Déclenchée depuis le 5 juin dernier, la crise socio-politique du Mali se cristallise en dépit des tentatives de décrispation de la situation par différents acteurs nationaux, sous-régionaux et internationaux. L’incertitude et la peur d’un éventuel saut dans l’inconnu troublent le sommeil de tout patriote convaincu.
Aujourd’hui, si les Maliens, de tout bord politique ou de toute obédience confondus, sont d’accord sur une chose : la sortie de crise passera par une solution endogène.
L’ensemble des protagonistes sont unanimes à reconnaître que les pistes proposées par la CEDEAO sont loin d’être un sédatif au mal a fortiori une panacée. Mais plutôt, comme le dirait l’autre, ” la CEDEAO est venue avec des produits inflammables”. Tout porte ainsi à croire que la médiation interne s’avère comme un processus irréversible. Pour autant, la difficile équation à résoudre demeure le cadre par lequel devra s’opérationnaliser ladite médiation. Quand on sait que tous les acteurs (légitimités coutumières et religieuses) de stabilisation sociale semblent inaudibles pour être eux aussi dans, leur écrasante majorité, protagonistes actifs de la situation. Ils semblent d’ailleurs arborer le manteau des politiques qui sont en perte vertigineuse de légitimité voire de toute crédibilité auprès du peuple.
Les griefs soulevés par le M5 contre le régime, en termes de gouvernance, sont loin d’être anodins. Mieux, ils doivent être pris en compte par le gouvernement.
Pour autant, le peuple M5 doit sortir de sa position toute tranchée au nom de la stabilité du Mali. Comme l’a écrit l’un des leaders de première heure dudit mouvement, qui n’est autre que l’ancien ministre et député de Kati Lanceni Balla Keita, dans une lettre ouverte à ses camarades : “évitons le radicalisme destructeur.” Ce, dans la mesure où plus rien ne serait comme avant comme l’a dit Me Moutaga Tall lors d’une de ses récentes sorties médiatiques. Déjà, un grand acquis est à mettre à l’actif du M5.
Entre autres prouesses, la mise en place d’une nouvelle Cour constitutionnelle, l’heureux dénouement de la crise scolaire à travers l’application diligente de l’article 39 relatif au statut particulier des enseignants du préscolaire, du fondamental et du secondaire et la main tendue du président IBK pour un gouvernement d’union nationale et qui constituent des concessions notoires de la part du régime.
Par ailleurs, du côté du Mouvement du 5 juin, les positions n’ont pas évolué.
Somme toute, les Maliens retiennent leur souffle. Tous ont peur d’un saut dans l’inconnu.
Si le dialogue était hier envisagé comme une simple option, il apparaît aujourd’hui comme un impératif.
Baba Bourahima Cissé
Journaliste -Communicateur