Introduction L’histoire de l’intégration en Afrique de l’Ouest commence avec la CEAO (Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest dont le Traité constitutif a été signé à Abidjan le 17 avril 1973. Elle regroupait les Républiques de Côte d’Ivoire (26 décembre 1973), de la Haute Volta (15 décembre 1973), du Mali (2 mars 1974), Islamique de Mauritanie (27 décembre 1973), du Niger (31 décembre 1973) et du Sénégal (22 décembre 1973) (1). La CEAO se voulait « une organisation de coopération économique régionale », article 1er du Traité ayant pour mission « de favoriser le développement harmonisé et équilibré des activités économiques des États membres en vue de parvenir à une amélioration aussi rapide que possible du niveau de vie de leurs populations », article 3 du Traité. Elle ambitionnait déjà d’être un ensemble économique régional, à l’intérieur duquel la circulation des marchandises originaires n’est soumise à aucune restriction quantitative ; les États se proposaient de constituer entre eux un territoire douanier unifié caractérisé par la mise en place d’un tarif douanier et fiscal commun, la libre circulation en franchise de tous droits et taxes des produits du cru originaires des États membres et l’institution d’un régime préférentiel spécial.
La CEDEAO, quant à elle, sera fondée le 28 mai 1975 pour promouvoir l’intégration économique dans la région ; il s’agissait de promouvoir la coopération économique entre les États membres afin d’élever le niveau de vie et de promouvoir le développement économique. Par la suite, elle s’est employée à résoudre certains problèmes de sécurité en mettant en place une force de maintien de la paix pour les conflits dans la région, en ayant pris le soin d’adopter les instruments juridiques (protocole additionnel) pour ce faire. Le budget de la CEDEAO est financé essentiellement par les recettes collectées à travers la taxe communautaire. Cette taxe est instaurée pour le financement de ses activités. Le taux du prélèvement communautaire est fixé à 0,5% de la valeur CAF des marchandises importées de pays tiers hors CEDEAO. Néanmoins, elle bénéficie de financements étrangers.
La CEDEAO répond-t-elle de façon efficace aux attentes des populations ? Qu’est-ce qui peut justifier le retrait de certains pays dont la République du Mali ?
Notre analyse évoquera successivement les réalisations de la CEDEAO, ses limites, sa marge d’amélioration et les projets alternatifs à la CEDEAO. (1) Dates de ratification du Traité par les États signataires.
Les réalisations de la CEDEAO : Bientôt 50 ans après sa création, le bloc régional peut se targuer d’avoir réalisé des progrès considérables en matière d’intégration, de paix, de sécurité et de bonne gouvernance.
L’intégration économique et la coopération politique :
Au plan économique : De sa création à nos jours, la réussite majeure de la CEDEAO consiste en un point-clé : elle est passée d’une simple organisation à une communauté. Le protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des services (1976) accorde aux citoyens le droit de séjourner dans n’importe quel État membre et constitue depuis des années la carte de visite de la CEDEAO. Ceci est une avancée majeure que les habitants de l’Afrique de l’Ouest n’aient plus à se soucier d’un visa lorsqu’ils traversent les frontières dans la région. La zone de libre-échange, la création d’un marché commun, l’union douanière, la monnaie unique (en perspective), le développement des infrastructures, l’énergie, la connectivité internet et la construction de réseaux routiers constituaient des ambitions pour la CEDEAO (certaines ont déjà été réalisées, telles que les infrastructures routières reliant la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso au Mali, via Sikasso et Bamako). Tirant les leçons des tragiques événements des années 1990 caractérisées par des guerres civiles et l’implosion des États, la CEDEAO n’a eu d’autre choix que de se concentrer sur les questions de sécurité et de gouvernance. D’ailleurs, l’avènement de l’ECO comme monnaie unique de la CEDEAO a souffert d’ingérences politiques combinées à d’autres défis structurels et institutionnels, liés aux problèmes de sécurité et à la bureaucratie de l’organisation.
