Contribution : Le Mali entre la reconquête de son territoire et les défis de la géopolitique mondiale

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Depuis l’avènement de la Transition de Rectification en mai 2021 avec à sa tête le Colonel Assimi Goïta, beaucoup d’eau a coulé sous le pont du Niger. Ainsi, les nouvelles Autorités conscientes de l’état de déconfiture de nos forces armées, ont pu recruter, former et mettre à leur disposition, des équipements modernes de dernière génération. Aujourd’hui, le Mali impose l’admiration, le respect et un nouveau regard à la Communauté internationale, pour avoir montré à l’Afrique et à ses peuples assujettis, la voie à suivre pour l’indépendance et la souveraineté.

Le Mali dans la reconquête de son territoire national, impose un nouveau regard à la communauté internationale. Le 24 mai 2021, le pouvoir bascule dans les mains de l’imperturbable et l’intrépide officier, le Colonel Assimi Goïta qui devient le  Président de la Transition, Chef de l’Etat. C’est la Transition de Rectification ! Les nouvelles Autorités ont ainsi fait de la souveraineté du Mali, leur mantra, rompant l’alliance avec la France et ses partenaires, en  se tournant militairement vers d’autres partenaires dont : la Russie, la Chine et la Turquie, etc. Des partenaires plus fiables et respectueux des choix stratégiques du Mali qui a su imposer à la communauté internationale, un regard nouveau face à la reconfiguration de la géopolitique actuelle dans le Sahel.

Après trente ans de gouvernance politique chaotique assurée par les pseudo-démocrates qui ont détruit tout l’outil de défense de l’armée nationale, les maliens sont aujourd’hui fiers de leurs forces armées dites FAMA, bien formées et suréquipées en armements de technologie de dernière génération. Avec engagement et professionnalisme, ces forces armées sont sur tous les fronts et se sont données comme priorités, la récupération totale de toutes les parties perdues de notre territoire où sont implantés des groupes terroristes et des narcotrafiquants depuis 2012, comme si l’on se trouvait dans un « no man’s land ».

Les FAMAs montent en puissance !

Ainsi, il y a quelques mois déjà, les FAMA  ont engagé des offensives d’envergure de tous azimuts. Notamment, au Nord du pays, bastion des terroristes de tous poils et des séparato-terroristes de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad). Elles y mènent régulièrement des opérations aéroterrestres bien coordonnées, infligeant de très lourdes pertes à ces forces ennemies. La CMA désormais traquée de toutes parts par les FAMA, qui montent en puissance, demande pour la première fois, un cessez-le-feu. Certainement pour pouvoir reconstituer ses troupes et revenir à l’offensive. Désemparée, elle choisit la propagande, le mensonge et la calomnie, comme une arme de vengeance. Car,  ne sachant plus aujourd’hui  à quel Saint se vouer face à la puissance de  feu des FAMA.

Depuis le retrait de la MINUSMA et la rétrocession aux FAMA de ses emprises d’Ogossagou, le 3 août 2023, de Ménaka, le 25 août 2023, de Ber (emprise stratégique très convoitée par la CMA et les narcotrafiquants), le 13 août 2023, de Goundam, le 16 août 2023 et d’Anéfis entre le 6 et 7 octobre 2023, la situation sécuritaire du pays s’est fortement détériorée. Qu’à cela ne tienne et conformément à leurs missions régaliennes de sécurisation, de stabilisation et de protection des personnes et de leurs biens, les FAMA avancent progressivement et remportent d’éclatants succès sur les différents fronts, l’objectif étant de rétablir entièrement, l’autorité de l’Etat et les services sociaux de base sur toute l’étendue du territoire national.

C’est dans cette foulée que les Autorités de la Transition ont annoncé,  le 25 septembre 2023, un léger report du calendrier électoral pour des raisons techniques. Depuis, des voix chez certains partis politiques et associations se ne cessent de se faire entendre pour exiger entre autres, l’organisation rapide des élections ou des concertations nationales, la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale ou d’une transition civile, etc. Ceux-là mêmes qui sont soutenus et protégés, dans leur élan de conspirateurs, par la France revancharde, paternaliste et arrogante qui tire la ficelle depuis l’Elysée. Cela, afin de déstabiliser la République du Mali et ses institutions.

