Que d’humiliations et d’opprobre. Notre mère patrie, la République du Mali, ne cesse de subir, depuis le 17 janvier 2012, date du déclenchement de la nouvelle rébellion touareg engagée par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA).
Le Mali, réputé terre de brillantes civilisations, et qui a engendré de grands héros comme Soundiata, Kayamankan, Firhoun, Soni Ali Ber, Babemba, Samory, etc., végète depuis dans l’opprobre et l’indignation.
Jamais dans l’histoire de ce pays de braves combattants et de dignes descendants d’ancêtres glorieux, la désolation et l’indignation n’ont atteint un tel paroxysme. Face à l’inertie des forces de défense et de sécurité, les pauvres populations, se croyant frappées par l’anathème d’un destin implacable, croient trouver leur salut dans la résignation, l’exil ou le fatalisme.
Les pouvoirs publics, surtout les partis politiques qu’ils incarnent, préoccupés par l’imminence des échéances électorales, et peu soucieux de la sauvegarde des fondamentaux d’une République du Mali souveraine et indivisible, attachée à la préservation de sa devise: un Peuple– un But –une foi, se complaisent dans les concoctages de plans de sortie de crise unilatéraux, de capitulation.
Les forces de sécurité, méprisant et trahissant leurs serments d’engagés volontaires pour protéger et défendre le grand Mali au prix de leur sang, se laissent empêtrer dans la boue de l’infamie et du déshonneur. Voulant faire amende honorable, elles invoquent la qualité des armes détenues par l’ennemi; oubliant que nos ancêtres ont su opposer les arcs et bâtons aux artilleries lourdes du colon pour défendre nos terres contre l’occupation étrangère.
Les populations nomades de peau blanche, désabusées par une propagande sécessionniste, oubliant leurs liens séculaires avec les autres composantes de la nation malienne, se laissent endoctriner et embobiner par les idéologies de certains aventuriers et mercenaires, manipulés par des forces démoniaques étrangères qui ont toujours vu en mal la grandeur d’un Mali uni et digne, d’une population laborieuse, respectueuse de son passé et confiante en son avenir.
Partout, c’est la désolation, la démission, sinon la trahison collective d’un Mali qui ne manque ni de valeur militaire, ni de conscience nationale, encore moins de combattants patriotes, comme nos chasseurs traditionnels (donsos).
Cependant, tout le psychodrame que vit le peuple malien depuis le déclenchement de cette guerre ethnicisée qui ne dit pas son nom, était prévisible, pour de simples raisons qu’il faut évoquer entre autres. Est-il besoin de rappeler que certains tamasheqs de Kidal n’ont jamais accepté le pouvoir «des esclaves noirs de Bamako»; ou de préciser que certains parmi ceux-ci, ont toujours aspiré à mener, sous le couvert de la culture nomade, une vie de féodal et d’esclavagiste des temps modernes?
Que ces mêmes gens se sont toujours appropriés des fonds et biens financés par l’Etat et les bailleurs pour créer les infrastructures destinées au développement des zones du Nord Qu’en se désengageant du Nord, dans le respect du fumeux Accord d’Alger arrachée à la sauvette en vue d’instaurer une prétendue démocratie libérale, le Gouvernement du Mali, la classe politique et les organisations de la société civile ont cautionné la partition du Mali?
Que le Mali ne devait pas accepter d’organiser sur son sol le Maouloud de Kadafi à Tombouctou en 2006, qui n’a brillé que par le mépris réservé aux symboles de l’Etat au profit de certains amis du Guide en provenance de Kidal, qui n’étaient que les éminences grises des rebelles?
Que les autorités ne devraient pas se laisser divertir par des questions sordides de libération d’otages occidentaux ni permettre à AQMI de s’installer sur notre territoire? Enfin, qu’il fallait exiger des autorités de l’OTAN, voire de l’ONU, la prise en charge des effets collatéraux de la crise libyenne?. Force est de reconnaître qu’en amont il y a eu tout un amoncellement de fautes graves, à tous les niveaux.
