Crise au nord du Mali : Le Mali est à la croisée des chemins

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Le Mali est à la croisée des chemins avec  l’occupation des régions de Gao, Tombouctou, Kidal et une partie de la région de Mopti par des groupes armés qui sèment la terreur et la désolation avec ses fils assassinés, lapidés à mort, leurs mains coupées, les filles violées, ses populations abandonnées sans nourritures, ni accès à l’eau potable, ni soins, privées de libertés, monuments vandalisés et détruits etc.

Le Mali est à la croisée des chemins à travers une divergence persistante de la classe politique suite au coup d’état du 22 mars 2012.

Le Mali est à la croisée des chemins car le président intérimaire n’est toujours pas accepté par certaine sensibilité politique.

Le Mali est à la croisée des chemins car son gouvernement de consensus ne fait toujours pas le consensus pour une certaine classe politique.

Le Mali est à la croisée des chemins avec ses soldats divisés entre bérets verts  et bérets rouges et une chaîne de commandement désarticulée.

Le Mali est à la croisée des chemins car il ne semble plus être maître de son destin, son avenir se décidant ailleurs par des pays qui ne sont pas forcément des pays amis et qui offrent  gîtes, soins et appuis à des ennemis du Mali.

Le Mali est à la croisée des chemins car ses fils et filles continuent de vouloir tous avoir raison sur l’autre alors même que le péril est dans la maison Mali.

L’exception malienne de démocratie et de stabilité se transforme en un cauchemar. Le peuple du Mali mérite certainement mieux que ce cauchemar. C’est ainsi que le  pays des grands empires de l’ouest africain a perdu son âme pour devenir un état faible incapable de prendre en main son destin et de relever le défi qui se présente à lui parcouru par des courants contraires entre ses fils et ses filles que ce soit sur le plan politique et institutionnel que sur le plan de la sécurité et de la défense. Ce pays qui jadis faisait la fierté des Maliens et des africains, envié pour son histoire, ses grands hommes politiques, ses intellectuels, sa démocratie, l’ingéniosité de ses fils avec leur âme d’aventuriers à la découverte de l’Afrique et du monde, l’attachement de ses enfants à leur terre natale qu’ils s’évertuaient à faire prospérer de génération en génération malgré les affres de la sècheresse et de la pauvreté, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.

Je parle de ces millions de Maliens vivants à l’étranger, en Côte d’Ivoire, au Congo Brazzaville, en RDC, en Angola, au Niger, au Sénégal, en France, en Arabie Saoudite, en Amérique et dans beaucoup d’autres pays africains, européens et asiatiques  dont je fais l’économie de citer qui, malgré la distance vivent, respirent et ne pensent qu’au Mali qu’ils soutiennent de toute leur âme, pour ces fils du pays aucun sacrifice ne peut être de trop .

Je parle de ces millions de Maliens, agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, artisans, artistes, ouvriers, commerçants, qui ont toujours été les plus grands contributeurs à la création de la richesse nationale hier comme aujourd’hui et qui méritent un pays avec un autre visage que celui présenté aujourd’hui par le Mali.

Je parle de ces millions d’élèves et d’étudiants maliens privés d’écoles dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou et devant forcement subir partout les influences négatives de cette double crise sur la qualité de l’enseignement reçu, qui était déjà moribonde depuis belle lurette. Ce sera à coup sûr la seconde mort de l’enseignement au Mali si les choses doivent restées en l’état.

Je parle de ces milliers d’opérateurs économiques privés au Mali, véritable poumon du dynamisme économique malien qui ont pris des risques et ont  investi dans des secteurs riches et variés comme le transport, l’hôtellerie, l’imprimerie, les mines, les industries légères, l’agro-alimentaire, le négoce, les banques, les assurances, l’immobilier, etc. et qui aujourd’hui pour la plupart assistent à l’affaissement vertigineux de leur chiffre d’affaire avec comme conséquences des salaires du personnel incertain voire des licenciements,  des remboursements des prêts compromis avec des risques importants des pertes d’unités de production souvent mises en place après plus de vingt ans de dur labeur ; ces personnes attendent d’autres choses qu’une classe politique divisée avec le retrait de tous les partenaires financiers.

