Courrier d’un lecteur africain. En réponse à l’article ‘’ Kamissa Camara à la tête de la diplomatie malienne : Un choix autonome ou suggéré ?’’

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J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre papier, intitulé ‘’Kamissa Camara à la tête de la diplomatie malienne : Un choix autonome ou suggéré ?’’ publié le 14 Septembre 2018 sur le site d’information Maliweb. Cependant, je ne partage pas totalement votre opinion et ce pour plusieurs raisons.

Ce débat sur  la nomination du ministre des affaires étrangères  est constant et concerne aussi l’Algérie, le pays où je réside. Dans votre article, vous mentionnez le profil et ‘’l’âge  des ministres des affaires étrangères des cinq pays disposant du droit de véto, à savoir les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande Bretagne et la France. La moyenne d’âge est de 52 ans et tous sont des diplomates chevronnés ou des hommes du sérail. ‘’

De mon point de vue, une définition du mot sérail aurait été utile dans votre article. Dans votre analyse, vous faites abstraction de la nomination du spécialiste en épidémiologie Philippe Douste Blazy au poste de ministre français des Affaires étrangères de 2005 à 2007, une nomination qui devrait vous poser un certain nombre de questions sur son parcours  politique. Son expérience professionnelle ne cadre pas avec la fonction qu’il a occupée au Quai d’Orsay .L’exemple de Douste Blazy est un exemple parmi tant d’autres. Le débat sur le mode de désignation du chef de la diplomatie est un débat sans fin. Le gouvernement et  l’opposition avancent  leurs propres arguments sur la désignation du ministre des affaires étrangères.

Aussi longtemps que  la surenchère des  parcours politiques et universitaires des ministres   perdure au sein de la société algérienne et malienne, l’élite politique  ne peut se structurer  et être à la hauteur des nombreux enjeux auxquels font face les deux  pays dans l’actuelle conjoncture, aussi bien géopolitique que sociale. La surenchère aux diplômes et sur l’âge  favorisent les inégalités. Le diplôme tout comme l’absence de diplôme n’ouvre pas forcément droit à des  fonctions supérieures de l’Etat,  car l’examen et l’adoption des décisions individuelles de nominations  à des fonctions supérieures de l’Etat n’obéissent  à aucune logique. En outre, aucun critère d’accès à une fonction supérieure de l’Etat n’est mentionné dans la constitution algérienne et la constitution malienne. De plus, il est utile de différencier entre le Curriculum Vitae (CV) d’un ministre et la composition de son équipe ministérielle qui est appelée à remplir les missions qui leur sont attachées.

Il serait plus intéressant d’analyser la composition du cabinet du ministre (âge, position statutaire : détachement, activité …) ; l’organisation de l’administration centrale du ministère, la création éventuelle de postes de ministres délégués aux affaires étrangères  et la nomination des chefs de mission diplomatique. Donner la chance aux jeunes en vue de leur permettre de développer leurs idées et de les concrétiser dans la gestion des affaires de l’Etat ; sans basculer dans le jeunisme, tel est le principal défi à relever. Par ailleurs votre papier nous  amène à réfléchir sur le concept de jeunesse. La nouvelle ministre  des affaires étrangères   possède des compétences  .Bonne Chance Madame la Ministre.

Benteboula Mohamed-Salah. Géographe panafricain

Beyusek@hotmail.fr

Auteur du livre ‘’La diplomatie algérienne à deux têtes ‘’ Editions  Amazon

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