Evitons la « Triskaïdékaphobie » !

Comme si tout cela ne suffisait pas, les militants de la Coordination des Mouvements et Sympathisants (CMAS), hostiles au pouvoir en place depuis quelque temps et avec le soutien de la  très controversée figure politico-religieuse, l’Imam Mahamoud Dicko, décident d’organiser un meeting, le vendredi 13 octobre 2023, même si des leaders et personnalités s’activent en ce moment, pour infléchir cette décision à risque. Pourtant à y voir de près, le choix de cette date qui correspond au chiffre 13, n’est pas fortuit pour qui connait l’imam Dicko, un grand manipulateur des opinions, imprégné d’une bonne dose de connaissance du Coran et des sciences mystiques.

En effet, le 13 est un chiffre maléfique reconnu comme tel, par les communautés juives, chrétiennes et musulmanes, etc. C’est le chiffre de la grande peur ou la « Triskaïdékaphobie », une superstition reconnue chez les blancs, les noirs et les arabes, comme un chiffre à éviter. Surtout encore, quand il coïncide avec un vendredi, la conséquence de l’évènement prend plus d’ampleur. Aux USA par exemple, certaines compagnies d’aviation n’ont pas rangé le numéro 13 et dans certains ascenseurs d’hôtels ou d’immeubles, le treizième étage est remplacé par 12a ou 12M, etc. En choisissant cette date du 13 octobre pour faire sortir la foule, les militants de la CMAS, mesurent-ils les risques qui pourraient en découler surtout quand ils ont comme morceaux choisis à scander, « les coupures intempestives d’électricité et le retour à une Transition civile » ? D’autres partis politiques et associations sont dans la même logique.

Dans tous les cas, les Autorités de la Transition et la Direction Générale de la Sécurité d’Etat, doivent être en état d’alerte maximum, pour déjouer à temps, ce qui se pourrait ressembler à un complot de la France.  Qui n’est pas prête à lâcher le Mali.  Cependant, il est important de chercher à savoir, où sont ces partis politiques et associations qui n’ont d’autres préoccupations que les élections, pendant que le pays est sur des braises, traversant des moments les plus difficiles de son existence. Pire, lorsque le bateau Tombouctou a subi des attaques meurtrières de la part des groupes armés sans foi, ni loi, où étaient ces partis politiques et associations qui n’ont jusque-là, exprimé aucune compassion à l’endroit des victimes de cette cruauté des terroristes ?

Leurs seules priorités étant l’organisation des élections qu’ils réclament à corps et à cris, comme si celles-ci sont plus importantes que ces dizaines de vies humaines civiles et militaires perdues. Eu égard à tout ce qui précède, il est aujourd’hui plus que pressant, d’exiger de nos Autorités, le maintien de la période de la Transition jusqu’à ce que les conditions de sécurité, de stabilité et de paix soient réunies, avant l’organisation de toutes élections.

C’est pourquoi dans l’état actuel d’insécurité généralisée, les Autorités de la Transition doivent prendre toutes leurs responsabilités, en interdisant les rassemblements ou meetings des opposants qui défient le pouvoir. Les contrevenants à ces mesures, doivent être arrêtés, habillés en tenues militaires, puis envoyés immédiatement aux fronts aux côtés des FAMA en guerre au Nord et au Centre du pays. Les mêmes mesures contre tous les activistes qui insultent, accusent et vilipendent régulièrement, à travers les réseaux sociaux, les FAMAS, afin de les démobiliser.

