Coup d’état raté en Guinée-Bissau : Le plausible coup d’arrêt à la vague des coups d’Etat en cours

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Depuis un certain temps, les pays de l’Afrique de l’Ouest font face à une instabilité qui remet en cause la démocratie dans des États déjà fragiles. Cette instabilité conduit à des coups d’État qui semblent être appréciés par l’opinion publique. La tentative de coup d’État contre le président Umaro Sissoco Embaló vient s’ajouter à la longue liste des tentatives.

Le Président Embaló s’en sort indemne et mène fermement la barque dans son pays. Cela s’explique d’une part par le contexte national caractérisé par une instabilité institutionnelle depuis des années et d’autre part par l’actualité sous-régionale, marquée par une série de coups d’Etats. Depuis son ascension à la souveraineté à la suite d’une guerre de libération nationale en 1973. Le pays connaît des crises politiques à répétition. A cela s’ajoutent le narcotrafic et la corruption au sommet de l’État ainsi que des forces armées. Ce semblant de stabilité depuis l’élection présidentielle est remis en cause.

Élu à la magistrature suprême de la Guinée-Bissau en fin d’année 2019, à l’issue d’un scrutin présidentiel contesté par son rival et l’Assemblée nationale, le Président Umaro Cissoco Embaló n’a pas su faire l’unanimité dans cet Etat de l’Afrique de l’ouest, fragilisé par une longue histoire d’instabilité avec quatre coups d’Etats et seize tentatives jusque-là. Cet ancien général de brigade, a occupé le poste de Premier ministre à la suite d’un accord politique avant de démissionner. Arrivé à la tête du pays, il a promis de faire de la corruption et du narcotrafic son cheval de bataille pendant son mandat, dans un pays gangrené par la corruption et le trafic de drogue.

Depuis des décennies, la Guinée-Bissau est la plaque tournante du trafic de cocaïne venant de l’Amérique du Sud en destination de l’Europe. Elle est classée dans la catégorie des narco-États par l’Office contre la drogue et le crime des Nations Unies (ONUDC). Les dirigeants, même au plus haut niveau de l’État et de l’armée sont impliqués depuis des années dans ce trafic.

Cette tentative de coup de force intervient lors d’un conseil des ministres extraordinaire, où des militaires lourdement armés, ont attaqué le palais du gouvernement. A la suite de longues heures de tirs nourris, la situation a été reprise par la garde présidentielle. Après cet incident qui a fait plusieurs victimes, le Président Embalo est apparu dans les médias serein et détendu lors de sa conférence de presse. Une manière pour lui, de rassurer l’opinion publique qui s’emballe rapidement dans de pareilles circonstances.

Un “acte préparé et organisé”, selon lui dont l’objectif était d’attenter à sa vie. Sans nommer explicitement les auteurs, il affirme que ceux-ci “doivent venir de ceux qui sont contre les décisions qu’il a prises, notamment dans la lutte contre le narcotrafic et la corruption”. Ce qui montre qu’il sait à qui il a à faire et le but principal de ce qu’il a appelé d’attaque contre la démocratie. Il a affirmé que des arrestations sont en cours et que les instigateurs seront traduits en justice.

Contrairement aux pays ouest africains qui ont récemment connu des coups d’Etats, le contexte Bissau-guinéen est tout autre. Ce pays n’est pas menacé par l’insécurité qui prévaut au Sahel, mais l’actualité sous-régionale aurait pu inciter les auteurs à passer à l’acte car, les institutions régionales et la communauté internationale regardent avec impuissance ce sigle qui se propage en Afrique. La situation en Guinée-Bissau reste confuse et le Président tente tant bien que mal à diriger, mais cela révèle qu’il n’a pas toujours le contrôle de l’appareil sécuritaire du pays.

 

Bah Traoré

(Etudiant à l’Ucad de Dakar)

 

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