Le Congrès Extraordinaire du 22 septembre 1960 : L’indépendance du Mali

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Modibo Keita

« La République du Mali est née. Le Mali continue. Le mot Mali continuera à résonner comme un gong sur la conscience de tous ceux qui ont œuvré à l’éclatement de la Fédération du Mali ou qui s’en sont réjouis. Nous restons mobilisés pour l’idée de la Fédération qui, malgré tout, demeure une semence virile de l’unité africaine. » Modibo Keïta

Il y a exactement 57 ans, la République du Mali fut proclamée indépendante. Avant de parler du congrès du 22 septembre, il serait juste de converser en amont sur les événements qui ont précédé ce jour historique. Après la proclamation de l’indépendance du Sénégal le 20 août 1960 et l’expulsion des dirigeants soudanais (maliens) du Sénégal, dans la même semaine une conférence nationale s’est tenue à Bamako pour réclamer à tous les cercles d’envoyer des délégations. Lors de cette conférence nationale les différents délégués ont été chargés de retourner à leurs bases et de consulter les populations : « Vu que la fédération n’est plus, qu’est-ce les populations veulent ? » Un délai d’un mois avait été donné pour réflexion, qui sera suivi d’un congrès extraordinaire pour que chaque délégué de cercle puisse rapporter à la tribune ce que les populations leurs auraient indiqué. Dans le livre « Modibo Keita, la Renaissance Malienne » d’Issa Balla Moussa Sangaré, le regretté Amadou Seydou Traoré nous fait savoir que: « le congrès du 22 septembre était prévu pour une durée de trois jours mais les avis étaient tellement convergents et unanimes qu’au final, il n’a duré qu’une demi-journée, et les décisions ont été adoptés à l’unanimité ».

En ce jour légendaire du 22 septembre 1960 dans la grande salle du Collège Technique de Bamako (actuel Lycée Technique de Bamako), les maliens se sont dressés comme un seul homme, même Fily Dabo Sissoko, l’opposant déclaré de tous les temps de l’U.S.R.D.A. (Union Soudanaise- Rassemblement Démocratique Africain) s’était rallié à la cause nationale en montant à la tribune du Congrès Extraordinaire pour proclamer son entière disponibilité pour la construction nationale du Mali. Dans son livre : « Le Mali de Modibo Keïta », le politologue Dr Cheick Oumar Diarrah pense que « le Mali avait un visage nouveau »

Devant les délégués des différentes circonscriptions le camarade Modibo Keïta articulait: « (…)  pour le succès de notre action en faveur de la Fédération, il est indispensable et urgent que la République Soudanaise s’affirme sur le plan africain et sur le plan international » et pour accomplir cela, les congressistes ont été invités à autoriser l’Assemblée législative :
1° À appréhender les compétences transférées par la République Soudanaise à la Fédération du Mali ;
2° À proclamer comme État indépendant et souverain la République Soudanaise ;
3° À proclamer que la République Soudanaise s’appelle République du Mali, libre de tous engagements et liens politiques vis-à-vis de la France, comme la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), la Côte d’Ivoire, le Niger, le Dahomey (actuel Bénin).

C’est ainsi les congressistes avec à leur tête Modibo Keïta et Fily Dabo Sissoko marchèrent  coude-à-coude du Collège Technique pour se rendre à l’Assemblée Législative qui s’est transformée en Assemblée Nationale, afin que cette dernière puisse proclamer l’indépendance de la République du Mali.

En cette période rude de l’existence de notre Etat, soyons plus que jamais fiers de notre pays. Toutes les grandes nations telles que les Etats-Unis d’Amérique et la France, pour n’en citer celles-ci ont connu leur problème du Nord et du Sud, par conséquent, le Mali n’est pas une exception. Il n’y a même pas 80 ans la France était divisée entre le Nord et le Sud et nos grands parents sont partis contribuer à sa libération avec honneur et dignité, comme ce que l’armée française est en train de faire dans le septentrion malien.  Dans son livre ‘Des Tranchées de Verdun à l’église Saint-bernard’, le regretté Pr Bakary Kamian nous fait savoir que « c’est 80000 combattants maliens qui étaient partis au secours de la France pendant la guerre mondiale 1914-18 et celle de 1939-45 ».