La coopération politique : La CEDEAO a été créée au plus fort de la guerre froide. Le seul domaine susceptible de rassembler les peuples et d’offrir un terrain d’entente était l’offre d’intégration économique. L’Afrique a connu d’énormes bouleversements après la guerre froide. Sans la CEDEAO, toute la région aurait pu être engloutie dans des guerres fratricides. A titre de rappel, comment ne pas se souvenir de la guerre qui a éclaté au Libéria vers la fin de l’année 1989 et s’étendant à la Sierre Léone, affectant la Guinée et la Côte d’Ivoire, tout au long des années 1990. La CEDAO est ainsi intervenue grâce à ses forces armées multilatérales, le groupe de surveillance du cessez-le-feu (ECOMOG), qui a réussi à stabiliser la situation et a permis le déploiement des casques bleus de l’ONU qui sont intervenus, par la suite. Aujourd’hui, et en dépit des soubresauts que la sous-région connait, les valeurs de démocratie et de droits de l’homme sont profondément ancrées dans la culture ouest-africaine, et la CEDEAO fait partie intégrante de ce processus. Pour rappel, la CEDEAO a adopté : – le Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité ; – le Protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité, – la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes. Elle s’est également appropriée : – les instruments de l’Union Africaine dont la Charte africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance, le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes et la Charte Africaine de la Jeunesse ; – les Déclarations de la Francophonie : la Déclaration de Saint-Boniface et la Déclaration de Bamako, – le Mécanisme endogène que constitue la Charte de Kurukan Fuga. Toute cette armature juridique visait, au-delà de l’intégration régionale, à ancrer véritablement la région dans une dynamique de promotion de la démocratie, de prévention et de résolution des conflits et de bonne gouvernance.
Les projets de développement : infrastructures – agriculture – énergie La CEDEAO a mené de nombreux projets de développement dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture et de l’énergie. A titre indicatif, l’on peut noter : – Dans le domaine des infrastructures : • le Plan de développement des infrastructures régionales sur 25 ans (2020-2045) : Cet ambitieux plan vise à faciliter la réalisation de projets d’infrastructures intégrées dans toute la région, améliorant ainsi la connectivité et le commerce ; • le Schéma directeur des infrastructures de la CEDEAO (PPDU) : Ce schéma détaille les projets prioritaires dans les secteurs du transport, de l’énergie, des télécommunications et des ressources en eau. Il vise notamment à promouvoir un échange efficace du trafic Internet, • Routes et ponts : De nombreux projets de construction et de réhabilitation de routes et de ponts ont été menés pour améliorer les liaisons entre les pays membres. – En matière d’agriculture : • le soutien aux petites exploitations agricoles : La CEDEAO a mis en place des programmes pour aider les petits agriculteurs à améliorer leur productivité et leur accès aux marchés, • la promotion de l’agriculture durable : Des initiatives ont été lancées pour encourager des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et adaptées au changement climatique. – S’agissant de l’énergie : • l’accès à l’énergie : La CEDEAO a soutenu des projets pour étendre l’accès à l’électricité dans les zones rurales, en particulier grâce à l’utilisation des énergies renouvelables ; • le système d’échanges d’énergie ouest-africain (EEEOA) : Ce système vise à renforcer l’intégration énergétique régionale et à améliorer la stabilité des réseaux électriques, • les Énergies renouvelables : La CEDEAO encourage le développement des énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et l’énergie hydroélectrique.
Les limites de la CEDEAO et les motivations pour la quitter En dépit de ses considérables acquis, la CEDEAO doit relever des défis, motivations de ceux qui veulent la quitter. A. Les critiques dont la CEDEAO fait l’objet
L’inaction/incapacité face aux crises : • Les coups d’état récurrents : Malgré ses statuts et ses mécanismes, la CEDEAO peine à prévenir et résoudre les coups d’état récurrents dans la région (Mali, Burkina Faso, Niger) ; il faut, néanmoins, se rappeler que l’Afrique de l’Ouest a connu ses premiers coups d’état bien avant l’avènement de la CEAO et de la CEDEAO. • L’insécurité grandissante : L’organisation est pointée du doigt pour son incapacité à endiguer la montée et la persistance de l’insécurité liée aux groupes armés terroristes. 2. La domination de certains États : • L’influence française : La CEDEAO est accusée d’être influencée par la France, au détriment des intérêts de certains États membres. L’on est tenté de se demander si cette influence est institutionnelle ou personnelle. L’Union européenne soutient la Commission de la CEDEAO à travers le Programme indicatif régional pour l’Afrique de l’Ouest au titre des Fonds européens de développement. Au plan bilatéral, la France appuie également la CEDEAO, notamment dans l’optique de « restaurer l’ordre constitutionnel en Afrique de l’Ouest » ; elle a d’ailleurs annoncé, courant novembre 2023 par la voix de Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères en visite à Abuja, qu’elle augmenterait son soutien pour ce faire, sans préciser la stratégie envisagée par Paris pour appuyer les efforts de la CEDEAO dans ce sens. Il est à noter que la France ne siège en aucune manière dans aucun organe de gouvernance de la CEDEAO. • Le déséquilibre économique : Les disparités économiques entre les pays membres peuvent créer des tensions et nuire à la prise de décisions collectives.
