Contribution de nos lecteurs : Professeur Yeya Haïdara, la catastrophe du Centre National des Œuvres Universitaires (Cnou)

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A la création du Cnou en 2001, lorsqu’il fût question de nommer un Directeur Général, le Président Alpha Oumar Konaré qui était assailli par une multitude de candidatures émanant pour la plupart des enseignants militants de son parti Adma déclara ceci “tant que je serai au pouvoir, je ne confierai jamais une structure telle le Cnou à un enseignant, et à l’occasion je demanderai à mes éventuels successeurs de ne jamais faire autrement”.

 

Ainsi le Directeur Général qu’il a nommé fût Abdoul Haïdara un Inspecteur des Finances qui dirigea le Cnou de 2002 à 2011. Après lui, deux colonels Majors se succédèrent à la tête du Cnou, à savoir Mamadou Idrissa Coulibaly et Nouhoun Sangaré et depuis septembre 2013, ce service est dirigé par le Professeur Yeya Haïdara, le premier enseignant à occuper ce poste.

 

Si chacun des trois premiers Directeurs Généraux cités a rempli convenablement sa mission durant son mandat au Cnou avec les résultats probants, il en est tout à fait autrement avec le Professeur Yeya Haïdara qui, à peine dix mois se révèle être la plus grosse calamité que le Cnou ait connu à ce jour.

 

En effet, tout Professeur d’Enseignement Supérieur qu’il soit, le Professeur Haïdara se fiche éperdument de l’école malienne, encore moins de l’avenir du Mali qui est constitué par sa jeunesse, les étudiants actuels. La seule chose qui importe pour ce Professeur, c’est uniquement de s’enrichir à tout prix, même s’il faut marcher sur le cadavre de l’école malienne.

 

Pour atteindre ses objectifs, notre éminent Professeur, fort de son expérience d’ancien Doyen de l’Ena, a mis en place un système de détournement d’une efficacité absolument redoutable.

 

En effet, le Professeur Haïdara commença d’abord par résilier tous les contrats des divers prestataires qui opéraient au Cnou, notamment dans le cadre du nettoyage, entretien et gardiennage, pour les remplacer par de nouvelles sociétés toutes liées à lui ou qui l’appartiennent tout simplement.

 

Ces préliminaires posés, le Professeur Haïdara entama une seconde phase plus importante, qui consistait à faire main basse sur la bancarisation.

 

La bancarisation est un projet phare du Gouvernement du Mali qui consiste à faire payer toutes les aides financières accordées aux étudiants (bourses, trousseaux etc…) par le système bancaire.

 

Ainsi les agents comptables des facultés et rectorats n’interviennent plus dans le circuit. Les recteurs et doyens communiquent au Cnou la liste des étudiants bénéficiaires suivant les résultats académiques et les critères bien définis, le Cnou a son tour établi les projets de décision qui seront signés par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

 

Une fois cela fait, le Cnou fait les mandats au bénéfice d’une banque qui procède au paiement aux étudiants.

 

Pour ce faire, les étudiants bénéficiaires doivent ouvrir un compte à la banque indiquée, et les recteurs et doyens doivent envoyer au Cnou les listes dans les meilleurs délais.

 

Cette bancarisation a donc été initiée par le premier Directeur Général du Cnou, Monsieur Abdoul Haïdara en 2010 et après appel d’offre, Ecobank fut attributaire du marché ; à sa relève en 2011, il avait atteint des résultats appréciables.

 

Avec son remplaçant le Colonel Coulibaly, le taux de bancarisation avait atteint 50%. Le Colonel Sangaré qui a remplacé Monsieur Coulibaly, porta ce taux à 85%, c’est ce taux que Monsieur Haïdara trouva à sa nomination en septembre 2013 ; et dans les prévisions du Gouvernement au bout de la quatrième année, le taux de 100% devrait être atteint.

