Crise malienne : Déclaration de Djoyoro fa

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Au regard de la situation sécuritaire qui prévaut au Mali depuis janvier 2012, avec son cortège de détresse humanitaire, de désolation et de destruction de l’économie nationale, Nous, membres du groupe de réflexion et d’action dénommé « Association Djoyoro Fa », nous inclinons pieusement sur la mémoire de nos victimes civiles et militaires tombées sur le champ de l’honneur. A nos frères et sœurs vivant au quotidien l’humiliation et l’oppression de la part des forces d’occupation, nous demandons de garder foi en leur patrie le Mali.

 

Konimba SIDIBE, président C A Djoyoro Fa

Notre pays se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Il n’y a plus de place pour des procès d’intention ou des tiraillements partisans, encore moins pour des querelles d’écoles. L’heure est grave, depuis plusieurs mois nos parents vivent sous occupation, privés de leurs droits élémentaires. Nous saluons à sa juste valeur la chaine de solidarité qui s’est manifestée, sur toute l’étendue de notre territoire et au delà pour éviter à nos frères et sœurs meurtris dans leur chair et dans leur âme de connaitre le calvaire des camps de déplacés.  Nous sommes fiers aujourd’hui que nos compatriotes déplacés internes aient pu, en grande partie, être accueillis dans nos familles et dans des centres d’hébergement, sans aucune considération ethnique ou confessionnelle. Nous avons prouvé ainsi à la face du monde que la nation malienne est une réalité, n’en déplaise aux brebis égarés.

L’occupation progressive des régions septentrionales de notre pays par des groupes armés s’est accélérée après le coup d’état du 22 mars 2012.  Elle s’est traduite par la grave crise institutionnelle dont nous peinons encore à sortir. Des progrès ont certes été accomplis : signature d’un Accord cadre ; investiture d’un Président de la république par intérim, nomination d’un Premier ministre de transition ; constitution d’un gouvernement de transition, prorogation du mandat du Président intérimaire pour couvrir toute la période de transition, prorogation du mandat des députés pour la même durée afin de permettre le fonctionnement équilibré des institutions de la République.

Cependant, des questions de fond continuent de nous diviser à savoir : la fixation de la durée de la transition à douze mois ; la définition d’une feuille de route consensuelle pour assurer un bon cadrage des activités des organes de la transition.

Nous sommes tous d’accord aujourd’hui que la priorité absolue doit rester la restauration de l’intégrité territoriale de notre pays, le Mali. C’est seulement  sur la base des résultats obtenus sur ce front que nous pourrons nous atteler à la tenue d’élections présidentielles et législatives.

Nous saluons à sa juste valeur le soutien de la CEDEAO et d’autres acteurs de la communauté internationale. Cependant, force est de constater que le fétichisme juridique qui a été de mise au départ du processus a contribué à créer un sentiment de frustration et exacerber les rancœurs d’une bonne partie de la population du Mali vis-à-vis de ces acteurs externes. A cela est venu s’ajouter la saisine unilatérale du Conseil de Sécurité pour obtenir un mandat d’intervention militaire au Mali, alors même que le sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO dans une de ses décisions antérieures avait subordonné la mobilisation d’une telle force à une demande formelle des autorités maliennes. Pendant ce temps des négociations sont engagées  entre le médiateur et les forces d’occupation sans agenda clair et sans les représentants des populations maliennes, notamment les autochtones des régions occupées et favorables au maintien de leur terroir dans un Mali indivisible et laïc.

Il est par conséquent impératif et urgent que les maliennes et les maliens soient au cœur du processus de prise de décision pour résoudre la grave crise sécuritaire et institutionnelle dans laquelle notre pays s’enlise. Pour cela, une feuille de route précise doit être élaborée pour la période de transition à travers des échanges inclusifs entre tous les acteurs de la gouvernance du pays : les institutions de la république ; les partis politiques ; les organisations de la société civile ; les acteurs du secteur privé ; ainsi que les regroupements constitués par ces différents acteurs dans le cadre de la gestion de la crise actuelle.

