Salut mon cousin, comment se porte le bétail dans le Daouna. Il semble maintenant que tu dois être riche car tu as dans ton troupeau des sujets à la robe particulière. Des sujets bien recherchés par les grands marabouts au service des hommes du pouvoir. Pour la petite histoire, Bouri a passé quelques moments difficiles chez des bidasses. Il aurait conduit à l’abattage deux taurillons noirs qu’on devrait immoler en aval du barrage afin de satisfaire le génie de l’eau. Avec ces temps d’insécurité, il a été confondu à des malfrats et a été obligé de dénoncer le commanditaire qui se trouve être un grand quelqu’un. C’est à partir de là qu’il recouvra sa liberté. C’est bien fait pour lui car ce petit aime trop l’argent.
Cher cousin, les temps sont très durs avec la chasse aux malfrats engagée par les nouveaux dirigeants ; l’argent sale qui maintenait notre niveau de vie à la hausse a disparu. Du coup, nos oligarques locaux deviennent de moins à moins arrogants car on n’est sûr de rien avec ce Simbo national. La crise a même empêché la tenue de l’édition du « pendeloudanse » de nos nanas « benz ». Celles-ci se sont contentées seulement d’un petit « soumou » avec une vedette de moindre pointure. Rien de comparable avec la dernière édition où la maure a été sacrée championne pour avoir autour de sa taille un chapelet en or. De même, les prix ont plongé cette année dans les « sexyshop » lors de la dernière édition de la grande pollution culturelle. Les toubabs ne sont pas venus comme avant et les « sexebussinesseur » ont piqué du nez. C’est bien fait pour ces commerçants de la chair frêle.
Cher cousin, le pouvoir a changé de main dans le delta. Celui qu’on avait contraint de partir vers Mopti est désormais le nouveau patron des eaux et des terres. Ce dernier a comme patron un autre revenant en la personne du docteur Camopa. Déjà, les couleurs ont été données avec ce grand mouvement du personnel et la descente musclée en off du docteur Camopa. A part le Perouvien et Badjene (ce qui se comprend), tous les zonards ont bougé. Même le consul de Gampaga / Yatenga n’a pas échappé.
Cette situation d’incertitude et de repositionnement fait le bonheur des marabouts et autres prestataires. Les premiers, au nom du tout puissant, vous exigent des sacrifices de tout genre. L’autre jour en venant du bureau, j’ai surpris un des chefs entrain de planter un mortier sur notre bretelle qui n’a même pas été réceptionnée d’abord.
Sur la route nationale 6, tu croiseras des calebasses pleines d’œuf et de cauris. Tout cela pour rester à son poste.
Parallèlement au marabout, les prestataires s’invitent aux débats. Ils ont un carnet d’adresses suffisamment riche et vous promettent d’aller défendre votre cas au besoin chez le premier malien. Mais il faut pisser avant car ils ne sont pas tenus par des résultats.
Cher cousin, il semble que les récoltes n’ont pas été à hauteur de souhait. Le vacarme politique a renvoyé au second plan cette réalité. C’est pourquoi il faut instruire à Samba de m’envoyer quelques sacs car on ne sait jamais. Sur le plan politique, c’est la débandade totale des partis. Aujourd’hui, on joue aux individualités avec en tête Mister Jallil.
Bien de choses à toi et aux autres.
Par ton cousin Morifing.