Les Maliens sont-ils en train de tomber sur leur tête ? Après avoir perdu tous les repères sociétaux, les Maliens sont maintenant en train de perdre leur dignité. Sinon, comment peut-on comprendre le tollé général soulevé par le changement de statut des collèges Horizon. Ce qui est certain, le président Modibo Keita doit être en train de se retourner et pleurer dans sa tombe. L’œuvre magnifique et gigantesque entreprise par lui et ses camarades du parti pour faire du Mali un pays indépendant et émancipé est aujourd’hui loin d’être une réalité.
La réforme de l’éducation élaborée par l’Union Soudanaise RDA est réputée être l’une des meilleures réformes en Afrique, sinon dans le monde. Le Mali était cité en exemple pour son modèle d’organisation très efficace de l’enseignement et de l’alphabétisation fonctionnelle. Mais aujourd’hui, le Mali est à la traîne sinon dans le peloton de queue dans tous les ordres d’enseignement.
Depuis le coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968, le Mali cherche vainement son chemin. La révolution démocratique du 26 mars 1991 n’a fait qu’aggraver et accentuer la crise de l’Education Nationale. En outre, avec l’avènement de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), avec l’ajustement structurel, la qualité de notre enseignement a subi une dégradation totale. Le départ volontaire à la retraite des enseignants compétents sortis des écoles de formation a sonné le glas de l’enseignement au Mali.
Depuis ce temps, aucun régime, de Moussa Traoré à Ibrahim Boubacar Keita en passant par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, n’est arrivé à bout des difficultés qui assaillent l’éducation au Mali. Contrairement au président Modibo Keita, aucun de ces dirigeants n’a pu mettre en œuvre un programme efficace pour mettre fin au déclin de l’école malienne.
C’est pourquoi je suis très écœuré, très déçu par le comportement des cadres kleptomanes qui sont aujourd’hui aux affaires. La majorité de ces cadres sont des fils de paysans. Leurs parents n’avaient aucun moyen de financer convenablement leurs études de l’école primaire jusqu’à l’école supérieure. C’est l’Etat qui a tout mis en œuvre pour leur assurer ces différentes formations.
Mais si aujourd’hui, nous qui avons bénéficié de cette gratuité, n’avons pas été capables d’assurer la même chose à nos enfants, cela ne peut nullement se comprendre. Je pense que le problème des «collèges horizons» qui fait la Une de la presse et qui est devenu une préoccupation majeure des parents d’élèves, dont les enfants fréquentent ces collèges, n’a pas sa raison d’être.
Si les autorités gouvernementales successives ont été incapables de jouer pleinement leur rôle, un pays étranger en l’occurrence des investisseurs privés de la Turquie, doivent-ils suppléer à nos propres défaillances consécutives à la mauvaise gouvernance ? Nous devons avoir honte, honte de nous-mêmes, de n’avoir pu donner à nos enfants ce qui n’est qu’un droit, à savoir une éducation saine et décente. Nous devons avoir honte, honte d’avoir volé les deniers publics qui auraient dû servir à construire des établissements scolaires et à former des enseignants compétents, pour offrir un enseignement de qualité à nos enfants. Nous devons prendre conscience devant l’histoire de notre responsabilité dans la crise profonde que traverse notre cher pays.
Il est temps pour nous de tirer des leçons de cette histoire calamiteuse, pour mettre fin à la mauvaise gouvernance liée à la corruption, à la délinquance financière, au népotisme, au favoritisme et à l’injustice. Les autorités maliennes doivent tout mettre en œuvre pour redonner à l’école malienne sa splendeur d’antan. Il faut arrêter la privatisation sauvage de l’école et rendre l’école obligatoire et gratuite du primaire jusqu’au secondaire.
Ainsi, les cadres maliens ne seront plus obligés de détourner les maigres ressources de l’Etat pour financer à 950 000 Fcfa par an l’instruction de leurs enfants dans les collèges dénommés <<Horizons>>.
Yacouba Coulibaly
Administrateur des Postes à la retraite
Nul n’ignore le rôle prépondérant joué par les élèves et étudiants dans l’avènement de la démocratie sinon la chute de Moussa TRAORE.
Ainsi, par eux parvenu au pouvoir, Alpha, donc arrivé à ses fins, n’avait plus beaucoup d’autorité pour freiner leur élan de démocratisation. Pour un oui ou un non c’était la casse, alors la solution était d’éparpiller les ardeurs, on a commencé à diviser pour mieux régner. S’en est suivie une exaspération générale avec pour corollaire la multiplication des écoles privées sensées donner le meilleur enseignement aux enfants des nantis pour qui l’école publique, où les sorties incontrôlées hypothéquait dangereusement leur avenir.
Dès lors les hommes d’affaires, les commerçants et même les transporteurs se sont lancés dans la création d’écoles non pas pour pallier l’insuffisance de l’école publique mais parce que là on peut se frotter les mains.
Fils d’un vaillant enseignant et de surcroit lui-même enseignant comme on dit sac à dos Alpha a eu le mérite d’abandonner l’école à son triste sort sans parvenir à lui apporter son traitement approprié. Bien au contraire, avec sa politique machiavélique de division il n’a fait qu’aggraver la situation. Ainsi on a vu naître au sein des écoles le gouvernement des enfants chargé de mettre au pas et parents et maîtres car devant avoir la voix au chapitre pour toutes décisions les concernant. Un peu le monde à l’envers.
Au jour d’aujourd’hui on en est encore au balbutiement pour la voie idéale de système éducatif.
C’est le têtard de Alpha qui est à l’origine de tous les maux de l’école de l’ère démocratique.
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