Contribution : L’exigence d’une bonne gestion de la communication gouvernementale

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La communication formelle est organisée par l’état pour être mise au service de ses populations. Elle est pensée en termes d’images, d’objectifs, de documents, de procédures. Elle revêt donc une importance particulière selon les objectifs visés par le gouvernement. Différents canaux sont utilisés pour sa bonne diffusion. Les canaux sont : La presse écrite, la radio, la télévision, l’internet, etc…. Que ce soit en période normale ou en période de crise, la bonne gestion de la communication est d’une grande importance dans la stabilité du pays.

Ainsi nous avons constaté depuis plusieurs années que les différents gouvernements successifs du Mali ont démontré leur incapacité à faire une bonne gestion de la communication gouvernementale.

La communication en période de crise ne doit pas se gérer de la même manière qu’en période normale.

Le manque d’organisation, d’anticipation et de transparence dans la communication  gouvernementale contribuent à créer une atmosphère délétère et à donner le champ libre à toutes sortes de spéculations et de rumeurs.

Le manque de courage politique des autorités ne facilite pas la bonne gestion de la communication en période de crise. La communication de crise a pour objectif de préserver le climat social et aussi de développer le capital de confiance du pays.

Mais nous avons constaté qu’à chaque moment de crise le gouvernement au lieu de jouer à la transparence, joue à la fuite en avant. Ce qui aurait dû rester dans un cadre normal, prend de l’ampleur et s’enfle pour prendre une dimension démesurée.

L’anticipation et le bon pilotage de la communication en période de crise peuvent contribuer à assurer la cohésion au sein de la Nation. Et cela peut permettre aussi de développer une bonne stratégie de communication.

Récemment, une polémique est née suite à la libération par le gouvernement de quatre prisonniers présumés terroristes pour faciliter en contre partie la libération du dernier otage français Serge Lazerevic. Cette libération a été la source d’une grave crise dans notre pays. Pour la gestion de cette crise, il faut reconnaitre que le gouvernement malien s’est très mal pris.

Pour la gestion de cette crise, le gouvernement aurait dû être le premier à donner cette nouvelle sur les antennes de la chaine publique de l’ORTM. En outre, le gouvernement aurait dû donner les raisons objectives qui l’ont amené à procéder à cet échange de prisonniers.

En outre, une autre polémique est née autour du problème de surfacturation liée à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Ce problème qui relève de la souveraineté nationale a été mis sur la place publique par la faute de l’opposition malienne et d’une certaine presse privée.

Les dirigeants de l’opposition sont tous au courant que le président Alpha Oumar KONARE a signé un moratoire sur les armes avec les bailleurs de fonds du Mali.

Ce moratoire interdit au Mali d’acheter les armes par la voie normale sur le marché international. Ainsi le gouvernement du président IBK se trouve dans l’obligation de passer par les trafiquants d’armes pour s’approvisionner. Donc le principal responsable de cette situation n’est personne d’autre que le président Alpha Oumar KONARE.

Mais le gouvernement a failli par le silence qu’il a entretenu autour de ce problème. Le gouvernement aurait dû distiller certaines informations dans la presse pour éclairer l’opinion nationale. L’opposition et la presse maliennes ont accusé à tort les ministres incriminés qui ne sont coupables d’aucun détournement.

Pour éviter à l’avenir de créer des tensions artificielles, le gouvernement a intérêt à jouer franc jeu. Le gouvernement doit prendre les dispositions nécessaires pour qu’à l’avenir toute déclaration d’importance nationale  se fasse au Mali et avec la presse nationale. Sinon faire des déclarations en dehors du Mali, est un manque de respect pour la presse nationale et une atteinte à notre souveraineté nationale et à notre dignité tout court.

En ce qui concerne le président de la République, il doit faire des efforts pour améliorer son style de communication. Ses discours sont souvent peu captivants à cause de leur longueur et peuvent même paraître lassants. Il aurait vraiment intérêt à se faire entourer de vrais professionnels de la presse bien expérimentés.

Quant à la presse écrite malienne, elle préfère le sensationnel qu’à la diffusion de la bonne et vraie information. Nous devons savoir que la presse privée a une mission de service public. Cette mission consiste à informer, former et éduquer la population. Mais elle doit éviter d’informer dans le seul sens de déstabiliser le pouvoir en place.

Pour aider la presse privée dans sa mission, le gouvernement doit jouer à la transparence et faire de l’anticipation dans la diffusion et la gestion de l’information.

En ce qui concerne les stations de radios privées en modulations de fréquence (FM), la plupart des animateurs qui n’ont reçu aucune formation journalistique s’érigent en vrais professionnels. Ce secteur très sensible mérite une attention particulière des instances de régulation de l’Audio-visuelle et de la communication.

Dans un pays aussi pauvre que le Mali où les priorités doivent être accordées aux projets de développement, nous avons intérêt à bien gérer la communication afin de créer la cohésion sociale. Les crises séquentielles auxquelles nous assistons à chaque moment ne font que nous détourner de nos objectifs principaux.

Ainsi le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour créer les conditions indispensables pour asseoir une bonne stabilité du pays. Il doit créer des structures chargées de faire des réflexions et des analyses sur les situations susceptibles de provoquer des crises ou des incompréhensions. Le gouvernement doit élaborer une bonne stratégie de communication en y ajoutant de la prospective.

Bamako, le 13 Février 2015

Yacouba COULIBALY

  Administrateur des Postes à la retraite

Bamako.

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