Contribution: Un visionnaire l’avait prédit, une nouvelle crise se profite à l’horizon à cause de l’immixtion des religieux dans la sphère politique.

0
Une vue des religieux lors d'une cérémonie

Un éminent visionnaire, doublé d’un homme de lettres de grand talent ayant été témoin de l’époque coloniale à nos jours fit une observation minutieuse sur l’évolution du  Mali. Avant sa mort il regarda longuement sa descendance et leur parla avant de fermer les yeux en ces termes empreints de pressentiment

« Mes enfants, votre avenir est inquiétant tout à la fois déstabilisant. Rien qu’en y pensant j’ai la sensation d’avoir des vertiges, des frissons et le dégout de l’existence humaine. Je suis au soir de ma vie vous le savez mieux que quiconque. Mes heures sont désormais comptées. Je suis un patriote convaincu pour avoir donné à ce pays qui m’a vu naître, grandir et vieillir. Le monde est beau cependant votre lendemain me semble largement compromis. L’espèce humaine n’a malheureusement aucune limite. Les dirigeants des dernières décennies jouent avec le feu en associant sans cesse les religieux dans la sphère politique. Un jour viendra ceux-ci se mordront sans aucun doute les doigts. Une crise d’un nouveau genre pointe inéluctablement à l’horizon. Elle serait plus coriace que celle du nord, beaucoup plus violente dans sa manifestation que celle qui embrase la moitié du Mali et la partie sud. Le jour qu’elle éclatera l’intervention des policiers, aux gendarmes en passant par la garde républicaine serait vain pour venir à bout des étincelles à plus forte raison que d’éteindre ses braises ardentes. Cette crise proviendrait des tendances religieuses qui auront du mal à cohabiter. Elles vont d’abord s’agresser verbalement comme c’est le cas sur les réseaux sociaux avant de s’entre déchirer. Personne ne peut prédire l’issue fatale de cette altercation. Ce jour-là n’est plus lointain, vous me donnerez raison dans ma tombe. Notre développement se métamorphoserait en reculade monumentale par la seule faute de nos dirigeants ».

Suite à ce monologue bouleversant le vieil homme ferma les yeux dans un silence de cathédrale. Les uns et les autres se regardaient mutuellement sans mot dire. Soudain, retentit des cris de détresse. Là tout le quartier accouru vers la famille. Effectivement le Vieux Samba Galadjo natif de Logo Sabouciré de la grande famille Soriya venait de tirer la révérence en laissant à la postérité une flambée de mots en héritage. Eu égard à la situation politique qui prévaut ces derniers temps en terre malienne n’avait-il pas raison ?

Aujourd’hui personne n’est sans savoir la fracture énorme qui se creuse entre les courants religieux jour après jour. Et au milieu nos dirigeants complètement impuissants à les regarder faire.  En réalité, quand les hommes politiques arrivent à leur limite n’importe qui fait irruption dans la sphère politique. Lorsque Mahmoud Dicko dit haut et fort lors du meeting du 10 février à qui veut l’entendre : « A partir de cet instant, nous allons accaparer l’espace politique. On est en droit de se poser la question suivante :

Que faisons-nous de la laïcité inscrit en lettre d’or dans les pages de la constitution malienne ? Par où s’est volatilisée l’autorité de l’Etat ? Qu’allons-nous sortir de l’impasse ? Tout indique qu’aujourd’hui nos dirigeants ont le dos au mur. En ces moments difficiles et douloureux que traverse l’histoire du Mali, que trouverait à dire feu Ousmane Sacko le rossignol du Khasso ? Lui qui vantait tant son pays natal dans la chanson hormis se remuer dans sa tombe « Sogona oh que le Mali est délicieux » dans la langue de Molière, littéralement en langue Bamanan « Sogona Mali Kadi ».

Sogona le Mali est délicieux.

J’ai parcouru le monde et je n’ai point vu un pays pareil que le Mali.

Que ce soient au Congo, en Guinée, au Ghana, en Ethiopie, à Sofia, en France à Alger j’en passe…

Sgona, le Mali est délicieux.

Notre pays produit du riz en quantité, du mil autant que de beaux habits.

Le pays possède des merveilles.

Sogona le Mali est délicieux.

Les maliens sont d’une hospitalité et d’une générosité sans faille.

Les uns et les autres s’entraident en eux.

Sogona le Mali est délicieux.

Que reste-t-il de nos jours de ce beau Mali d’hier si bien fredonné par l’artiste ?

Plongé dans mes réflexions, dans tous mes états, une voix me répondit en ces termes : « Est-ce le signe annonciateur de la décadence et du déclin de notre grand Mali tant vanté par les récits des historiens et les dépositaires de la tradition orale ?

L’avenir nous le dira. Alors jeunesse malienne réveillez-vous maintenant sinon demain il serait beaucoup trop tard…

Aboubacar Eros Sissoko

Commentaires via Facebook :