La bureaucratie et les lenteurs : • Les procédures complexes : Les mécanismes de décision de la CEDEAO sont souvent jugés trop lents et bureaucratiques, ce qui peut freiner la résolution des crises. • Le manque de légitimité : Il est loisible de noter aujourd’hui une déconnexion de certaines populations dont une partie ne se sent plus représentée par les dirigeants de la CEDEAO, au point de remettre en cause la légitimité voire la justesse et l’humanisme de leurs décisions s’appliquant aux populations qu’ils sont supposés préserver.. Les motivations de ceux qui prônent le départ de la CEDEAO
Le sentiment d’être marginalisés : Les pays de l’AES, candidats au retrait, se sentent marginalisés au sein de l’organisation et estiment que leurs intérêts ne sont pas suffisamment pris en compte. Ils mettent en avant les sanctions jugées « illégitimes, inhumaines » dont ils ont été l’objet à la suite des ruptures constitutionnelles survenues, au motif que les intérêts vitaux des populations ont semblé de peu de valeur pour la CEDEAO.
La défense des priorités nationales : Les priorités de certains États peuvent diverger de celles de la CEDEAO, ce qui peut les inciter à privilégier des alliances régionales alternatives. 3. Le souhait d’une plus grande autonomie : Les autorités de transition des trois États quittant la CEDEAO (Burkina Faso, Mali et Niger) aspirent à une plus grande autonomie dans la gestion de leurs affaires intérieures. En effet, elles considèrent, entre autres griefs, comme inacceptable l’ingérence de la CEDEAO dans les calendriers du retour à l’ordre constitutionnel. L’organisation, quant à elle, se fonde sur ses mécanismes de gestion des crises pour exiger un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel se soldant par des élections libres et transparentes.
Les pistes d’amélioration
Les réformes possibles pour renforcer sa légitimité et son efficacité. 1. Le renforcement de l’intégration économique. – Accélérer la mise en œuvre de la zone de libre-échange : – Promouvoir les investissements structurants, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures qui sont les vrais enjeux de demain et dans lesquels elle peut se baser sur des réalisations concrètes pour se projeter. 2. L’amélioration de la bonne gouvernance : Les instruments juridiques paraissent incohérents et en inadéquation avec les attentes/perceptions des peuples. Ils semblent faire la part belle aux tenants du pouvoir : la question « des coups d’état constitutionnels » n’est pas prise en compte. Les régimes de sanctions semblent plus préjudiciables pour les populations que pour les auteurs des changements anticonstitutionnels. La non prise en compte par la CEDEAO de l’option souverainiste répandue dans certains États, créant un hiatus entre elle et une frange non-négligeable des populations de ces États. De manière générale, il apparait que le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance (PABG) de la CEDEAO joue un rôle crucial dans la promotion de la stabilité et du développement dans la région. Il a donc besoin de s’adapter aux exigences permettant d’éviter une implosion de l’organisation. Cependant, plusieurs défis entravent son application effective. Pour y remédier, la relecture du PABG pourrait viser à : 2.1. Renforcer les mécanismes de suivi et d’évaluation au travers d’actions spécifiques pour : – Établir une revue périodique indépendante pour évaluer la mise en œuvre du PABG par les États membres ; – Publier des rapports publics sur les progrès réalisés et les défis rencontrés ; – Soutenir les organisations de la société civile dans la surveillance de la gouvernance démocratique et leur en fournir les moyens ; 2.2. Accroître la responsabilité des États membres par : – la mise en place de sanctions plus strictes en cas de violation du PABG ; – l’encouragement à l’auto-évaluation et à l’examen par les pairs entre les États membres ; – le soutien à la création de tribunaux régionaux des droits humains. 