Je parle de ces milliers d’agents de l’état, civils ou militaires dans l’administration publique et la justice, dans l’enseignement, dans la santé et le développement social, dans le développement rural, dans l’économie et  les finances publiques, dans la culture et l’encadrement de la jeunesse, dans le transport et l’équipement, dans l’énergie et les mines, dans la sécurité, dans l’armée, etc. qui sont complètement désemparés de voir l’Etat qu’ils sont sensés servir disparaitre un peu plus tous les jours.

Je parle de ces hommes, de ces femmes, de ces personnes âgées, de ces enfants du Mali, de Kayes à Ansongo, de Tessalit à Kadiolo anonymes qui n’ont rien fait, qui n’ont rien dit, qui ne sont d’aucuns partis politiques, qui ne sont ni béret vert, ni béret rouge, qui ne sont ni CSM, ni Copam, ni FDR, ni islamistes, ni indépendantistes, mais qui constituent la grosse majorité silencieuse et qui n’aspirent qu’à vivre en paix dans leur pays, le Mali. Ceux-ci méritent autre chose que l’image que le Mali présente aujourd’hui à la face du monde ;

Je ne sais pas pourquoi les Maliens n’ont toujours pas compris qu’il est dans leur intérêt que ce problème soit réglé surtout par leur propre effort? Et que toutes autres formes de règlement de cette crise ne se feront probablement pas à l’avantage du Mali.

Qu’ils n’ont logiquement pas à attendre que des samaritains viennent les aider et faire le boulot à leur place? Les pertes humaines, matérielles et financières seront forcément consenties. Toutes les forces du pays doivent être unies et mobilisées pour ce combat de l’existence de notre pays, de l’état malien et de la nation malienne. C’est maintenant qu’on doit forger la nation malienne plus qu’au lendemain de l’indépendance.  Les erreurs de jugement d’Alpha et d’ATT doivent être évacuées car leur récrimination n’est pas productive dans le contexte actuel. Il ne s’agit pas non plus du positionnement d’aucun parti ou de putschistes pour le futur car au sortir de cette crise absolument tout sera recomposé et on ne sait même pas qui en sortira vivant. Maintenant il ne doit plus être question de réflexion sur ce que j’obtiendrai demain, mais comment éviter que je n’ai plus de pays demain, ou que je ne sois pas demain ressortissant d’un pays dirigé sous une fausse charia avec des chefs incultes, narcotrafiquants,  criminels de grands chemins venant du nord du continent au-delà même du Mali. La question que je me pose, est ce que les gouvernants, la classe politique, la population tout court se rendent compte de cet danger qui nous guette. Si oui, comment se fait-il qu’on ne trouve pas l’union des cœurs et des esprits, pourquoi on ne sent pas cette population se manifester? Le désabusement des Maliens sera-t-il aussi profond jusqu’à l’anesthésie? Que faudra-il faire pour réveiller cette population?  L’équation est simple, soit ce qui reste de l’Etat et de la nation malienne est capable de s’organiser, de parler d’une seule voix et d’apporter une réponse à la situation actuelle, soit il n’est pas capable et on aboutira à quelque chose que personne ne peut prédire mais qui ressemblera vaguement à un territoire livré à lui-même régit par la loi du plus fort classique au sens large du terme.

Dans le contexte de l’intervention acceptée des forces étrangères sur notre territoire, le rôle que joueront nos forces de défenses dans la libération future de notre pays sera déterminant. Si nous assistons de loin à cette intervention sans rôle déterminant, les négociations futures se feront au détriment du Mali et en faveur d’autres acteurs non désintéressés par l’intermédiaire de leurs sous-fifres locaux. Autrement dit avec ou sans forces étrangères, le Mali a nécessairement besoin d’une force remobilisée, déterminée, équipée, républicaine capable de défendre l’intérêt supérieur de la nation malienne. Comme dit l’adage on est mieux servi que par soi-même. J’espère que les Maliens se rendent compte de cette évidence et que  la sagesse, le pardon mutuel,  la poursuite de l’intérêt supérieur de la nation l’emporteront sur les querelles d’égo, d’intérêt personnel ou de conviction basée sur des certitudes discutables.

Que Dieu bénisse le Mali !

Dr. Mamoudou Thiero

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1 commentaire

  1. Le titre “Crise au Mali” serait beaucoup plus approprié que ” Crise au Nord Mali’

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