Que faire? La question n’est plus de savoir qui a dit ou fait quoi, pour accuser qui ? A qui la faute? Qui est responsable? Comment situer les responsabilités? Maintenant, la question est de savoir comment rétablir l’ordre intérieur républicain, assurer la tranquillité et la sécurité dans tout le pays, du Nord au Sud, d’Est en Ouest et au Centre, sans se préoccuper surtout des petits calculs partisans, électoralistes, ethnocentriques ou de prébendes.
Pour cela, il faut parer au plus pressé, avec un sursaut patriotique pour créer immédiatement, sans délai, un Front patriotique pour la défense nationale (FROPADEN), avec l’apport de toutes les sensibilités nationales, avec des acteurs issus des Etats-majors militaires, partis politiques, organisations de la société civile, administration, chefferie traditionnelle, confessions religieuses.
Il faut aussi trouver, par toutes les voies et procédures requises, les moyens logistiques nécessaires permettant aux militaires de mener un combat à longue haleine et exhorter les forces armées et de sécurité, surtout les soldats, à plus d’engagement, de sacrifice, de combativité et de professionnalisme, pour garantir la victoire militaire sur le terrain.
Il faut également engager tous les officiers supérieurs aptes physiquement sur les différents fronts de belligérance, sans aucune distinction de grade ou autre exception, auprès de leurs pairs et frères d’armes comme Dacko, Gamou, Ould Meydou et organiser une collecte transparente de fonds ou contributions volontaires nécessaires pour soutenir l’effort de guerre, auprès de tous les Maliens, de l’intérieur ou de l’extérieur, ainsi que leurs amis ou sympathisants.
Il faut mobiliser et former les forces vives pour détecter, traquer et combattre les rebelles ou leurs complices, partout où ils se trouvent en territoire malien, en s’inspirant de l’expérience de Ganda Koï ou d’autres groupes d’auto-défense préparées aux stratégies de guérilla; armer et organiser dans toutes les villes du Mali des forces civiques pour assurer la défense locale des personnes et des biens et placer momentanément les populations vivant dans les zones théâtres d’opérations militaires, en zones sécurisées à l’intérieur du territoire national, en leur apportant toute la solidarité nationale requise.
Il faut enfin mener des campagnes d’information et de sensibilisation au plan national, sous-régional et international, sur les enjeux réels de cette rébellion et ses conséquences systémiques au plan sous régional ou continental; amnistier les rebelles repentis qui accepteront de rendre leurs armes et de se reconvertir dans d’autres activités pour leur épanouissement économique et social et convaincre ou mettre en demeure l’actuel Président dela Républiquede rester exceptionnellement en fonction jusqu’à la résolution définitive de la crise.
Est-il besoin de rappeler qu’il est prouvé que chaque fois que les Maliens ont été désunis ils ont perdu, comme ce fut le cas à Tondibi; et que chaque fois qu’ils ont été unis, ils ont triomphé, comme ce fut le cas le 22 septembre 1960. Aussi, l’ultime et inconditionnelle union du peuple autour du Chef des armées, pour défendrela Républiqueet rétablir l’honneur et l’intégrité de la mère patrie est-elle plus que jamais indispensable.
Telles sont, par conséquent, les onze propositions qui s’imposent comme solutions à cette dramatique crise du Nord Mali, qui perturbe les activités quotidiennes des paisibles populations maliennes, qui n’aspirent qu’à la paix et au développement. Elles ne sont pas absolues et peuvent être enrichies, complétées ou amendées par tous les Maliens épris de paix et de justice. Pourvu qu’elles puissent servir de contribution aux stratégies nationales pour vaincre la rébellion et promouvoir la paix et le développement dans la sauvegarde de l’honneur et l’instauration de l’intégrité territoriale dela Républiquedu Mali.
Abdoulaye FOFANA
Assistant parlementaire
Assistant en Droit Bamako