2.3.1. Favoriser la participation citoyenne et des acteurs non étatiques pour l’émergence de la CEDEAO des Peuples : Le fonctionnement des organes de la CEDEAO laisse très peu de place à la participation des citoyens de la communauté ; il convient, dès lors, dans l’optique de renforcer le sentiment d’appartenance et de reconnaissance des citoyens, de rechercher les mesures permettant une vraie participation citoyenne dans la gouvernance de la CEDEAO. Plus concrètement, il s’agit de : – Favoriser la création à côté de la conférence des Chefs d’État d’une instance consultative permanente des organisations de la société civile dont l’avis sera nécessaire à l’adoption de certaines décisions de la conférence des Chefs d’État ; – Instaurer une consultation formelle des organisations de la société civile, des médias et du secteur privé lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques ; – Soutenir les initiatives de la société civile visant à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance ; – Encourager la participation citoyenne aux processus démocratiques. 2.4. Adapter le PABG aux contextes nationaux en : – Promouvant des approches participatives et inclusives à la mise en œuvre du PABG ; – Soutenant le renforcement des capacités des institutions nationales. 2.5. Appuyer les États membres dans leurs efforts pour lutter contre le terrorisme : à ce titre, la CEDEAO devrait se doter d’une force opérationnelle conséquente afin de lutter contre ce fléau. 2.6. Assurer une cohérence avec les autres instruments régionaux et internationaux pour : – Harmoniser le PABG avec d’autres instruments régionaux et internationaux pertinents tels que la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ; – Collaborer avec les organisations internationales et régionales pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance ; – Renforcer les institutions : Les institutions, socle de démocratie, semblent si fragiles dans les États qu’il urge de mettre en place des mécanismes qui renforcent la stabilité desdites institutions ; les institutions nationales chargées de la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance sont souvent fragiles et manquent de ressources. – Lutter contre la corruption : Cette entreprise nécessite le renforcement des mécanismes existant dans un cadre de coopération interétatique en mettant notamment sous surveillance les produits des actes de corruption faisant l’objet de transactions internationales. Au demeurant, la coopération internationale est un axe central de la lutte contre la corruption à l’échelle de chacun des États. Il faut souligner que l’amélioration du PABG nécessite une volonté politique forte des États membres de la CEDEAO. La société civile doit pouvoir y veiller. 2. La priorité au développement humain : Pour ce faire, il s’agira de : – Investir et inciter à l’investissement dans l’éducation : Au vu des disparités entre États membres en matière d’éducation, il y a lieu de prendre diverses initiatives permettant un investissement massif dans le domaine de l’éducation en général, et de la formation professionnelle en particulier pour résorber les défis liés à la disponibilité de ressources humaines de qualité. – Amplifier les efforts dans les domaines de la santé et des infrastructures : La CEDEAO a créé en 1987 une Organisation Ouest-Africaine de la Santé dont le siège est établi à Bobo-Dioulasso mais cette organisation semble avoir vécu ses heures de gloire ; son impact et sa visibilité dans le cadre de la lutte contre les maladies et les épidémies ont été très peu perceptibles ces dernières années. Il y a donc lieu de la redynamiser pour davantage de confiance des peuples de la CEDEAO en sa capacité à leur assurer le droit à une bonne santé. 3. L’adaptation de la CEDEAO aux défis du 21ème siècle : – Le taux de croissance démographique : La population de la CEDEAO se chiffre à environ 450 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique s’établit à environ 3% par an, ce qui signifie que la population de la région doublera environ tous les 25 ans ; cet état de fait s’explique par i) un taux de fécondité élevée (le nombre d’enfants par femme est supérieur à celui de nombreuses régions du monde), ii) la baisse de la mortalité infantile (les progrès en matière de santé ont permis de réduire le nombre de décès chez les jeunes enfants, ce qui contribue à augmenter la population. Cette croissance rapide entraine i) une pression accrue sur les ressources naturelles comme l’eau, les terres agricoles et l’énergie, ii) le chômage (la création d’emplois ne suivant pas toujours le rythme de la croissance démographique) et iii) une urbanisation rapide (les populations rurales migrant vers les villes à la recherche de meilleures opportunités, les défis en matière de logement et d’infrastructures s’accroissent). – Le changement climatique et la sécurité alimentaire apparaissent dès lors comme des facteurs critiques pour assurer aux populations les conditions