 

Pour mieux maîtriser le système d’une part, et connaître enfin le nombre exact d’étudiants au Mali d’autre part et aussi permettre à l’État d’augmenter le montant des économies qu’il a réalisé depuis le début de cette opération, un marché portant sur la gestion informatisée des bourses a été lancé à l’issu duquel un opérateur a été désigné. C’est ce magnifique travail que Monsieur Haïdara trouva à sa nomination, et c’est ce qu’il s’employa à détruire systématiquement afin de s’accaparer des bourses et allocations des étudiants comme il le faisait quand il était Doyen de l’Ena. Ainsi :

 

– Dès sa prise de fonction, sous des prétextes fallacieux incriminant la Direction Générale du Marché Public il fit annuler purement et simplement le projet de marché de gestion informatisée des bourses et allocutions déjà attribué. Une nouvelle consultation fut organisée et à présent elle continue son cours. Depuis quand la Direction Générale des Marchés Publics élabore des dossiers d’appel d’offres pour le compte de tiers ?

 

– Alors même qu’il existait au Cnou une cellule informatique qui s’était jusque là acquitté convenablement de ses missions de traitement des demandes de bourses et de suivi des listes de bénéficiaires fournies par les Recteurs et Doyens, il créa et installa sous sa tutelle directe un service informatique et communication à la tête duquel il plaça un de ses affidés Monsieur Z. Traoré.

 

Le travail de ce Monsieur consiste à rendre complètement inexploitables les fiches des listes des résultats et des bénéficiaires des bourses et allocations envoyés par les Recteurs et Doyens empêchant ainsi le service allocation et aide financière de faire correctement son travail, et aussi permettant au Professeur Haïdara de se plaindre auprès du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du “mauvais” travail des Recteurs et Doyens dans le traitement des bourses.

 

– Au niveau de chaque faculté ou grande école, il recrute des étudiants soi-disant membres de l’Aeem qui ont pour mission uniquement d’empêcher les équipes de Ecobank de procéder à l’inscription et à l’ouverture des comptes des étudiants à leur niveau. Ainsi le service des allocations du Cnou ne peut faire correctement son travail, ou quand bien même il se débrouille pour le faire, Ecobank ne peut pas payer les bourses aux étudiants parce qu’ils n’ont pas ouvert de compte, et pour éviter toute perturbation de l’année scolaire et universitaire, le Professeur Haïdara demande au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et au Directeur du Trésor, l’autorisation de faire payer les bourses et allocations par les Agents Comptables ; et pour ces mêmes raisons d’apaisement et de quiétude ces derniers sont obligés de donner leur accord. Dès lors les agents comptables prennent en charge les listes fournies par Haïdara avec 400 à 500 noms de bénéficiaires en plus. Même les Agents Comptables qui avaient quitté les facultés à cause de la bancarisation, sont aujourd’hui retournés à leur ancien poste.(Voir le cas de Mr Sidibé de la Fsjp).

 

– Pour mieux maîtriser ce système, il s’est employé corps et âme pour faire relever le Chef de Service des Finances et du Matériel, Monsieur Lassina Camara, qui venait à peine de faire six mois à ce poste, pour le faire remplacer par Monsieur Sanogo avec qui il avait collaboré quand il était Doyen, et qui était jusque là Directeur des Finances et du Matériel du Rectorat de l’Université de Bamako, donc ancien chef de tous les Agents Comptables des facultés et grandes écoles. Depuis, c’est ce dernier qui sert d’interface entre lui et les comptables, et c’est lui qui fait les comptes et procède aux reversements.

 

Le syndicat du Cnou a beau se plaindre de cette situation et défendu Monsieur Camara, rien n’en a été, il fut mis à la disposition du Directeur des Ressources Humaines. Ainsi, à chaque paiement des bourses et trousseaux, le Professeur Haïdara se tape au moins 3 ou 10 millions.

 

La troisième phase du plan du Professeur Haïdara s’illustre par son acharnement et son chantage sur Ecobank.

 

– Le Professeur Haïdara a toujours pensé que Ecobank a obtenu ce marché de la bancarisation parce qu’elle avait su intéresser ses prédécesseurs, et donc il fallait qu’il en soit de même avec lui.

 

Aussi malgré ses appels du pied, et ne voyant rien venir, il s’acharna sur la personne de Sinaly Togola, Point Focal du Cnou à Ecobank ; à travers de multiples séances de travail et autres correspondances adressées à la Direction de l’Ecobank, il ne cessa de se plaindre de Monsieur Togola dont il finit par obtenir la relève et son remplacement par Madame Astan Fané.

