Avec ce qu’on nous donne à voir et même à vivre depuis un certain temps déjà, à quoi aura servi finalement la signature d’un accord de paix et de réconciliation entre l’Etat Malien et les groupes rebelles armés ? L’interrogation est légitime et elle mérite qu’on s’y penche sérieusement.
Les attaques meurtrières, peu importe leur modus opérandi sont tellement récurrentes, et nombreuses qu’elles sont en passe d’être classées dans la rubrique des « faits divers ». On attaque, on tue et la vie continue cahin caha, avec cette honteuse impression que les victimes aussi bien civiles que militaires sont mortes pour rien ou sara fou.
La vérité des choses
Qu’on ne me dise pas qu’aujourd’hui est mieux qu’hier. Balivernes! Les choses s’empirent de jour en jour. La paix et la réconciliation sont illusoires et chimériques même si on veut nous faire croire le contraire. L’insécurité se métastase sur l’ensemble du territoire national. Kidal ne fait toujours pas partie du pays avec cette forte probabilité d’une séparation future. Et pendant ce temps aussi incroyable que cela puisse paraitre, l’on s’accroche lâchement à un bout de papier qui n’aura été au final qu’un simple gentlemen’s agreement ayant juste permis de faire taire OFFICIELLEMENT les armes, mais surtout isoler davantage Kidal du reste du Mali, car malgré cette vraie fausse volonté d’unité et de réconciliation brandie çà et là, malgré le processus de paix enclenché, il est évident que les « nouveaux maitres » de la zone n’entendent pas intégrer le giron national ( ils le montrent quotidiennement). L’Etat du Mali mis à l’écart par qui nous savons, les rebelles se familiarisent au vu et au su de tout le monde avec la « gestion Etatique », s’autonomisent petit à petit en vue des prochaines étapes dont l’objectif final est et demeure l’Indépendance, pour ceux qui en doutent encore ! Kidal apparait aujourd’hui comme un presqu’Etat avec un espace, une population et une « autorité » la CMA., laquelle traite d’ailleurs d’égal à égal avec les autorités Maliennes.
Le schéma est savamment élaboré et fidèlement mis en œuvre par ceux qui y ont intérêt. Les rebelles, jusqu’à présent ont réussi un parcours sans faute avec cette annexion. Les campagnes médiatiques pour leur cause et l’activisme de ses responsables sur la scène internationale ont fini par donner à cette « lutte » une certaine légitimité et crédibilité.
Le drame, et c’est ce qui fait mal, le Mali n’oppose la moindre résistance à cette entreprise plus que flagrante de division de son territoire, ne propose aucune autre alternative crédible pour démontrer que c’est de son avenir qu’il est question et que nul autre ne saurait lui imposer quoi que ce soit.
Cette incroyable et humiliante capitulation du Mali, rarement vue dans les annales de l’histoire des peuples intrigue. Aussi les autorités Maliennes mesurent- elles le désastre dans lequel elles conduisent le pays par leur manque de vision et de courage ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à subir une telle infamie, une telle humiliation ? Nous l’avons toujours répété, le temps joue contre le Mali et la question de Kidal doit être incessamment résolue !
Un accord décrié
Il est certain que ce fameux accord d’Alger est intervenu dans un contexte assez difficile et pas très favorable pour le Mali. Telle une camisole de force, cet accord nous a été imposé et malheureusement nos autorités ont courbé l’échine. Un accord léonin qui n’arrange nullement le Mali et à terme compromet dangereusement son unité et son intégrité territoriale. Malgré tout, le Mali s’y agrippe incroyablement. Une incongruité qui laisse pantois ! Et ce n’est pas tout, ceux-là qui ont tout gagné avec cet accord dont l’implémentation leur est plus que favorable dans l’atteinte de leur objectif à court terme ne semblent pas presser outre mesure et bloquent par moment le processus, il faut comprendre que cela fait partie du jeu aussi. Une stratégie bien pensée pour maintenir le statu quo (ils ont toujours Kidal et c’est ça le plus important, le gère à leur guise). L’Etat Malien est out depuis 2014.
Aujourd’hui, ce qui échappe à la plupart d’entre nous, c’est que tout est fait pour nous faire oublier Kidal, alors que le véritable enjeu dans cette paix des braves est justement la question de Kidal qui ne fait plus partie du Mali en fait depuis un moment déjà et qui doit incessamment lui revenir. Stratégiquement on déplace le problème en créant d’autres foyers de tensions, on réussit à détourner l’attention des uns et des autres et pendant ce temps on lève le pied dans la mise en œuvre de l’accord (tant qu’il y a ce blocage les choses restent en l’état, Kidal étant toujours leur chasse gardée).
Le Mali s’embrase…… et la rébellion originelle n’y est pas étrangère
Les multiples attaques un peu partout sur le territoire national ne sont pas anodines. Pourquoi cette escalade de la violence, cette insécurité ? Le sang humain coule et ne fait plus peur aux Maliens ! Le tissu social se déchire, le repli communautaire est une réalité, chose assez incroyable pour un pays connu pour son brassage ethnique, sa concorde et sa tolérance etc.
On a tellement réussi dans cette entreprise macabre que c’est finalement le centre du pays qui détient aujourd’hui le triste record de l’insécurité. Ici on ne parle pas de séparation, mais la violence fait rage entre communautés ethniques sans compter aussi le grand banditisme qui étend ses tentacules dans presque toutes les contrées. C’est le branle- bas de combat sur l’ensemble du territoire ! Cette insécurité généralisée profite aujourd’hui à la seule CMA qui a fait main basse sur Kidal !
