Samedi 7 juillet, à la fin de la rencontre de cinq chefs d’Etat de la CEDEAO à Ouagadougou autour du Président Blaise Compaoré, l’organisation ouest africaine a exigé la formation d’un gouvernement d’union nationale au Mali d’ici fin juillet. Quelque inacceptable et irréaliste que soit pour de nombreux Maliens cette énième exigence de la CEDEAO, il n’en demeure pas moins qu’elle découle de l’incapacité de toute la classe politique malienne à sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis plusieurs mois. C’est pourquoi, il est impératif que le gouvernement fasse preuve d’initiative en convoquant, le plus tôt possible, des assises nationales, pour que les Maliens puissent décider de leur propre sort.
En effet, il est grand temps que les Maliens se ressaisissent et reprennent leur destin en main. Il est grand temps que les Maliens parlent aux Maliens. Sur le sol malien. La solution aux problèmes du Mali ne viendra ni de Ouagadougou, ni d’Abidjan, mais de Bamako, sous l’arbre à palabre.
Le gouvernement de Cheick Modibo Diarra, formé après le retour à l’ordre constitutionnel, aura eu le mérite d’amorcer le processus de transition à un moment où la situation paraissait bloquée. Quelques mois plus tard, force est de constater que ce gouvernement donne l’impression de faire du surplace.
Une des raisons en est qu’il ne semble bénéficier du soutien ni des pro-putschistes, ni des anti-putschistes. C’est pourquoi, il est impérieux que Cheick Modibo Diarra prenne le taureau par les cornes.
Des assises nationales pourquoi faire ?
Ces assises devraient avoir pour but non pas de discuter pour discuter, exercice dans lequel les Maliens ont excellé ces derniers temps, mais pour faire des propositions, prendre des décisions concrètes, choses dont nous avons été incapables récemment.
Les assises nationales devraient décider, entre autres, de l’avenir du Premier ministre, de celui du président de la République, de la durée de la transition, d’un mandat clair assigné aux autorités de cette transition etc.
Les participants
Ces assises nationales devraient voir la participation de l’ensemble du peuple malien. Tous les partis politiques, toutes les organisations de la société civile, toutes les associations détentrices d’une autorisation légale, qui en font la demande officielle, devraient être représentés aux assises nationales.
La seule limite de participation qu’il faudra imposer devra être qu’aucune organisation ne devra participer sous le vocable de pro ou d’anti putschiste. Donc point de FDR, de MP22 ou d’autres mouvements nés à la suite du coup d’Etat du 22 mars.
Les participants devront être des Maliens. Point à la ligne. Les participants devront être munis d’un mandat de leurs organisations pour nommer un Premier ministre, un Président de la République. Pour ce faire, toute proposition de candidature devra venir du candidat lui-même, et non pas d’un quelconque groupe de soutien.
Primature
Par conséquent, la première chose que le Premier ministre devra faire sera de mettre en jeu son poste, laissant le soin aux assises nationales de le reconduire ou de l’éconduire. Dans le premier cas, il bénéficiera de la légitimité nationale pour conduire la politique gouvernementale pendant les prochains mois. Dans le deuxième cas, il pourra sortir la tête haute et se féliciter d’avoir servi son pays à un moment crucial de son histoire. Dans les deux cas, le Mali gagnera car l’homme qui sera désigné comme Premier Ministre aura le soutien de tout le peuple malien et ne sera pas imposé par une quelconque force ou organisation étrangère.
Le même scénario devra s’appliquer au président de la République.
La CEDEAO, dont le Mali est membre en tant qu’Etat souverain et qui nous accompagne tant bien que mal pendant cette période difficile, devra être invitée à assister à la rencontre pour pouvoir soutenir les décisions qui y seront prises.
Ce n’est que quand la stabilité politique reviendra à Bamako que le pays pourra véritablement décider et mettre en œuvre une politique pour le retour de l’intégrité territoriale du Mali.
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