La première Conférence Africaine des Humanités(CAH) s’est tenue du 28 juin au 1er juillet 2017 à Bamako, en terre africaine du Mali, terre d’accueil et d’hospitalité.
Sous l’impulsion du ministre Adama Samassékou, cheville ouvrière de l’organisation de la rencontre, d’éminents professeurs, chercheurs, historiens, hommes de culture, communicateurs traditionnels, se sont penchés sur les problèmes de développement, à grande échelle, des humanités.
Des thèmes complexes ont été passés en revue à l’occasion, portant notamment sur l’état des lieux des humanités en Afrique, la renaissance, les actualités des humanités et sciences sociales en Afrique, la problématique des diasporas, les migrations et conflits, les manuscrits anciens africains face aux défis de l’heure, les cultures et l’éducation, les langues africaines à l’ère du numérique, la démocratie , les crises institutionnelles et le radicalisme religieux.
Les exposés et les débats suscités ont atteint un niveau hautement appréciable traduit par une réflexion collective approfondie avec en toile de fond des propositions concrètes susceptibles de permettre à notre continent d’apporter une contribution de qualité à la Conférence Mondiale des Humanités prévue en août prochain à Liège en Belgique.
Néanmoins, il est présomptueux de vouloir, en quatre jours de rendez- vous de donner et de recevoir, soulever, de manière exhaustive, l’ensemble des problématiques que pose la consécration des humanités. La réflexion doit donc se poursuivre sous les meilleurs auspices et ce n’est que par les échanges, par le partage des idées et des expériences, que les acteurs concernés pourront, de concert, asseoir davantage l’ancrage, la visibilité et l’audibilité des humanités.
L’envol des humanités est un processus long et de longue haleine qui se veut dynamique en relation continue et dialectique du fait de toutes sortes de bouleversements et de soubresauts qui assaillent des hommes et des femmes dans le jardin parfait de leurs vraies valeurs sociétales.
Lors de l’introduction de l’idée de la Conférence, des voix autorisées ont, certainement par modestie, alerté que le monde est malade.
A notre avis, s’il s’agit d’un mal ordinaire, l’on peut le soigner avec toute la promptitude requise, sur la base d’un diagnostic adéquat. «L’homme est le remède de l’homme » soutient la sagesse africaine. Mais malheureusement, le vent qui souffle sur le monde de nos jours, de plus en plus connecté, ouvert à une course effrénée de compétitivité et à une concurrence sans merci, n’est pas du tout normal. C’est « un ouragan » selon l’expression de feu le Président SENGHOR (Paix a son âme !).
En réalité, le monde est en danger et jamais la planète bleue n’a été si secouée par une série noire de menaces existentielles dont personne ne peut prévoir l’issue tellement ces menaces revêtent, au fil des jours, un caractère de plus en plus asphyxiant. La situation générale est particulièrement inquiétante en Afrique, un continent berceau de l’humanité, qui vise un objectif noble, celui d’être moderne, de se tourner vers l’avenir avec des atouts indéniables dont ses vraies valeurs socio culturelles, ses immenses richesses naturelles.
La principale voie de salut à privilégier pour relever les défis qui persistent demeure un partenariat ouvert mais constructif.
Nous retenons, pour ce faire, une citation qui peut opportunément édifier et inspirer ceux qui œuvrent, tous azimuts, à la promotion des humanités:« alliance horizontale entre les pays africains, alliance verticale avec les autres pays, telle est la position du Mali ».
C’est la conclusion du célèbre discours prononcé par feu le Président Modibo KEITA (Paix à son âme !) du haut de la tribune du sommet qui a consacré la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en mai 1963 à Addis Abéba en Ethiopie.
Enfin, l’institutionnalisation des journées africaines des humanités, fortement recommandée lors des assises de Bamako, offre des possibilités énormes de création de larges avenues pour le partage de modes de pensées, d’idées, des approches positives des comportements à observer, pour les entretenir comme moyens de dissémination des meilleures pratiques d’émergence des humanités.
Par Chirfi Moulaye HAIDARA, Chercheur et Ecrivain.