Qui travaillent à déstabiliser le Mali ? Qui sont derrière ces criminels ? On nous parle de djihadistes, peut-être, mais nous sommes persuadés qu’il y a un lien entre ces multiples attaques et cette rébellion originelle, ne serait-ce que pour avoir été, le cheval de Troie ayant permis à certains groupes islamiques de s’installer à demeure, et il est certain qu’elle a malheureusement fait aussi des émules, suscité des vocations. Le contexte socioéconomique délétère aidant, la cupidité des uns, l’ignorance des autres ont achevé de fabriquer des « tueurs par procuration » un peu partout.
Aussi la porosité entre les différents groupes armés (Djihadistes et rebelles) unis dans les crimes de sang et crimes économiques n’explique-t-elle pas cette poudrière sahélienne ? Pourquoi Kidal (détenue par les rebelles de la CMA) ne fait jamais l’objet d’attaques comme les autres localités du pays ? S’il s’agit véritablement des seuls Djihadistes, alors pourquoi Kidal est-elle épargnée ? Les cibles de ces pseudos djihadistes sont les symboles de l’Etat Malien, les forces armées et de sécurité nationales et étrangères, les civils Maliens comme par hasard. Réfléchissons un peu ! Et si tout cela faisait partie d’une conspiration menée de mains de maitre à seule fin de réussir cette séparation tant voulue par le MNLA et ses comparses ? Kidal, un ilot de sécurité dans cet enfer made in sahel ?
Le constat est qu’aujourd’hui, on a réussi à faire une césure nette entre le nord et le sud, entre la région de Kidal et les autres localités du Mali en créant une instabilité jamais connue dans notre pays. D’un point de vue géopolitique et géostratégique, les rebelles et leurs concepteurs ont réussi une véritable prouesse dans la lignée des grands génies militaires de l’histoire.
L’Etat doit se remettre sur pied
Depuis le début de la rébellion, le Mali ne fait que subir. Que de pertes en vies humaines ! Plus de 200 victimes, civils et militaires confondus en 2016 (source : AMDH). L’année 2017 commence très mal. Dernièrement une chape de plomb s’est abattue sur la ville de Gao avec l’attaque du camp de regroupement des patrouilles mixtes. Le bilan est lourd : des dizaines de morts et centaines de blessés en quelques secondes. Une hécatombe ! Et dire qu’il y a un accord de paix signé depuis plus d’une année. Allons-nous continuer à seulement compter nos morts, condamner, et attendre la prochaine attaque ?
L’Etat Malien doit s’affirmer. Il est clair que la défaillance de nos autorités est pour beaucoup dans ces multiples attaques meurtrières. Le Mali est toujours en guerre, mais l’Etat Malien est absent. Des mesures idoines doivent être incessamment prises pour sécuriser l’ensemble du territoire. En cela, les forces armées et de sécurité sont fortement interpellées.
Qu’est ce qui explique cette incapacité à circonscrire cette escalade ? Manque de moyens, d’hommes ? Absence de stratégie ? Peur de se battre ? Nous voulons savoir. On a rarement vu une offensive militaire des FAMAS. Ils se font surprendre à chaque fois et les terroristes attaquent tous azimuts. Ils s’en prennent aussi bien aux civils qu’aux militaires. Des mines sont posées çà et là. Quelques dizaines de quidams viennent en moto semer le chaos et repartir sans coup férir. C’est assez incroyable !
Il est temps de revoir la copie et nos officiers supérieurs en bons stratèges doivent pouvoir circonscrire le danger : Cibler les zones d’insécurité, procéder à un maillage par un déploiement massif des fantassins, activer les services de renseignements généraux en ayant de véritables relais au sein des populations locales. Nettoyer la zone, c’est-à-dire neutraliser systématiquement les criminels terroristes sans autre forme de procès au propre comme au figuré. Se positionner en grand nombre le long des frontières Mali-Algérie, Mali-Mauritanie, véritable passoir pour ces criminels. Envisager à moyen terme un transfert de l’Etat-major des forces armées et de sécurité vers le centre du pays (c’est là-bas qu’on a le plus besoin aujourd’hui de militaires, officiers et soldats confondus) etc.
Le militaire c’est après tout celui qui a accepté de défendre sa patrie et de protéger ses concitoyens. Le métier des armes est un sacerdoce. Que les volontaires se manifestent et ceux qui ne veulent pas, ne peuvent pas ou ont peur démissionnent tout simplement !
Une guerre asymétrique comme celle-là demande beaucoup d’engagement, mais pas seulement ça, elle se fait aussi avec beaucoup d’intelligence et de stratégies.
Militaires Maliens, le Mali et les Maliens vous attendent. Sécurisez nous dans un Mali Un et indivisible ! Faites honneur à la Patrie !
Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé
Avocat aux barreaux de Paris et du Mali
Tout à fait d’accord avec vous Main, mais il se trouve que les élus du peuple sont occupés à traquer les terroristes du net qui ont osé attaqué le vieux pervers haut perché, que le président entre un voyage et un sommet tous plus inutiles les uns que les autres, se fait hospitaliser à Paris, que les autres membres du gouvernement passent leur temps entre l’organisation de festivals, la visite de forêts classées qui n’ont de classée que le nom, signent des accords dont ils n’ont pas compris tous le sens ou essayent tant bien que mal de conserver leur pitance. Bref nous avons au pouvoir des autruches qui sont déconnectés de la réalité à force d’enfouir leur tronche dans le sol en étalant bien leurs postérieurs au vent. Ces gouvernants n’ont aucune vision pour le Mali.
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