de vie saines et acceptables. Au total, le Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance (PABG) de la CEDEAO apparait comme l’outil indispensable à la stabilité de la région ; pour ce faire, il doit parvenir à : – Instaurer l’Interdiction de modification des constitutions pour se maintenir au pouvoir ; – Condamner systématiquement les coups d’État et adopter des sanctions très sévères contre les auteurs et les dirigeants de la CEDEAO qui les protègent et les encouragent ; – Suspendre des États membres en cas de violation grave des principes démocratiques ; – Déployer systématiquement des missions d’observation électorale et de prévention des conflits ainsi qu’une force d’intervention rapide contre les changements anticonstitutionnels . Cependant, l’efficacité du PABG dépend de sa mise en œuvre effective. Des défis persistent : – le manque de volonté politique : Certains États membres rechignent à appliquer les dispositions du Protocole par crainte de compromettre leurs propres intérêts. – la faiblesse des institutions : Les institutions nationales chargées de la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance sont souvent fragiles et manquent de ressources. – les ingérences extérieures : Des États membres de la CEDEAO et des acteurs internationaux peuvent soutenir des régimes antidémocratiques pour des raisons géopolitiques ou économiques. Malgré ces défis, le PABG reste un outil important pour la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour : – Renforcer la capacité des États membres à mettre en œuvre le Protocole ; – Accroître la responsabilisation des dirigeants ; – Promouvoir une culture démocratique ; – Mobiliser la société civile et les acteurs internationaux. En conclusion, le Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance de la CEDEAO est un outil précieux pour lutter contre les coups d’État et les dérogations à la limitation des mandats, mais il doit être accompagné d’une action politique forte et d’un engagement régional et international.
4ième partie : Les alternatives à la CEDEAO et les conséquences d’un retrait A. Les alternatives à la CEDEAO : Quelles autres organisations régionales sont-elles présentes en Afrique de l’Ouest et comment se positionnent-elles par rapport à la CEDEAO ? L’Alliance des États du Sahel s’est muée en une Confédération et entend se substituer à la CEDEAO, du moins à l’échelle des pays l’ayant portée sur les fonts baptismaux. Conséquence immédiate : les autorités de transition des trois pays ont, de manière concertée, annoncé leur retrait effectif de la CEDEAO, à compter du 29 janvier 2025. Une distinction s’impose entre organisations de coopération et organisations d’intégration. Organisations de coopération : • Objectif : Faciliter la collaboration entre États sur des questions spécifiques, souvent dans un domaine particulier (commerce, environnement, défense, sécurité) ; • Souplesse : Structure souvent moins contraignante, permettant une flexibilité dans les décisions et les actions ; • Souveraineté : Les États membres conservent une large part de leur souveraineté ; • Exemples : OMC, OCDE Organismes d’intégration : • Objectif : Créer une union plus étroite entre les États membres, souvent en cédant une partie de leur souveraineté à des institutions supranationales ; • Structure : Structure plus complexe et hiérarchisée, avec des institutions permanentes et des mécanismes de décision supranationaux ; • Intégration : Les États membres s’engagent dans un processus d’intégration progressive, visant à harmoniser leurs politiques et leurs législations ; • Exemples : Union européenne, CEDEAO, CEAC En résumé : – Les organismes de coopération favorisent la collaboration entre États sur des bases volontaires, tandis que les organismes d’intégration visent à créer une union plus étroite et plus contraignante ; – Le degré d’intégration et de transfert de souveraineté est plus élevé dans les organismes d’intégration ; – Un organisme de coopération peut évoluer vers un organisme d’intégration au fil du temps, comme ce fut le cas pour l’Union européenne et la CEAO devenue CEDEAO. Principales différences Critères Organismes de coopération Organismes d’intégration Objectif Collaboration sur des projets spécifiques Union plus étroite entre États Structure Souple, peu contraignante Complexe, hiérarchisée Souveraineté Grande partie conservée Cédée en partie Intégration Faible Forte