Nous prenons acte des contacts initiés par le gouvernement pour la mise en place d’un cadre permanent de concertation. Cependant, donner à un tel cadre un statut permanent, malgré son caractère consultatif, pourrait ouvrir la voie à un certain bicéphalisme dont nous ne pouvons aucunement nous payer le risque, dans le contexte d’urgence que nous sommes. Par conséquent, nous invitons le gouvernement à examiner en lieu et place, l’institution d’un cadre partenarial Gouvernement, société civile, secteur privé et partenaires au développement. Ce cadre serait conçu comme un panel d’experts devant lequel, le gouvernement pourrait procéder de façon trimestrielle à la présentation de l’état de mise en œuvre de la feuille de route qui lui aura été assignée dans le cadre d’une concertation nationale que le gouvernement devrait s’atteler à organiser au plus tôt.

A cet égard, Djoyoro Fa, déterminée, a jouer pleinement son rôle dans la renaissance de l’Etat du Mali à travers la mobilisation de toutes les filles et fils de notre chère patrie pour qu’ils s’impliquent activement dans la promotion d’un mode de gouvernance au profit de l’intérêt général, propose que soit organisé, sous l’égide du Gouvernement un forum consacré à la synthèse de tous les actes et recommandations sortis des différentes rencontres et réflexions organisées à ce jour par les différentes coalitions constituées depuis le 22 Mars 2012.

Les actes de ce forum consacreront, une vision partagée sur le devenir immédiat du Mali dans les domaines suivants :

1.     Défense et sécurité :

–       Rôle et responsabilités de l’Armée malienne et des forces de sécurité nationale ;

–       Opportunité – format – facteur déclencheur de toute assistance extérieure ;

–       Opérationnalisation  du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité (CMSRFDS) – Composition- Mandat- Durée.

 2.     Gestion de la transition :

–       Durée ;

–       Mandat du Président de la transition ;

–       Mandat du Gouvernement ;

–       Mandat de l’Assemblée Nationale.

3.     Moralisation de la vie publique

–       Mise en œuvre des recommandations des rapports d’audit et de contrôle ;

–       Institution d’un dispositif de lutte contre de la corruption et la délinquance financière.

Sur ces différents points, la position de Djoyoro Fa est sans équivoque :

1.     Défense et sécurité:

–       L’armée malienne doit être en première ligne pour la libération des territoires occupés. Elle doit s’engager sans délai avec les moyens de bord. Les renforts en hommes et en équipements suivront.

–       Toute assistance extérieure doit se faire à la demande des autorités et de l’armée maliennes et sous la forme qu’elles considèrent la mieux appropriée.

–       Opérationnalisation du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité. Nous adhérons à la composition proposée par le gouvernement. Cependant en raison des expertises nécessaires pour mener à bien ce type d’exercice,  nous suggérons que le Comité  puisse disposer des conseils et avis d’un pool d’experts  compétents en la matière. En termes de durée, nous recommandons qu’elle soit alignée sur celle de la transition. Pour ce qui est du rôle de ce Comité, nous le voyons fondamentalement conceptuel, tandis que la mise en œuvre des reformes retenues reviendrait aux Ministères compétents sous l’autorité du Président de la République qui sera élu à la suite des prochaines élections et soumis au contrôle de l’Assemblée Nationale en marge des sessions budgétaires ordinaires.

2.     Gestion de la transition :

Durée de la transition : elle sera tributaire de l’agenda indicatif des forces armées pour la reconquête du septentrion malien.

–       Mandat du Président de la transition :

Prenons acte de sa nomination et situons son mandat dans le cadre prescrit par la constitution ; à savoir l’organisation des élections. Pour cela il devra travailler en étroite collaboration avec le gouvernement et l’ensemble des structures en charge de cette activité en temps normal. Les domaines de compétence exclus par la constitution doivent rester en dehors de son champ.

–       Mandat du Gouvernement :

Prenons acte de la nomination du premier ministre et lui reconnaissons la plénitude de ses compétences en matière de nomination des membres de son gouvernement. Situons son mandat dans le cadre des deux priorités que sont la reconquête du Nord et l’organisation d’élections libres et transparentes. Sur ces deux fronts, nous l’engageons à assurer la mobilisation des ressources financières nécessaires et veiller à la moralité et à l’efficacité des dépenses engagées sur les dites ressources. Nous l’engageons à user des pleins pouvoirs qui lui sont conférés pour s’assurer que tout acte posé au nom des institutions de la transition le soit dans l’équité et de justice.

