- Rompre avec la gouvernance de détresse !
Ce que devient le Mali mérite une réflexion approfondie pour comprendre ce qui nous arrive afin de mieux nous en sortir. On veut bien que la gouvernance d’un pays en guerre par procuration fusse une affaire trop sérieuse pour être confiée à des colonels. Mais la dévastation de ce pays par une insécurité subie depuis une décennie de guerre est trop sérieuse pour être confinée dans la gouvernance électoraliste dictée de surcroit à un territoire sous occupation. On ne peut voter sous les balles comme on ne doit voter pour “élire” ses bourreaux c’est-à-dire les complices de la dévastation. Tout vote prématuré ne pouvant “élire” que les seuls maliens prêts à acheter une élection, c’est-à-dire ceux qui ont détourné les milliards soustraits à l’équipement et à l’entretien de l’armée.
La survie du Mali de notre héritage et de nos rêves commande de ne pas succomber aux injonctions d’élections préalables et aux chantages et pressions de l’embargo du rapport de forces défavorable à notre pays enclos, sous siège et sous occupation, en clair Non au Mali Électoral, tout en gardant à l’esprit ce qui nous a conduits à l’embargo ! Ce refus ipso facto veut dire nous donner les moyens de mettre en œuvre le Mali de nos aspirations avec le préalable de la mise en place d’une gouvernance plus légitime et compétente pour remplacer le piège sans fin des improvisations et contradictions de notre gouvernance de détresse. En l’occurence, après les ANRs et depuis la DNI, des canevas existeraient pour choisir des chefs de transition – par example, le vote à main levée me dit-on — pouvant éviter les chausse trappes de l’impréparation qui donnent l’impression d’exécution du travail d’autrui.
Rompre avec la gouvernance de détresse n’est pas simplement de clamer rompre avec la France et récolter sa rente populiste tout en restant vautré dans des contradictions gênantes. Il s‘agit de rompre de façon crédible avec tout belligérant actuel ou futur en nous donnant les moyens humains, institutionnels et spirituels de notre émancipation. Faire comme le Rwanda se pense et se prépare et l’option prise sur ce pays et le Togo interroge le rapport réel à la France… Par ailleurs, la nature de notre guerre met en jeu tout un théâtre d’ombres où l‘allié peut être l’ordonnateur des couvertures onusiennes, des bailleurs de fonds et des instances sous-régionales, soustrayant Kidal au Mali, s’alliant au pyromane de village et de car de voyage, au poseur de mines et d’engins explosifs improvisés tout comme au ravisseur et à l’imposeur de taxes parallèles et de vêtements islamistes. Bref, même si le portrait robot de l‘ennemi n’a pas besoin de photo, nous aurions besoin de planifier une coopération alternative en cas de meilleur augure chez le belligérant dans ses multiples facettes, soit en raison de résolutions onusiennes plus favorables, un gouvernement français plus compréhensif, un voisinage régional plus pragmatique dans ses intérêts commerciaux avec le Mali ou le triomphe de la fraternité interne par la montée en puissance des Famas.
Rompre avec la gouvernance de détresse exige un certain nombre de préalables pour en saper les bases de la trahison qui fortifie l’ennemi. D’abord, bien réfléchir à la situation et se soustraire aux instantanés, clichés et raccourcis des médias sociaux. Ceux-ci sont souvent manipulés par les anciens responsables dont certains furent écroués mais d’autres continuent leur cabale de malfaisance y compris à partir de pays voisins, avec leurs milliards et leur perfide insistance pour des élections illico même au prix de la poursuite de l’écroulement du pays. Sans compter par les responsables nombreux des régimes passés restés sur place.
Ensuite, énoncer le contexte réel, réaliste et réalisable de l’action publique correctrice pour dissiper le brouillard de confusion où opère nos belligérants invisibles. Un des clichés tenaces par example dit que la légitimité appelle la gouvernance des jeunes dont les deux tiers sont la majorité démographique du pays. En fait, la crise aigüe de l’école depuis quatre décennies en a beaucoup entamé la substance légitime et émoussé l’or démocratique. Les générations précédentes ont par conséquent un rôle historique à jouer de mise en route de notre jeunesse pour accomplir sa mission présente de vigilance et future de conduite du pays.
Enfin, mobiliser les gens du Mali et d’Afrique pour permettre à la jeunesse de jouer plus tôt que plus tard son rôle historique de défense et de conduite du pays. Les jeunes militaires parmi eux, pour valeureux qu’ils soient, doivent passer la main aux aînés civils patriotes hors classe politicienne en se plaçant sous leur autorité et protection pour parachever le travail de rectification de façon plus adroite et plus experte de la sortie d’impasse et éviter au pays les règlements de comptes inutiles et les scénarios coûteux de garder un pouvoir d’État en mal de vision. Comme nous le disons au Mandé, so deni sen ka teli nga a te wula don. Demisen sogo te mon. Cekoroba de be sogo tolilen tige cogo don. Dans la langue du peuple ami français, ces dictons disent que le poulain a le trot rapide mais méconnaît la brousse. La viande des enfants ne cuit pas à point. C’est le vieux qui sait découper la viande avariée.
Les discussions ci-dessus et ci-après veulent susciter un examen approfondi, que ce soient des réflexions individuelles de l’élite pour inspirer la nation ou animer le débat des maliens et donner des indications au-delà de la réflexion et la rendre féconde pour l’action. En raison de l‘étendue et de la criticité de l’examen, elles seront livrées au lecteur en quatre parties dont les trois qui suivront celle-ci avec le bénéfice d’adaptation à une situation changeante. La deuxième partie porte sur l’examen de la nécessaire réflexion, la troisième sur comment éviter la confusion par un énoncé réel, réaliste et réalisable de notre contexte d’action; et la quatrième porte sur une discussion des pistes de ce qu’il y a à faire.
Mr. Amadou Cisse
Washington, D.C.
U.S.A.
Abscisse1@gmail.com
Très bonne analyse, sans complaisance ni passion, mais pour que le Mali puisse sortir de ce cycle infernal à recommencement avec les politiciens ripoux, il faut que l’électeur parvienne à faire le lien entre son vote et sa propre condition de vie. Aussi longtemps que nous prenons 2000 Fcfa pour donner notre voix à qui le veut, nous ne pourrions déjouer le piège que nous tendent les fossoyeurs de la nation.
Ceci dit, on a trop insisté sur le rôle des politiques dans la faillite de l’État Malien quid du rôle des militaires et des intellectuels ? Les politiciens ont certes déçu mais quand on regarde la prestation de cette armée de 2012 à nos jours, n’a-t-elle pas déçu aussi ? Les intellectuels ont-ils joué leur rôle dans la société Malienne ? Peu importe que le peuple soit à 86% analphabète, si l’élite s’était donné pour mission de le guider au lieu d’exploiter son ignorance, le pays ne serait pas tombé si bas.
Tres bonne analyse mais cela va tomber dans les oreilles sourdes.
Tout vote prématuré ne pouvant “élire” que les seuls maliens prêts à acheter une élection, c’est-à-dire ceux qui ont détourné les milliards soustraits à l’équipement et à l’entretien de l’armée. MERCI CISSE KE POUR LA VERITE ET LA BONNE ANALYSE. NOUS NE SOMMES PAS PRETS AVEC ASSIMI-CHOGUEL-SADIO-DIOP-MAIGA POUR VENDRE NOTRE NATION LE MALI A SES FILS VOLEURS, SANS VERTU, SANS HONNEUR, SANS DIGNITE ET SANS VERGOGNE
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