Contribution : Organe unique de gestion des élections : un débat dépassé et inutilement embrouillant

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Personne ne remet en cause l’utilité de la mise en place d’un Organe unique de gestion des élections (OUG). Les conclusions du DNI de décembre 2019 ont consacré le principe de sa création.

Personne ne peut nier que le timing de sa création ne soulève pas de graves inquiétudes, vu les réformes juridiques et la taille des structures et du personnel qualifié à mobiliser. Le DNI a préconisé 3 ans pour satisfaire aux conditions de mise en place d’un OUG indépendant et pleinement opérationnel.

L’atelier de concertation de l’Administration et des partis politiques, du 29 et 30 juin 2021, a conclu à l’impossibilité de compresser les 3 ans du DNI en 7 mois qui restent à la Transition politique. Pour éviter de mettre en place un OUG bricolé et à refaire, ils ont souhaité confier la tâche au futur pouvoir élu. Sage décision. Personne ne nie que les élections à venir ne doivent pas être organisées par l’arsenal organique habituel en l’état (MAT, DGE, CENI, CC).

L’atelier du 30 juin a recommandé les réformes nécessaires pour renforcer les pouvoirs de la future CENI. Cet accord politique aurait dû mettre fin aux débats. Hélas ! Le PM organise une semaine après son propre atelier avec la classe politique et relance l’idée de mettre coûte que coûte en place l’OUG. Cacophonie au sommet ? On ne sait plus où aller ? Nouvelle formule de bonne gouvernance ? Qui sait ?

Pour couper court à cette envolée lyrique de certains jusqu’au-boutistes, les syndicats des fonctionnaires de l’Administration territoriale ont fait un communiqué (copie ci-dessous attachée) pour annoncer qu’ils boycotteront l’OUG, tel qu’envisagé par le PM et son clan politique (voir les raisons évoquées dans le communiqué).

Ce communiqué nous met face à une impasse. Si le PM ne veut pas endosser la proposition de l’atelier du 30 juin organisé par le MAT, les fonctionnaires du MAT refusent d’adhérer dans le temps imparti à la Transition, à la proposition de l’atelier du 8 juillet organisé par le PM. S’il n’y a pas d’accord au plus vite, il n’y aura pas d’élection présidentielle. Sans élection, la Transition risque de sombrer ou d’être prorogée. Qui a intérêt ?

Il est plus raisonnable de proposer, dans ce cas-ci, de faire la politique de ses moyens : endosser la proposition faite lors de l’atelier du 30 juin, avec cette différence près, de créer une structure transversale intégrée de suivi de tout le processus, dans laquelle pourraient figurer les représentants des PTF.

L’OUG attendra de réunir les moyens adéquats, pour voir le jour, au lieu de se précipiter et de causer sa propre mort prématurée. Le président de la Transition devrait prendre la parole et mettre fin à cette cacophonie qui fragilise davantage son régime, dans le respect de ses engagements pris devant Dieu et le peuple.

Dr. Mahamadou KONATE

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