–  Mandat de l’Assemblée Nationale :

Reconnaissons à cette institution la plénitude de ses prérogatives en matière législative. Suggérons l’exclusion de son domaine de compétence le contrôle de l’action gouvernementale pour éviter toute nouvelle crise institutionnelle au cours de la transition. Nous suggérons que soit examinée la possibilité de limiter l’extension du mandat des députés à une durée compatible avec l’organisation concomitante des élections présidentielles et législatives.

3.     Moralisation de la vie publique

La corruption, le népotisme, le trafic d’influence et la délinquance financière sont devenus la règle pendant que l’éthique et la déontologie restaient les parents pauvres de notre gouvernance économique et politique. Nous comprenons que toute action visant la moralisation de la vie publique doit s’installer dans la durée. Toutefois, il convient d’en poser les jalons pour rendre le processus irréversible, avant la fin de la transition :

–       Mise en œuvre des recommandations des rapports d’audit et de contrôle : nous engageons le gouvernement à donner la suite appropriée à cette question qui, depuis un certain temps, est devenue une question de crédibilité pour notre gouvernance dans son ensemble ;

–        Mise en place d’un dispositif permettant de rendre chaque acteurs et agents de la vie publique  comptable de la gestion des ressources ou attributs publics qui lui est confié.

Nous condamnons fermement :

–       L’assassinat du conseiller communal Idrissa Oumarou ;

–       La destruction du patrimoine culturel et la profanation des tombes dans les régions occupées précisément Tombouctou.

La situation est difficile mais pas désespérée d’autant plus que la résistance s’organise.

Nous soutenons fortement la résistance de nos frères et sœurs.

Nous terminons par des vœux d’espoir : espoir que nous vaincrons l’envahisseur, espoir que nous surmonterons tous les autres maux qui jusque là ont ruiné notre économie, notre société, bref, notre Mali. Cet espoir est permis, pourvu que chacun joue pleinement son rôle dans la cité.

Bamako, le 06 juillet 2012

Le Président du Conseil d’administration

Konimba sidibé

 DJOYORO FA

N°110, Immeuble ABK 1

Tél. 44 39 06 76 – Hamdallaye – ACI 200

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5 COMMENTAIRES

  1. EN FAIT la question qu’il faut se poser une association avec un président de conseil d’administration, serait elle le cabinet d’expertise de konimba ou c’est une “société associative” dont le plus qui possède d’action est indéniablement le chef, aussi pour que Konimba soit à la hauteur de sa valeur , il doit se défaire de du parena et de son maniaque et opportuniste tiéblin dramé. si ces conditions se reunireaient Konimba pourrait espérer beaucoup plus pour jouer un role historique ddans notre pays.
    le tché

  2. Une association de la société civile,elle ne merite pas d’être dirigée par Un KONIMBA SIDIBE Député à l’assemblée nationale,membre du bureau politique du Parena.

    On ne peut pas être des 2 côtés,Monsieur SIDIBE,vous devez faire un choix.

    Tout cela pour se positionner.

    • EN CE MOMENT TOUS LES HOMMES POLITIQUES DOIVENT CHOISIR PUISQU’4ILS SONT AU MOINS MEMBRE D’UNE DIZAINE D’ASSOCIATION;
      AUCUN TEXTE NE L’INTERDIT. CE QU’IL NE FAUT PAS C’EST APPARTENIR A DEUX PARTIS POLITIQUES EN MEME TEMPS.
      MONSIEUR SIDIDBE EST DANS SON ROLE MEME S’IL FAUT QU’ON LE DEMANDE UN PEU DE SOUPLESSE SINON LA RIGIDITE CONDUIT A LA RUPTURE

  3. Les vrais ennemis du Mali sont partis a OUAGADOUGOU ils doivent etre executer a leur retour ce sont des traitres voleurs opportunistes 😳 😳 😳 😳 😳 😳 😳 😳

  4. Bon vent a djoyoro fa. Que Dieu puisse que vous coupiez le sommeil au delinquants financiers. Amin

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