Depuis un certain temps le monde assiste incrédule à une tension qui va crescendo, transformant la scène internationale en véritable arène. Créée à dessein et entretenue par certaines puissances occidentales autour de la Chine et de la Russie, cette tension révèle les caractéristiques premières de l’impérialisme occidental. Elle nous rappelle la sombre période dite «guerre froide», qui a divisé le monde en deux (02) blocs antagonistes. La Chine et de nombreux pays d’Asie et d’Afrique avaient choisis en ce moment de ne s’aligner derrière aucun des deux blocs.
Connus sous le nom de «Non alignés», ces pays ont jeté les bases de la politique de développement de la zone Afrique-Asie, lors de l’historique Conférence tenue à Bandung, en 1955; «Conférence de Bandung» ou «Conférence des Non-alignés». Pour mémoire, l’impérialisme est la «Politique d’un État visant à réduire d’autres États sous sa dépendance politique, économique et culturelle».
L’impérialisme Anglais a marqué l’histoire au XIXème siècle par son système de domination économique et d’expansion culturelle par la langue. L’impérialisme des USA s’est distingué sur le continent américain par l’extermination de populations entières pour s’accaparer de leurs richesses (Aztèques, Inca, Maya, Sioux, etc…) et réduire d’autres à l’esclavage. La constitution d’une puissante force armée, essaimant ses bases à travers le monde, participe des moyens d’intimidation, de coercition et de domination des puissances impérialistes.
L’histoire retiendra la lourde responsabilité et l’atroce culpabilité des puissances occidentales (l’OTAN et les USA) dans la tragédie humaine qui existe à travers le monde: Irak, Lybie, Syrie, Somalie et pays du Sahel. Ces guerres sans fin, provoquées sur la base de mensonge, de preuves fabriquées de toute pièce font, depuis des années, des millions de morts, de personnes déplacées, de populations jetées dans la misère et sur les routes de l’immigration. Cette tragédie humaine ne semble pas émouvoir les chantres des droits de l’homme. Elle ne donne pas non plus droits à des sanctions de la part des puissances, vrais pyromanes-pompiers.
Les organisations des droits de l’homme semblent avoir une très bonne vision s’agissant de la province chinoise autonome du Xichang. Elles sont sourdes, aveugles et muettes quand il s’agit des faits relatifs au bagne mouroir spécial de Guantanamo, de la situation sociale des Afro-américains et de la vie des populations en Nouvelle Calédonie, où la France examine en ce 21ème siècle, la probabilité d’un référendum d’indépendance.
Les récents événements, révélateurs de l’extrême tension se caractérisent par une arrogance condescendante, une attitude belliqueuse et un mépris total pour les peuples dans le choix de leur option politique, économique, sociale et culturelle. La rhétorique faisant de la Chine le plus grand rival dont il faut surmonter la concurrence à tout prix, nous rappelle celle de Donald Trump. Elle prouve que la marche de la Chine vers le progrès hante le sommeil de certains dirigeants dans le monde, notamment des USA. «La Chine a un objectif …devenir le premier pays du monde, le pays le plus riche du monde et le pays le plus puissant du monde. Cela ne se produira pas sous ma surveillance car les USA vont continuer de croître …Je n’hésiterai jamais à faire usage de la force pour défendre les intérêts vitaux du peuple Américain et de nos alliés lorsque ce sera nécessaire…». Nullement ébranlé par cette déclaration du Président Américain, le Président Xi Jinping a appelé à une coopération “gagnant-gagnant“.
Lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre de Grande Bretagne le Président américain déclare: «nous avons parlé de la Chine et de la concurrence dans laquelle il (la Chine) se livre dans le cadre de l’initiative Belt and Road. J’ai suggéré que nous devrions avoir essentiellement, une initiative similaire émanant des USA, en aidant les communautés à travers le monde…Nous allons faire de vrais investissements».
Le 31 mars 2021, le Président Joe Biden présente un programme de réalisation d’infrastructures de 2 000 milliards de dollars, pour rénover, construire des routes, des ponts, des écoles, des usines etc. Aux USA, les initiatives nationales sont désormais conçues en termes de concurrence avec la Chine.
La pandémie du COVID-19 a servi de prétexte aux USA et alliés Européens de déclencher une véritable campagne contre la Chine. La réponse de la Chine a été de remporter avec brio la victoire contre le mal et de servir d’exemple pour le monde entier. Le 10 février 2021, lors de leur premier entretien téléphonique, le Président Xi Jinping, a félicité le Président Joe Biden pour son élection à la Présidence des USA. Du côté américain, la courtoisie diplomatique et le respect n’étaient pas de mise. Lors d’une rencontre avec des sénateurs, le Président américain a déclaré: «Si on ne fait rien, ils (la Chine) vont nous écraser…Ils (la Chine) investissent des milliards de dollars pour s’occuper d’un éventail de questions liées aux transports, à l’environnement et plein d’autres choses. Nous devons nous mettre au niveau…».
Le 18 mars 2021 à Anchorage, Alaska, la délégation américaine a entamé la première réunion de haut niveau avec la Chine sous la présidence de Joe Biden en critiquant le gouvernement chinois avec une brutalité inouïe. Cette délégation semblait plus soucieuse de se faire distinguer par l’opinion américaine que de créer un climat qui favorise l’écoute, l’échange et la compréhension. Quand on souhaite établir une relation sincère de travail avec un pair ou un concurrent, on ne commence pas par des critiques, des accusations et des provocations.
