Communiqué de presse de l’ARACF :À propos du Communiqué de la Société Rockgate en date du 31 mars 2011Un laborieux exercice de communication du Président Karl Kottmeier pour rassurer les actionnaires.

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Dans un commentaire sur les propos nuancés de Mr Benson Diakité, Conseiller à la Communication du Président de la République du Mali, en réaction au communiqué de presse publié le 30 mars 2011 par Eva Joly et Michèle Rivasi, eurodéputées du Groupe Les Verts au Parlement Européen après avoir été reçues la veille à Koulouba, le Président de Rockgate, M. Karl Kottmeier, a cru devoir rassurer d’urgence les actionnaires de sa société.

Après avoir affirmé que les opérations de Rockgate n’ont pas été suspendues par le gouvernement, il prétend avec certitude que «Le gouvernement malien soutient totalement nos actions».
En fait, le Conseiller à la Communication du Président Amadou Toumani Touré a plutôt dit qu’«il n’y a pas eu de prise de décision de faire arrêter tout de suite les forages».

Cette information a été confirmée par un haut responsable des mines qui a précisé : «Nous sommes sur le dossier, conformément aux instructions du Président de la République. Mais aucune décision n’est prise concernant un arrêt».

En clair, comme nous l’avons indiqué dans notre communiqué de presse du 03 Avril 2011, la position prise par le Président de la République est la suivante : «Je n’ai pas été informé sur la situation réelle qui prévaut sur le terrain à Faléa. Je m’engage à arrêter les opérations de forage et de carottage. Si la population de Faléa ne veut pas de ce projet minier, le permis ne sera pas délivré à Rockgate et je préférerais développer le secteur agricole dans la Commune Rurale de Faléa».

Quant aux déclarations de Mr Kottmeier selon lesquelles : «Rockgate et le gouvernement malien ont travaillé ensemble pour s’assurer que les meilleures pratiques industrielles soient appliquées, notamment pour éviter les impacts sociaux et environnementaux», la réunion d’information et de concertation du 30 Mars 2011, tenue au Ministère de l’Environnement, et à laquelle ont participé les différents services techniques maliens normalement en charge du dossier (Direction Nationale de la Géologie et des Mines, Agence Malienne de Radioprotection, Direction Nationale des Eaux-et-Forêts etc.), l’ARACF, la CRIIRAD et la compagnie minière Rockgate elle même, ont permis d’établir :

Que l’étude d’impact environnemental menée par Golder Associate depuis Avril 2010 et celle de I.P.R (spécialisé dans la radioprotection) actuellement en cours, sont conduites hors du processus réglementaire exigé par la loi malienne qui prévoit son encadrement et sa validation par la Direction Nationale de l’Assainissement, du Contrôle des Pollutions et des Nuisances.

Ce constat est corroboré par l’information donnée par le Président de Rockgate en personne qui fait état d’une deuxième étude d’impact environnemental décidée de son propre chef alors que la loi malienne en la matière exige que ce soit l’État qui en prenne la décision souveraine et la fasse réaliser par un bureau de son choix sur financement de l’exploitant minier!

Une absence totale de pratique d’information et de concertation avec des services techniques maliens concernés par l’activité minière et, en principe, incontournables comme la Direction Nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances, la Direction Nationale des Eaux-et-Forêts et l’Agence Malienne de Radioprotection;

L’incompétence de Rockgate dans sa méthodologie de réalisation des opérations de forage et de carottage qui ne tient compte ni de l’hydrographie et du système hydraulique de la commune ni des services environnementaux fournis par les diverses ressources naturelles locales, créant ainsi des problèmes d’approvisionnement en eau potable aux habitants et mettant en danger leur santé et leur environnement.

Cette réunion a ainsi recommandé l’envoi sur le terrain à Faléa, dans la première quinzaine d’avril 2011, d’une mission conjointe des différents services techniques compétents afin d’analyser les problèmes et de proposer des mesures. Une mission conjointe des Ministres de l’environnement et des mines suivra cette mission technique avant la fin de ce mois d’avril.

Quant aux populations de la Commune rurale de Faléa, elles ont déjà exprimé avec force leur opposition à l’ouverture d’une mine d’uranium chez elles, compte tenu de ses conséquences désastreuses et non maitrisables.

Par ailleurs, les résultats de l’entreprise Rockgate ne devraient pas susciter de l’optimisme chez ses actionnaires. En effet, depuis sa création récente en 2004, Rockgate n’a aucun chiffre d’affaires et tous ses projets sont au stade de la prospection. Elle a enregistré 6 millions de dollars US de pertes sur l’exercice clos le 30/6/10 et 4 millions de dollars US de pertes sur l’exercice clos le 30/6/09. Elle est très régulièrement recapitalisée à travers de placements privés auxquels elle doit son équilibre précaire.
À la lumière de tous ces faits, il n’est pas imaginable que le Gouvernement malien finisse par agréer une telle société, tant elle manque de fiabilité et de crédibilité.
Bamako, le 07 Avril 2011
Le secrétaire à la Communication
Nouhoum Kéita

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