Ce genre d’actions est salutaire et pourrait briser l’élan d’autres aventuriers qui tenteront eux aussi, de nuire à la stabilité de l’Etat et à ses institutions. Soutenons donc nos Autorités et nos Forces Armées et de Sécurité dans leurs difficiles mais exaltantes missions de tous les jours. En bons patriotes, taisons nos égoïsmes et nos querelles mesquines, pour ne s’intéresser qu’à l’essentiel, le Mali, l’unique pays que nous avons et qui constitue aujourd’hui, un modèle pour l’Afrique dans sa lutte pour la souveraineté.

La CEDEAO, ce colosse aux pieds d’argile entre intégration et désintégration

De sa création en 1975 à 2001, la CEDEAO est passée de son rôle essentiel de la promotion de l’intégration économique et douanière, à celui de la bonne gouvernance et du règlement des crises sécuritaires et des conflits. Aujourd’hui, force est de constater que l’institution est loin de ses objectifs. Elle est en déphasage avec la géopolitique actuelle dans le Sahel où sa crédibilité est mise à rude épreuve, surtout par le cas du Niger où le Président Mohamed Bazoum, renversé par des officiers militaires, a le soutien de certains Chefs d’Etat de la CEDEAO et du Président Macron. Qui ont juré de le rétablir dans son siège par tous les moyens.

Depuis, c’est le bras de fer entre nouvelles autorités nigériennes et la France et ses suppôts de la CEDEAO.  Ces derniers  planifient une intervention militaire dans ce pays avec les forces en attente de l’institution sous-régionale. Ce qui n’a pas tardé à provoquer des dissensions importantes,  entre ses membres au sein de cette organisation, qui menacent la cohésion et divisent  de  facto les pays membres. Ceux qui sont déterminés (Côte d’Ivoire, Sénégal, Nigéria, Bénin) à envoyer leurs contingents pour agresser le Niger, libérer le président déchu Mohamed Bazoum et le réinstaller dans son fauteuil, s’opposent au  pays dits modérés (Cap Vert, Togo, Guinée-Bissau, etc.), plus mesurés. Ces derniers privilégient le dialogue et la solution diplomatique. Les premiers auront-ils les moyens de leurs ambitions dans leurs attitudes belliqueuses ou auront-ils besoin d’un soutien financier et logistique extérieur ?

C’est dans ce contexte que le Mali et le Burkina Faso, ont d’ores et déjà juré que si cette intervention militaire venait à être exécutée contre le Niger, ils participeront à sa défense et quitteront la CEDEAO, qui ne s’est jamais engagée à porter une assistance militaire à ces trois états sahéliens menacés par le terrorisme depuis plusieurs années. La question que se posent beaucoup d’observateurs est de savoir si ce groupe minoritaire de présidents de va-t-en guerre (Ouattara, Bola, Sall, Talon) et leurs armées sont à la hauteur pour agir avec succès face à leurs adversaires sahéliens bien armés et bien aguerris ?

A cette date,  encore rien que des ultimatums. Et la signature à Bamako le 15 septembre 203, par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, de la Charte du Liptako-Gourma instituant la nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES), est un signal fort qui annonce la désintégration et la mort prochaine de la CEDEAO. Dont le protocole additionnel ne répond plus aux aspirations des peuples lorsqu’on fait les constats suivants : des coups d’Etat  constitutionnels voulus et acceptés (en Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, en Guinée d’Alpha Condé)  et les coups d’état militaires combattus avec acharnement et mépris contre les Colonels Assimi Goïta et Mamady Doumbouya, le Capitaine Ibrahima Traoré et le Général Abdrahamane Tiani. Quels deux poids deux mesures de la CEDEAO, censée favoriser l’intégration économique, la sécurité, la paix, la justice  et le développement ! Dès lors, elle est en déphasage sur les  enjeux du Sahel où la France,  chassée et humiliée pour son paternalisme et son arrogance, veut vaille que vaille se venger des dirigeants des trois pays du Sahel, unis pour relever les défis sécuritaires et du développement.

Dr. Allaye GARANGO, enseignant-chercheur / Ecole Normale Supérieure (ENSup) Bamako (Mali)

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