Région de Taoudénit :
Avec la récente création d’une nouvelle région administrative, dénommée Région de Taoudénit, nous sommes en présence d’une situation éminemment porteuse d’espoir pour l’émergence d’un Mali nouveau, réconcilié avec lui- même et résolument tourné vers un avenir fondé sur la paix, la justice et le progrès pour tous.
Cette région nouvelle sera celle de la complémentarité et non de la crainte. Elle pourra également être celle de la découverte d’un territoire commun et ouvert à tous mais qui a été maintenu longtemps et sans raison en marge et pour ainsi dire dans l’inconnu, auréolé de mystère, voire d’énigme. En somme, présenté souvent dans l’imaginaire collectif comme un mythique océan de sable ou simplement comme un trou noir prêt à engloutir toute personne étrangère et donc non initiée à son cadre de vie et, tout récemment, comme un milieu hanté où le danger guette en permanence.
Cet abandon plus ou moins délibéré et cette crainte injustifiée de tenter de s’y aventurer ont été la première rupture du pays, celle fondamentale de sa riche diversité. De 1960 à nos jours pour les populations de Tombouctou le seul cap de voyage à envisager est celui du Sud parfois légèrement incliné vers l’Est ou l’Ouest. C’est donc toute une voie nouvelle et une aventure exaltante qui nous est ouverte et proposée au Nord, dans un territoire commun et dont les multiples ressources, tant humaines que matérielles, pourraient induire des perspectives prometteuses pour le plus grand profit de tous. Cette nouvelle entité administrative sera appelée à donner rapidement vie et espoir à un vaste ensemble territorial qui fera de Tombouctou, non plus cette ville frontalière d’un espace de vie, mais plutôt le centre du pays en entier.
Il appartient donc à nous tous, ressortissants du Nord en particulier, de saisir pleinement toute la portée de cette belle opportunité historique dont les multiples retombées positives ne manqueront pas de rejaillir bientôt sur toute la zone, voire sur tout le pays en raison des immenses potentialités de tous ordres dont recèle la région.
L’histoire, ancienne comme contemporaine, a clairement établi que toute politique de développement fondée, explicitement ou implicitement, sur l’exclusion de communautés entières est vouée à terme à l’échec et que seule la conjugaison concertée des efforts des uns et des autres peut sortir un pays des affres du sous- développement et par suite du cycle infernal de la misère, de l’ignorance, de l’injustice et de la violence.
Par ailleurs, il convient de se rappeler que par le passé, nos populations avaient vécu dans une parfaite symbiose, tissant entre elles de saines relations fondées sur la complémentarité, l’entente, la confiance et le respect réciproques. En somme que de temps perdu, que de peines physiques et morales inutilement endurées des décennies durant pour arriver enfin à la conclusion que ce qui a pu nous unir hier demeure plus que jamais notre seul salut pour assurer notre vie, voire notre survie dans le contexte implacable d’aujourd’hui où seule compte la richesse matérielle, tant à l’échelle individuelle que collective.
Force est de reconnaître, en outre, que le monde actuel vit à la croisée des chemins : l’alternative qui s’offre et de s’unir et donc de coopérer ou alors de disparaître. L’ère des semeurs de troubles et de zizanies entre individus ou groupes d’individus est bien révolue : il ne reste plus de place qu’à l’union, à la concorde, à la concertation, au compromis et à la recherche continue de voies et moyens dans l’intérêt commun.
La roue de l’histoire tournant inexorablement, il nous appartient dès lors et sans tarder d’ouvrir délibérément cette ère nouvelle où pourront et devront s’inscrire, comme par le passé, des pages glorieuses et des réalisations mémorables d’un peuple qui a déjà tant apporté et qui se dispose à apporter davantage, par-delà toutes manœuvres politiciennes, au demeurant sans lendemain, pour peu qu’une volonté ferme et générale s’exprime clairement et se mette effectivement à l’œuvre avec la participation et dans l’intérêt bien compris de tous.
Vive la région de Taoudénit dans ce Mali nouveau, que nous appelons de tous nos vœux, et qui est appelé à redevenir une terre des hommes épris de paix et de justice pour tous !
Sidi Ali OULD BAGNA
Président de la Jeunesse Arabe du Mali (AJS – Mali)
Vice-président de la Plateforme des Associations des Jeunes du Nord et Sympathisants
Membre du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ – Mali)