Contribution : Le Franc CFA = Néocolonialisme et frein au développement économique et social de l’Afrique Francophone

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De l’appellation Colonies Françaises d’Afrique avant 1960, le F CFA est devenu Franc de la Communauté Française d’Afrique (F CFA) actuellement en vigueur dans les huit (08) pays d’Afrique Francophone de l’Ouest et les six (06) pays francophones d’Afrique centrale. Entre la colonisation et l’indépendance, rien n’a changé excepté l’appellation Colonie Française d’Afrique dénommée la Communauté Financière d’Afrique.

Le colonialisme s’est transformé en néocolonialisme. Les objectifs de la France en Afrique sont uniquement politique et économique. Politique pour la domination de la France sur ses anciennes colonies. Economique pour prolonger l’exploitation des matières premières (coton, bois, pétrole, uranium, etc). Contrairement aux partisans du Franc CFA, il convient de rappeler qu’une monnaie néocoloniale n’a jamais développé des anciennes colonies. La monnaie est un instrument essentiel de la politique économique et de la souveraineté d’un pays. Pas de politique économique efficace sans indépendance monétaire. La monnaie est au service de l’économie. Puisqu’ils ne sont pas maitres de leur monnaie, les pays francophones subsahariens sont à la traine et accusent un plus grand retard de sous-développement par rapport aux pays africains qui battent leur monnaie.

Les pays africains au stade du décollage économique et social ont tous leur propre monnaie (Ghana, Rwanda, Botswana, Nigeria, Kenya, Tanzanie, etc.).

En outre, la rigueur et la croissance économique n’ont pas de corrélation totale avec la monnaie. La force d’une monnaie est le résultat positif de la balance du paiement, c’est-à-dire le solde positif des mouvements des capitaux et des biens et services et de la politique budgétaire. Ce sont ces instruments financier et budgétaire qui déterminent la valeur d’une monnaie.

Le Franc CFA n’a apporté aucun de ces instruments structurels aux pays de la zone CFA. La France qui est la maitresse d’ouvrage du F CFA n’est pas ce modèle en matière de rigueur économique et de gestion budgétaire.

De ce fait, les pays Africains adeptes du Franc CFA ne peuvent qu’être à l’image de l’Etat néocolonial. Le Trésor français qui détient et gère les devises monétaires de la zone F CFA n’apporte rien aux pays africains francophones. Ni intérêts, ni développement économique.

La parité fixe avec le franc français et actuellement avec l’Euro n’a fait qu’entraver la politique économique et budgétaire des pays de la zone F CFA en empêchant toute dévaluation compétitive au plan des échanges commerciaux et monétaires avec des pays hors zone F CFA.

Le Franc CFA n’a pas sensiblement amélioré le commerce entre les pays de la zone à raison de l’absence de convertibilité automatique et égalitaire entre le F CFA en circulation en Afrique de l’Ouest centrale et le F CFA en Afrique Centrale et l’Euro.

De ces points de vue, proclamer que le F CFA a été positif pour l’Afrique Francophone est une contre vérité. Cette partie de l’Afrique, après plus de cinquante (50) ans dans la zone F CFA, doit s’éveiller et examiner objectivement son appartenance au franc de leur colonisateur. De cet audit économique et financier, il en résultera des conclusions défavorables au F CFA. Un Président africain n’a-t-il pas dénoncer récemment son appartenance dans la zone CFA ? Rester dans la zone F CFA, revient à renoncer aux souverainetés politique et économique de la part des pays francophones d’Afrique.

 

Tiécoro Diakité

Docteur en Economie du Développement (Paris I)

Diplômé expertise comptable (Paris I)

Ancien Expert principal du BIT

Lauréat International AWARD 2008

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2 COMMENTAIRES

  1. En réalité, l’Afrique n’est pas indépendante, moi je suggère même que les dirigeants et les intellectuels Africains qualifient publiquement la période actuelle de néo-colonialisme; c’est à dire au lieu de dire que l’Afrique a 50 ans d’indépendance, plus tôt dire que l’Afrique a 50 ans de néo-colonialisme. cela pourrait peut être permettre une prise de conscience de la part des africains afin de continuer dans la lutte pour l’indépendance qui a commencé avec la décolonisation mais qui est aujourd’hui au point mort. si non c’est l’afro-pessimisme qui sera la triste réalité.

  2. Tiécoro DIAKITÉ

    Docteur en économie du développement (Paris I)

    Diplômé Expertise Comptable (Paris I)

    Ancien Expert Principal du BIT

    lauréat International Award 2008.

    Là trop peu d’intellectuels auront quelque chose à opposer à l’analyse d’un homme de ce calibre à plus forte raison le profane du DABANANI.

    Les méfaits du Franc CFA on les connaît:
    -La monnaie du sous-développement
    -La monnaie du néocolonialisme
    – La monnaie qui diminue nos marges de manœuvres, plombe nos économies
    – Tutti quanti …..
    Ce qui peut aider le profane aujourd’hui est de lui expliquer les raisons du retard de la quarantaine de pays Africains qui ont leurs propres monnaies et qui n’ont jamais connu le CFA. Ou encore des pays comme la Guinée et la Mauritanie qui ont quitté la Zonne Franc (le dernier depuis plus de 40 ans). Si pour nous notre sous-développement est imputable au Franc CFA qui est-ce que nos frères Africains peuvent blâmer ?

    On le sait, l’économie sur le papier et dans les amphis n’ont rien à voir avec les réalités du DABANANI sinon il n’y a pas un seul pays cité en haut où je n’ai pas mis les pieds, tout comme les pays de la Zone… Quand on nous parle du décollage de l’économie de certains pays ça fait perdre la tête ! Je me souviens, quand je faisais du commerce du Ghana pendant les vacances, le CEDI s’échangeait contre 4,14 CFA au marché noir alors qu’il valait à peu près 30 CFA à la banque…
    Au Nigeria j’ai acheté la Naira contre 110 CFA mais quelques années après je revenu acheter ça contre seulement 14 CFA.
    Ma dernière fois au Zaïre en 1994 tous ceux qui venaient de l’extérieur devenaient des milliardaires parce que pour cela il suffisait d’avoir 55 000 FCFA alors que 3 ans au paravent 55 000 FCFA valait à peine le million.

    Quand on nous dit que ces pays maîtrisent leurs monnaies ou leurs économies alors que leurs citoyens sont réduit à aller se faire sous-employer dans les pays pauvres du CFA……

    Est-ce nous notre problème n’est pas mauvaise gouvernance, la fainéantise……….. ??

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