L’on a souvenance des propos pleins d’enseignements de sagesse et de pédagogie, tenus, il y’a plus de soixante-dix ans, par notre regretté père, le président feu Mamadou Konaté (Paix à son âme !): « nous sommes tous appelés à mourir, ce qui ne meurt pas, c’est le pays : pensez alors au pays ».
Carrefour de brillantes civilisations multiséculaires, le Mali a connu un passé glorieux et envoutant qui, bon an, mal an, continue de faire la fierté de ses populations. Son meilleur devenir auquel chacun est attaché ne peut donc qu’être une affaire de tous.
La nation malienne traverse un tournant important et décisif de son existence. Tout au long des récentes Assises Nationales pour la Refondation, l’on s’ est rendu compte que beaucoup de gens qui veulent incarner la représentativité du pays à divers niveaux de responsabilité et d’action sont toujours friands de débats ouverts , d’échanges fructueux, de saines confrontations d’idées et d’expériences pour tirer profit des beaux restes des prestiges et vestiges d’antan . Il faut donc savoir exploiter judicieusement de telles opportunités devant toutes menaces endogènes ou exogènes d’ instabilité, pour contrer les dénigrements de quelques brebis galeuses, les réserves des personnes à problèmes, les agissements des éternels insatisfaits comme il en existe un peu partout dans le monde.
Aussi, nous voudrions émettre quelques réflexions afin de contribuer à enrichir la poursuite des partages post ANR en direction du grand public notamment.
Pour ce faire, nous avons opté pour l’écrit qui résiste au temps et à l’espace comme en témoignent les manuscrits anciens de Tombouctou alors que les paroles même mielleuses se volatilisent dans la nature.
Tous ceux qui tiennent à saluer la grande réputation intellectuelle, culturelle dont le Mali jouit à grande échelle, s’interrogent sur les raisons apparentes ou réelles de la dégradation systématique des us et coutumes, des valeurs éthiques et morales qui imposent le respect et la fascination.
Quid de la malédiction des énormes richesses du sous-sol malien, de la perte de repères, du culte de l’argent, des dangers des replis identitaires dans un pays de brassages et de métissages maintenus et entretenus au fil des générations.
Et pourtant, notre pays est béni à tous égards, gratifié d’un précieux capital humain envié sous d’autres cieux et qui pourra lui permettre à coup sûr de surmonter les bouleversements et les soubresauts de toutes sortes l’assaillent. Avant de comprendre, il faut croire !
Moult contrées ailleurs, en ses lieu et place, s’exposeraient à un effondrement certain tellement est éprouvant le poids des difficultés structurelles et conjoncturelles supporté par les populations, tant sédentaires que nomades.
L’épanouissement de notre société dans son intégralité, est devenu une préoccupation majeure sur toute l’étendue du territoire.
C’est dire que la plupart de nos compatriotes sont conscients de la gravité de la situation actuelle et ont porté des espoirs sur la prolongation de la transition en vue de la maîtriser, nonobstant les délais très serrés pour y parvenir.
Ils ont donc suivi avec un vif intérêt le déroulement desdites assises, confortés par des signes annonciateurs de perspectives heureuses pour la reconstruction d’une nation paisible et réconciliée.
Des bâtisseurs inlassables comme les maliens, disposés et disponibles pour l’émergence de bonnes et justes causes nationales, voire supranationales, ont toutes les chances de mettre un terme, dans la pratique, aux divisions partisanes, aux sautes d’humeur, aux réactions des démolisseurs fieffés.
L’heure n’est donc plus à l’ extériorisation de marques d’auto satisfaction ou de critiques répétitives de l’attentisme et du scepticisme, mais plutôt à la recherche collective des voies et moyens de salut national pour bâtir une citoyenneté malienne réellement porteuse de véritables ramifications démocratiques correspondant à nos réalités et spécificités à travers des actions concertées et productives.
Ainsi, dans le contexte qui prévaut, le devoir prime sur le droit aux fins de parachever, de commun accord, le sauvetage de notre grande et vieille nation.
Un pari à gagner consiste à traduire en actes concrets, en actes de progrès, les résolutions et recommandations ayant sanctionné les travaux des ANR.
Dans cette optique, le développement harmonieux et durable du Mali unanimement appelé, à cor et à cri, n’est autre chose que l’investissement d’aujourd’hui qui, à l’évidence, est rendu difficile et incertain du fait, entre autres écueils, de la montée des antivaleurs, de l’injustice, de l’impunité..
La concrétisation effective des belles déclarations d’intention, des rêves partagés est un processus long et de longue haleine mais, unis et conquérants, nos compatriotes pourront relever efficacement les défis y afférents.
Chacun peut, en principe, dans les limites de ses efforts et de ses possibilités, prendre part à la grande et exaltante œuvre de redressement du pays, de refonte de ses structures de trop en attendant de meilleurs jours.
Seule l’union sacrée des cœurs et des esprits, le langage de la vérité, de la réalité, doivent inspirer les plus profondes aspirations des populations.
Face à la tension et à la pression anormalement élevées qui prévalent, seules comptent la visibilité et l’ancrage d’un système dynamique en relation continue et dialectique avec les maux dont le pays souffre : crise sécuritaire, crise sanitaire, crise énergétique(le secteur de l’électricité est particulièrement capitalistique), crise de confiance etc.
Le creuset d’excellence que ne doit jamais cesser de refléter le Mali est un passage incontournable pour forger le destin national à la satisfaction de l’ensemble des citoyens, des partenaires au développement de notre pays, nombreux et variés dans le monde de nos jours.
Par ailleurs, pour la promotion de la bonne gouvernance, nous nous permettons encore une fois de rappeler la célèbre déclaration du Calife ABU BAKR, successeur du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) qui peut inspirer tous ceux qui ont, sous leur conduite, le destin de groupements humains :
« J’ai reçu de (vous) l’autorité sur vous ; mais je ne suis pas le meilleur d’entre vous ; si j’agis bien, aidez-moi ; si j’agis mal, corrigez-moi ; obéissez-moi tant que j’obéirai à Dieu ; les plus forts d’entre vous seront faibles avec moi jusqu’à ce que je leur arrache les droits des autres ; les plus faibles d’entre vous seront forts avec moi jusqu’à ce que j’obtienne leurs droits ».
Ces propos montrent à suffisance combien les leaders doivent faire preuve de capacités d’allier souplesse et rigueur en vue de prendre des décisions idoines, d’agir pleinement dans l’intérêt général, face à l’acuité des attentes à combler, des exigences à satisfaire.
Enfin, prions tous pour qu’au sein du nouveau Mali en gestation, le citoyen convaincu, requinqué dans le jardin parfait de ses vraies valeurs sociétales, puisse apprécier le mérite, reconnaitre ses limites, éviter de mépriser, d’humilier un semblable surtout fragilisé, rendu vulnérable par la force des choses.
Bonne et heureuse année nouvelle ! Que Dieu veille sur notre pays ! Amen !
Par Chirfi Moulaye HAIDARA,
Chercheur et Ecrivain, Officier de l’Ordre National du Mali