NOTA BENE : En se retirant de la CEDEAO au profit de l’AES, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont cohérents dans le choix de remplacer un organisme d’intégration (CEDEAO) par un autre (AES). Il reste à parachever cette option par la nécessaire mise en place de tous les organes que ce choix implique. B. Les conséquences d’un retrait de certains pays de la CEDEAO Un retrait de certains pays comporte des implications économiques, sécuritaires, politiques et diplomatiques, tant pour les pays qui se retirent que pour la CEDEAO. 1. Les conséquences pour les pays qui se retirent : Les conséquences énumérées ici ne sont pas exhaustives, au regard de la littérature disponible sur ce sujet. – Au titre de la libre circulation des personnes : Environ 10 millions de citoyens des trois pays qui se retirent sont repartis dans la sous-région ; à l’heure actuelle, environ 4,5 millions de citoyens burkinabés et 4 millions de ressortissants maliens vivraient en Côte d’Ivoire. Un retrait de ces pays changerait radicalement la situation de ces personnes : elles devront régulariser leur séjour et celles qui ne le pourraient pas devront rentrer chez elles. – Au plan de la libéralisation du commerce : Le commerce intra-africain ne représente qu’environ 15%. Au sein de la CEDEAO, les exportations des trois pays vers d’autres pays ne dépassent pas les 17%. La CEDEAO reçoit de ces pays des produits carnés, alors qu’elle reçoit de l’énergie et de nombreux produits manufacturés des autres pays, pratiquement sans droits de douane. – Au titre de la libre circulation des biens : Pays enclavés, les pays quittant la CEDEAO auront besoin de débouchés maritimes, offerts pour l’heure, dans des conditions extrêmement favorables dans le cadre de l’intégration régionale. En cas de retrait, ils devront se trouver d’autres débouchés ou payer des frais de transport et des tarifs plus élevés ; ce qui nécessitera beaucoup de temps et de ressources. – La mise en échec de la solidarité communautaire : Elle est une évidence pour les populations. En effet, les trois pays consomment ensemble plus de 52 % des réserves alimentaires stratégiques de la CEDEAO, soit environ 15.000 tonnes de nourriture. Les pays enclavés ou ravagés par des sécheresses cycliques ont besoin de ce soutien. – La lutte contre l’extrémisme violent : Dans ce cadre, le partage des renseignements et la coopération militaire au-delà des frontières sont des atouts certains. 2. Les conséquences du retrait pour la CEDEAO : Dans la diplomatie internationale d’aujourd’hui, le nombre représente un grand atout. Si la CEDEAO reste à 15 membres, son influence serait plus grande qu’à 12. Elle sera, donc, forcément affaiblie en cas de retrait des trois États.
Conclusion – Sur le plan diplomatique, sécuritaire et politique, ce retrait est mauvais pour les deux parties. Mais, de manière générale, il ne semble pas jouer en faveur des trois États. – Malgré ses nombreuses réalisations en matière d’intégration économique et de maintien de la paix, la CEDEAO fait face à des défis significatifs qui remettent en question son efficacité et sa légitimité. Les critiques concernant son incapacité à prévenir les coups d’état récurrents, à endiguer l’insécurité et à surmonter les influences extérieures soulignent la nécessité de réformes profondes. – Les pistes d’amélioration telles que le renforcement de l’intégration économique, la promotion de la bonne gouvernance et l’adaptation aux défis du 21ème siècle sont essentielles pour revitaliser l’organisation. Toutefois, les alternatives à la CEDEAO et les conséquences potentielles d’un retrait de certains pays montrent que la coopération régionale reste cruciale pour le développement et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. Il est donc impératif que la CEDEAO prenne en compte les besoins de ses populations, notamment les plus vulnérables et renforce le rôle des citoyens dans le processus d’intégration. –
Koro TRAORÉ Politiste
https://www.youtube.com/watch?v=zidUCTmj62A
Traoreke, la CEDEAO a ete créée pour des causes tres nobles et tres valeureuses: UNIR LES PEUPLES OUEST-AFRICAINS mais elle a ete transformée par les politiciens du jour en une FRANCEDEAO qui n’est plus controlee par les peuples mais des dirigeants complexes et faibles sous le control total de la France et de l’Union Europeenne. Alors est-ce qu’elle peut se refonder c’est possible quand nous avons assez de dirigeants humbles, panafricanistes, indépendants, honnêtes et avec une vision comme Assimi, IB et Tiani!