 

Tout en continuant à entraver les travaux d’ouverture des comptes par Ecobank dans les facultés à travers certain membres de l’Aeem, il commença à dénoncer les lenteurs de l’Ecobank auprès de sa hiérarchie, et enfin il adressa à la banque un préavis de rupture de contrat (voir registre d’arrivée de l’Ecobank à la date du 12 mai 2014), alors même que la convention ne prend fin qu’en juin 2015.

 

A la suite de cela, il fut reçu seul par la Direction d’Ecobank et depuis les rapports sont devenus très chaleureux et il s’érige même en avocat de cette banque aujourd’hui. Dans la même foulée, il acheta un champ de 15 hectares en Titre Foncier à Kabala au bord du fleuve, qu’il mît au nom de sa fille.

 

La quatrième phase du plan Haïdara porte sur un énorme chantage qu’il exerça sur les entreprises chargées des travaux de construction de la résidence universitaire de Kabala.

Quand le Professeur Haïdara arrivait au Cnou, ces entreprises accusaient des retards de paiement de plusieurs mois et avaient même observé des arrêts de travaux.

 

Après négociations et multiples interventions, elles furent invitées à présenter leurs décomptes pour être payées. C’est en ce moment que Monsieur Haïdara refusa systématiquement de signer lesdits décomptes tant que les bénéficiaires ne lui auront pas versé son obole.

 

Il a fallu toute la détermination de Monsieur Ismael Diallo, Ingénieur chargé du suivi des travaux, et le coup de gueule du Conseiller Technique Drissa Diakité pour qu’il signe ces documents et les travaux ont pu continuer.

Lorsqu’il fut interpellé par le Cabinet au sujet de cette affaire, il nia farouchement et mis tout sur le compte de son ancien Directeur des Finances et du Matériel, Lassana Camara, un innocent qu’il avait fait remplacé.

 

En mars dernier, un Directeur Général Adjoint a été nommé au Cnou, en la personne de Abdoulaye Bah, un jeune cadre intègre et compétent qui a fait ses preuves aussi bien au Ministère de la Santé qu’à celui de la Justice, le Professeur Haïdara prit tellement peur pour son poste qu’il associa ce dernier à ses magouilles avec les comptables, et c’est lui qui signe désormais les mandats des bourses et c’est à lui que le Directeur des Finances et du Matériel rend compte quand il reçoit les ristournes des Agents Comptables, et pour davantage se sécuriser, il a multiplié désormais ses largesses auprès de son Ministre de Tutelle et de son Parti.

 

Aujourd’hui, il est loisible de constater que le taux de bancarisation n’atteint pas 30%, plus de la moitié des bourses et allocations ont été payées par les agents comptables, le Chef du Service Bourse et ses anciens informaticiens ne se retrouvent plus dans leur travail et ne savent plus où donner la tête. Le syndicat du Cnou réclame le retour de l’ancien Directeur des Finances et du Matériel Camara auquel on ne reproche rien.

Bamako le 10 Juillet 2014

Dankara PALANFO

NB: La semaine prochaine, nous révélerons les accointances du Pr Haidara avec certains fournisseurs du Cenou tels que MM TT, CFMS, AT MK, et BM.

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1 commentaire

  1. Mr. Dankara PALANFO, Laisser les gens travailler en paix car ce pays à besoins d’avancer. HAIDARA a prit fonction en novembre 2013 soit à deux mois de la fin de certains contrats de prestations.Des consultations ont été organisées en décembre et ouvertes à d’autres opérateurs économiques dans le but d’avoir de meilleurs offres pour de mener à bien certaines des missions du CENOU. Si une société qui exécutait une prestation l’année précédente ne l’a pas eu cette année, peut-on appeler cela une résiliation de contrat?
    Par ailleurs, le dossier de consultation du logiciel des gestion des bourses a été élaboré par les services techniques du CENOU et validé par la DGMP.
    Aussi, le travail du responsable de la Cellule Informatique et Communication est irréprochable. Il est à ce poste depuis janvier 2013 soit 10 mois avant l’arrivée de HAIDARA.
    Enfin bref Merci de bien vérifier vos infos avant de publier n’importe quoi. Tu connais quel DG au Mali qui n’est pas harcelé par des Prestataires?

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