La toute dernière carte des «pêcheurs en eau trouble» est celle du «Xinjiang». Les USA et alliés ont toujours utilisé le prétexte des droits de l’homme et de la démocratie pour s’ingérer dans les affaires d’autres pays et provoquer des catastrophes humaines souvent avec des assassinats de dirigeants. La création de troubles dans la province chinoise autonome du Xinjiang est un projet des USA qui ne date pas d’aujourd’hui. Il s’agit de déstabiliser la Chine de l’intérieur, de saper la stabilité du pays afin d’entraver sa marche vers le progrès. Le meilleur moyen d’atteindre l’objectif est de provoquer des troubles en incitant les 20 millions de Ouïghours vivant dans la province du Xinjiang à la révolte. La méthode a déjà réussi ailleurs.
En août 2018, lors d’un forum de l’Institut Ron Paul pour la paix et la prospérité M. Lawrence Wilkerson, chef de cabinet de l’ancien Secrétaire d’État américain Colin Powell a déclaré que: «le but du lancement de la guerre par les USA en Afghanistan en 2001, n’était pas de combattre les Talibans ou d’aider l’Afghanistan à procéder à la reconstruction nationale, mais de préparer un nouvel aménagement de l’Asie centrale et d’exercer une pression militaire sur la Chine et le Pakistan». Il a noté que «la région chinoise du Xinjiang a toujours été un domaine d’intérêt majeur pour les USA». En se déployant en Afghanistan, les USA pouvaient aisément susciter des troubles au Xinjiang, mais aussi à faire pression contre la réalisation de «l’Initiative La Ceinture et la Route».
Dans la lutte contre le terrorisme les USA ont procédé à des bombardements sans discernement, provoquant le déplacement de plus 37 millions de musulmans. La Chine lutte contre le terrorisme par l’éducation, la formation, la création d’emplois et l’éradication de la pauvreté. Sur le plan militaire, les Occidentaux parlent de la montée en puissance de l’armée chinoise et affirment que la Chine est une menace.
Là aussi la comparaison est facile à établir. La Chine est un pays de 1,4 milliards d’habitants qui a un budget militaire d’environ 200 milliards de dollars par an et une seule base militaire à l’étranger. Les USA ont quatre fois moins d’habitants et un budget militaire de plus de 600 milliards de dollars et près de 200 bases militaires installées à travers le monde. Les bases militaires des «alliés» existent partout dans le monde, notamment en Afrique. Quelle est cette logique selon laquelle la Chine est une menace ?
Dans un front uni contre la Chine et une démarche coordonnée les USA, l’Union Européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont décidé des sanctions contre la Chine pour le prétexte de «son traitement des musulmans ouïghours». La réaction courtoise mais ferme de la Chine m’a rappeler cet adage qui dit: «Quand vous dansez avec un sourd, muet et aveugle, il faut souvent lui marcher sur les pieds pour qu’il n’oublie pas qu’il danse avec quelqu’un». La Chine a répliqué en sanctionnant des personnalités européennes, dont plusieurs élus du Parlement européen, qui portent «atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et propage des mensonges et la désinformation».
Xi Jinping a invité les uns et les autres à se tenir à l’écart des «questions qui relèvent de la souveraineté de la Chine et de son intégrité territoriale». Le Conseiller d’État, ministre des affaires étrangères Wang Yi a noté: «Notre monde est multicolore. Les progrès de la civilisation humaine ne se réalisent pas à travers une seule voie, ni un seul modèle. Le choix du système doit correspondre aux réalités. Ce n’est pas au pied de s’adapter à la chaussure. Pour savoir si un pays a bien choisi sa voie de développement, il faut voir si cette voie est adaptée à ses conditions nationales».
Il a ajouté: «Nous sommes fermement convaincus que la diversité est une caractéristique du développement de la civilisation humaine, que les différences de systèmes ne doivent pas être un prétexte de l’antagonisme ou de la confrontation… Dans la culture chinoise, les hommes de vertu doivent rechercher l’harmonie dans la diversité. Dans la culture occidentale, le respect pour les autres est une qualité digne des gentlemen. ‘‘Tous les êtres vivent en harmonie sans rivalité, et toutes les voies se poursuivent sans contradiction’’. Voilà une philosophie d’inclusion que les Chinois préconisent depuis plus de 2.000 ans. Nous espérons que les pays occidentaux d’aujourd’hui pourront partager cette grandeur d’esprit et cette humilité».
Certaines puissances occidentales ont à présent une perception archaïque de la Chine comme un pays qui leur nuit désormais après avoir été leur centre de production. Elles ignorent que la Chine était déjà un empire quand l’Europe sortait à peine du néolithique et que les deux (02) siècles derniers n’ont été qu’une parenthèse difficile dans la longue histoire de la Chine. Il est important pour lesdites puissances de tirer les enseignements du passé, de privilégier le dialogue et la coopération, de créer un cadre stratégique pour un développement stable des relations internationales et de garder la voie de coexistence pacifique entre pays aux systèmes sociaux différents pour la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.
Prof. Yoro DIALLO, Chercheur Principal / Directeur Exécutif du Centre d’Études Francophones, Directeur du Musée Africain Institute of AfricanStudies, Zhejiang Normal University, CHINA
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