Contribution :Hommage à l’Imam Mahmoud Baba Hassèye !

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Dans un article déposé dans notre rédaction, l’ONG Sauvegarde et la Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique (SAVAMA-DCI), rend hommage à feu Mahmoud Baba Hassèye, ex imam de la mosquée Sidi Yaya,décédé en avril 2009. Le texte est sous la plume de monsieur Sane Chirfi Alpha, chef du bureau OMATHO de Tombouctou et membre de la direction exécutive de la SAVAMA-DCI.

La vie est une suite de « maintenant » a dit le philosophe et le poète persan Oumar ibn Ibrahim al Khayyam de renchérir « la vie est comme un incendie, flammes que le passant oublie, cendres que le vent emporte : un homme a vécu ». Si nous apprécions l’esprit de la première assertion, nous faisons une autre lecture de ce quatrain célèbre.

Le 22 Avril 2009 avec la disparition de Mahmoud Baba Hassèye une bibliothèque a été consumée par l’incendie de la mort, mais les passants ne sont pas près d’oublier l’homme. Né en 1936 à Tombouctou une ville qu’il porte dans son cœur, Mahmoud Baba Hassèye affectueusement appelé Hassèye Mahamoudou a consacré sa vie entière à la recherche et au savoir. Issu de la famille de Mohamed Bagayoko al wangari, il était sur la ligne de cette lumineuse voie qui mène au tapis de l’imamat de la mosquée de Sidi yahia, celui – là qui a dit : « souviens – toi car le souvenir est plein d’enseignements, dans ses replis il y a de quoi désaltérer l’élite de ceux qui viennent boire ».

Maître d’arabe, de français et d’anglais, l’homme surprend par sa disponibilité et son dynamisme, son énergie débordante et sa simplicité, sa sincérité et son ouverture d’esprit. Toute une génération se souvient de mouché Hassèye, cette génération qui pense qu’on ne naît pas gratuitement à Tombouctou.

Chef du bureau du patrimoine à la DRJSAC de Tombouctou, secrétaire exécutif du centre Ahmed Baba de Tombouctou, éminent chercheur, il défendit de toute son énergie la culture de Tombouctou, ses us et coutumes. Nous nous rappelons encore les images de cet homme lors des symposiums de la biennale au cours desquels son combat est la défense de Tombouctou et de ses valeurs. C’est avec conviction qu’il présente pour la télévision le turban de Tombouctou et sa profonde symbolique ou les significations des ornements des fameuses portes ouvragées « algalum » ou les secrets contenus dans la broderie traditionnelle avec les Wakia foo, wakia foo nda jere , arbawaaku et autres.

Secrétaire Général du Haut Conseil Islamique Régional de Tombouctou, Imam de la mosquée Sidi yahia, il dirigea la prière, prêcha et enseigna à travers conférences, prêches, fora, tables rondes. Chercheur infatigable, éminent conférencier, homme soucieux du devenir de Tombouctou, tel fut l’homme. Sa dernière apparition publique fut au cours de la conférence des Ulémas tenue à Tombouctou par l’ONG britannique Middle Way. Lors de cette conférence où il présenta la contribution de Tombouctou à l’expansion de l’islam, il se fit distinguer par une chose qui lui tient à cœur en demandant de faire figurer dans les résolutions un statut particulier pour Tombouctou.

Mahmoud Baba Hassèye fut un défenseur acharné des manuscrits, véritables lampes à nos pieds. Il avait foi en ce trésor, notre héritage commun. Nous gardons l’espoir de perpétuer l’œuvre, œuvrer pour que Tombouctou ne soit pas un champ de patates où tout ce qui est utile se trouve sous terre. Si le grand baobab provient d’une petite graine, l’institut Ahmed Baba qui doit faire aujourd’hui la fierté de Tombouctou et du Mali a bien vu le jour sous le vestibule de Mahmoud Baba Hassèye. Témoignage d’actes posés par le passé en droite ligne de la rencontre d’experts de l’UNESCO de 1966 qui présidera à la création d’un centre pour l’exploitation des sources écrites de l’histoire africaine.

