pour la mise en application de ce programme de professionnalisation de la culture de pomme de terre pour les saisons à venir.

Les perspectives

La pomme de terre en tant que culture de rente, pourrait contribuer significativement à la sécurité alimentaire du pays. Afin de la rendre disponible au consommateur pendant environ dix mois de l’année ou plus, il importe d’étaler les productions et augmenter les capacités de conservation de la pomme de terre de consommation.

Dans un premier temps, l’installation des chambres froides par la chambre d’Agriculture de Niono est certainement salutaire. Cependant, d’autres magasins d’entrepôt et de conservation, de chambres froides à l’échelle individuelles et/ou communautaire en prestations pour les producteurs individuels devraient voir le jour avec l’augmentation de la production.

Compte tenu du fait que les prix des plants importés d’Europe dépassent très souvent 50 % du coût de production, pour réduire ce coût, un accent particulier sera mis sur la multiplication des semences de base, l’étalement des productions ainsi que la diversification des sources d’approvisionnement.

La double culture de la pomme de terre sera envisagée dès qu’elle prendra une certaine ampleur. Il sera alors question de produire en précoce et en tardif.

L’organisation des producteurs de pomme de terre sera impliquée dans toutes les actions visant la promotion et la sécurisation de la filière. Il s’agira d’envisager la mise en place des cases de conservation voire des chambres froides, d’unités de transformation de la pomme de terre en Cheeps, en Baguettes et tous autres produits créant de la valeur ajoutée.

La pomme de terre étant sujette aux maladies bactériennes et autres ennemis, il est nécessaire sinon indispensable de mettre en place un système efficace et fiable de contrôle et de certification des semences à l’échelle nationale.

La mise en œuvre du programme exige non seulement des moyens matériels et humains suffisants, une synergie d’actions au niveau des différents acteurs mais aussi la résolution des contraintes majeures, à savoir l’approvisionnement correct et à temps util des producteurs en semences, le suivi correct des itinéraires techniques de production et l’écoulement sur le marché local et national de la production attendue.

La culture de la pomme de terre génère des revenus supplémentaires aux producteurs et productrices de la zone Office du Niger.

Elle contribue significativement à la sécurité alimentaire du pays.

Il importe cependant de bien organiser et sécuriser la filière à travers une bonne formation et organisation des producteurs, le financement du crédit de campagne, la fourniture de intrants et à temps utile, l’appui à la conservation et à la commercialisation. Au terme de cette première campagne, les résultats obtenus orienteront sur les corrections à apporter pour l’atteinte des objectifs qui seront fixés au fil des futures campagnes agricoles.

 

Boubacar Sankaré

(Résumé d’un document réalisé par M. Ilias Dogoloum Goro

Ingénier Agro-Economiste, Directeur de l’appui

du Monde Rural Office du Niger)

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Il est bon de diversifier les filières mais il faut respecter les engagements.Au départ de ce programme pomme de terre, il avait été convenu que l’office acheterait la production et c’est ce qui a motivé les producteurs à s’endetter pour la semence.Par finir tel n’a plus été le cas et de paysans sont redevables.A quoi bon de mentir aux gens?

  2. Petit belah cisse ne sera j’aimias president au Mali soumi est un voleur de bien publique….il a detourne l,argent des cotonculteurs

  3. Meci SANKARE,nos producteurs de l’ON avec un petit renforcement technique pourront bien améliorer leur production de pomme. C’est une culture de rente, il faut déjà trouver les crénaux d’écoulement. En 2012, nos producteurs se sont retrouvé avec des tonnes de pomme de terre sur les bras sans circuit d’écoulement.

  4. Bravo Mr Sangaré ton article a une bonne tenue tout est correct et précis.Un seul point n’est pas bien mis au clair:il s’agit du prix des semences ou peut etre des boutures importées.Ces prix d’achats ont été extra-surfacturés.Je pense que les semences utilisées par l’office du Niger etaient achetées dans le cadre d’un projet;donc comme d’habitude certains responsables en ont profité pour se faire les poches.Si non que les semences de pomme de terre ne coutent pas du tout cheres en Europe:LA DIASPORA MALIENNE POURRA SE CHARGER DE L’APPROVISIONNEMENT.Du courage Mr Sangaré continuez s’il vous plait votre tache;bons vents

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