Le problème que notre patrie fait face aujourd’hui n’est pas une fatalité éternelle, nous avons l’obligation d’entretenir l’héritage politique légué par notre père de l’indépendance, le Président Modibo Keita et ses illustres compagnons en ramenant la paix et la réconciliation au Mali tout en défendant avec corps et âme l’unicité de notre nation.

Bonne fête d’indépendance à tous mes compatriotes maliens,
Hommage à nos aïeux panafricanistes,
Gloire éternelle aux libérateurs de la République du Mali,
Vive le Mali dans une Afrique unie et prospère.

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 22-09-2017
Issa Balla Moussa Sangaré
Fils du Mali.

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4 COMMENTAIRES

  1. N’oublions pas les erreurs qui ont été commises par le régime de Modibo Keita; j’en citerai sans vouloir aller à la polémique l’assassinat de Fili Dabo , de Hamadoun Dicko et de Maraba Kassoum sous le pretexte de “contre révolutionnaires”; les exactions de la milice populaire qui ont terni l’image du régime; la délation qui était la chose la mieux partagée; le système socialiste de développement avec son lot de manque e produits vivriers et les longues files aux differentes coopératives de consommation, le culte de la personnalité qui était pratiquée autour de Modibo ;la destruction du village de Sakoiba à Ségou et j’en passe.
    Disons que Modibo a conduit le pays à l’indépendance en finissant le travail consommé par les Mamadou Konaté Fili Dabo et plusieurs autres illustres inconnus
    Paix à leur âme. L’Histoire jugera.
    eE

  2. Je suis tres heureux de vous avoir lu. Sans etre pessimiste, les dirigeants actuels n’ont pas suivi les traces des peres fondateurs de la Republique du Mali, dont Amadou Djicoroni qui j’ai personnellement cotoie avant sa mort. SE Modibo KEITA evitait meme le survol de l’espace Aerien francais par son appareil. Ce qui en dit long. Entre lui et la France , il y ‘a eu la rupture totale. Mais aujourd’hui , il faut le dire mais surtout le condamne , le fait qu’IBK soit place sous la tutelle francaise, nous fait perdre tout espoir. Pourtant meme celui-ci se reclame heritier de Modibo KEITA. Du 22 Septembre 1960 a nos jours , jamais notre pays n’a ete envahi par les francais que sous IBK. Aussi de la plus mauvaise maniere . Tout ce qui avait ete refuse a la France par les Presidents successifs du Mali, a ete accorde par IBK y compris le partage du Mali en plusieurs micro Etats. Il est clair que la CMA, qui est un groupe de bandits armes, reclame l’independance de l’AZAWAD . Cette CMA est est soutenue par la France . Meme si l’evasion de notre territoire, a pour origine l’effondrement de la Libye, notre pays n’a ete humilie , bafoue et soumis que sous IBK.

  3. Nos idéaux étaient clairs, nos esprits vifs, nos valeurs intactes, notre courage inébranlable….et nous savions exactement ce que l’on veut. HÉLAS c’est un 19 novembre 1968 qui est survenu tout remettre en cause…faire alors place a une race des maliens qui a tout abandonné et surtout qui a dérivé dans l’égoïsme au point de piétiner le sens même de la vie, plus encore de la république!
    MODIBO est comme un chef de famille intelligent, scrupuleux, brave, riche et ingénieux qui a su discipliner et éduquer ses enfants…mais qui par malheur finit par être brutalement fauché par des démons en complicité avec ses fils ainés…. ainsi sa maison laissée pour compte, l’éducation de ses enfants négligée, leur discipline complétement abandonnée, les filles devenues prostituées, les garçons devenus trafiquants tout-genre, les plus faibles devenus mendiants…enfin enfin la maison familiale (le joyaux qui faisait sa fierté) mise a vente! Quel regret pour ce grand homme!

    • MODIBO était vrai homme d’état il savait exactement comment gérer l’avidité des hommes vers l’égoïsme. Il avait mis la République devant tout….mon oncle m’a dit qu’il y avait beaucoup de respect pour l’état…qu’on ne osait même pas les regarder dans les yeux…il affirme qu’ils n’étaient PAS des VOLEURS! Il dit que “les comparer a ceux d’aujourd’hui est égal a comparer le ‘massaké et le bilakoro'”! Et d’ajouter que dans “ces conditions le Mali ne pouvait qu’avancer”!

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