Abdoulaye Kalil Ascofaré, conseiller pédagogique au CAP de Tombouctou, parent et ancien collègue trouve en lui un homme exceptionnel, d’une grandeur d’âme jamais égalée, un homme transparent et ami de toutes les générations.

Mahmoud Baba Hassèye au niveau du comité consultatif de la SAVAMA – DCI dont il fut membre a œuvré de façon très active pour la sauvegarde et la valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique. Il s’est aussi sincèrement engagé pour l’émergence de la bibliothèque Al wangari qui occupe les locaux rénovés de Mohamed Bagayoko, maître d’Ahmed Baba au cœur de Badjindé.

La disparition de Mahmoud Baba Hassèye laisse un grand vide au sein de la communauté des ulémas de Tombouctou la mystérieuse. La SAVAMA – DCI (sauvegarde et valorisation des manuscrits pour la sauvegarde de la culture islamique) perd en lui un conseiller, un sage, un éclaireur. Abdel Kader Haïdara, Président Exécutif de l’ONG salue en lui un homme disponible, simple, tolérant et indulgent. Si la vie est une compétition où chaque homme dispose d’une colonne qu’il doit remplir, Hasèye Mahamoudou a rempli la sienne.

Cette perte est pour nous une occasion de méditer sur notre devenir, notre rôle et nos actions. Aussi je soumettrais à votre médiation l’histoire du fleuve d’airain fondu dont Dieu le Tout puissant gratifia le Roi Salomon. Ayant avec la permission de Dieu un pouvoir immense sur toutes choses particulièrement les génies, il leur ordonna de transporter l’airain fondu que Dieu lui donna en un endroit qu’il leur désigna.

Là ils en firent une muraille énorme sans issue entourant une ville prodigieuse où sont stockées toutes les richesses de la terre. Des millénaires après un souverain ayant prit connaissance de cela instruisit à un de ses lieutenants d’aller découvrir cette fameuse ville d’airain. Ce dernier sans différer s’en alla avec mille cavaliers. Après quarante jours de marche, ils arrivèrent à ladite muraille sans issue. Il fut alors demandé à un volontaire de grimper au sommet de la muraille pour se rendre compte de ce qui se trouve en cette ville d’airain contre une récompense de dix mille dirhems.

Le premier qui se proposa grimpa sur les bâts et scelles amoncelés. Arrivé au sommet il montra un visage rayonnant de joie et s’élança de l’autre côté de la muraille laissant ses compagnons dans la perplexité et l’étonnement. Un deuxième et un troisième firent le même geste sans qu’on put les en empêcher. Le chef d’expédition demanda alors à son armée de faire le tour de la muraille dans l’espoir de trouver quelque chose. Ils ne découvrirent rien excepté les vers suivants gravés au creux de la muraille :

« O vous qui placez votre confiance dans votre force et la longueur de votre existence, sachez que personne ne reste toujours dans le monde. Si les grandes richesses, les armées nombreuses, la science et la force faisaient rester quelqu’un dans le monde, Salomon fils de David ne serait jamais mort…

O vous qui avec le temps viendrez dans ce lieu, et qui verrez ici ce château, sachez que l’empire ne demeure à personne. L’empire est à Dieu ; c’est à Lui qu’il appartient de donner et de prendre. Profitez de cet exemple et conformez – y vos actions. »
Enseignant, professeur, conférencier, leader religieux, chercheur, imam et surtout Tombouctien, dors en paix Mouché Hassèye.

San Shirfi Ben Alfa Salum Ben Allimam Baber Ben Alfa Moya al Lemtuni
Président Commission Patrimoine Ecrit et Développement Socio – Economique Durable
SAVAMA – DCI
Tombouctou

NB : les titres et le chapeau sont de la rédaction.

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