Classe politique : L’étrange destin de Oumar Mariko

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La justice à ses trousses, ses amis putschistes en prison, royalement ignoré par IBK et Moussa Mara dans la formation du nouveau gouvernement, mais aussi et surtout son impopularité de plus en plus manifeste auprès des cadres de son parti (Sadi)…. le tonitruant député de Kolondiéba connaît véritablement une descente aux enfers et s’achemine vers une mort politique prématurée. Explications. 

 

 

 

Oumar Mariko

«Si je n’étais pas réélu député, ce moment m’aurait trouvé en prison». La phrase est devenue le refrain du Secrétaire général du parti Sadi, Oumar Mariko, sur les antennes de ses radios et lors de ses «meetings» populistes. Sans doute, l’homme politique controversé a vite senti venir sa disgrâce. Il avait couru en toute vitesse pour rejoindre le camp IBK dans l’entre deux tours, après avoir mené une campagne pas très courtoise contre celui-ci. Il s’était donc rallié à la mouvance présidentielle, estimant qu’«on ne peut pas rester éternellement dans l’opposition».

 

 

Mais la composition du nouveau gouvernement a royalement exclu son parti. La déception s’abat sur ses «amis», notamment ses camarades qui cirent ses bottes, s’attendant à ses faveurs pour obtenir des strapontins.  Mariko avait tout prévu, sauf un nouveau gouvernement sans son parti. Mais, son exclusion dans la formation de ce gouvernement est-elle étonnante ? Absolument, non ! Car, dans l’entourage d’IBK, on explique ne jamais faire confiance à Mariko. «Il est imprévisible, on ne peut pas compter sur lui pour mener à bien l’action gouvernementale. Or, dans le contexte actuel, surtout après l’affaire Tatam Ly, la majorité a besoin de solidarité et de cohésion», commente un cadre de la mouvance présidentielle, pour qui «Oumar Mariko ne sait pas ce qu’il veut».

 

 

Au moment où Mariko et ses «amis» pleurent leur absence du gouvernement, la cassure du groupe parlementaire Fare-Sadi tombe comme un couperet. Les cinq députés qui avaient rejoint ceux de Sadi, ont décidé de rejoindre le Rpm. Les analystes n’ont donc pas eu tort de prédire un «mariage saisonnier» entre ces deux partis, tant l’alliance est incohérente, plus qu’avec le Parena en 2007. Bref, les députés Fare avec lesquels il avait constitué un groupe parlementaire, au nom d’une alliance ridicule, ont couru vers le Rpm, le parti présidentiel.

 

 

Politiquement, Oumar Mariko est donc affaibli. À l’Assemblée nationale, il doit se contenter de ses quelques minutes de temps de parole en tant que non-inscrit, mais aussi de ses dix radios sur lesquelles il mène sa diatribe contre ses adversaires politiques, et surtout contre les journalistes maliens qu’il accuse d’avoir favorisé la chute de son mentor, le général Amadou Haya Sanogo.

 

 

À deux doigts de la prison

 

Son éternelle influence sur son parti s’effrite de plus en plus, notamment auprès des cadres qui osent (maintenant) lui cracher les quatre vérités. Impossible, il y a quelques années dans ce parti où «le monarque» Mariko a réussi la caporalisation. Etrange destin pour cet homme politique au parcours sulfureux et dont les choix, souvent têtus et arrogants, ont occasionné la démission des dizaines de cadres de son parti, mais aussi et surtout la démobilisation du président Cheick Oumar Sissoko. S’il ne dit rien publiquement, l’homme politique respectable qu’il est, a fait profil bas depuis plusieurs mois sur la scène politique. Il se consacre à son cinéma. Le destin est aussi étrange pour le député Sadi de Kolondiéba qui ne peut plus compter sur son mentor de Kati. Ses amis putschistes, Sanogo, Seyba… sont en prison.

 

 

 

Et la «belle époque» de Kati et de la milice SPN est révolue. Le pseudo révolutionnaire s’était attaché au service des gardes du corps pour «sa protection» et les réceptions avec les honneurs au camp militaire Soundiata de Kati. Comme un malheur ne vient jamais seul, Oumar Mariko doit se résoudre à s’expliquer devant la justice. Les juges l’attendent au tournant dans l’affaire dite de l’assassinat de deux étudiants sur le campus universitaires de Bamako, le 30 avril  2012. Son immunité parlementaire avait été levée pour être entendu par la justice. La réélection a traîné la procédure, mais le dossier reste pendant devant la justice. «Il ne faut pas qu’on se cache les choses.  Dans cette affaire, il y a de grosses charges qui pèsent sur Mariko», nous confie un conseiller au ministère de la Justice. Acculé de toutes parts, Mariko ne sait plus à quel saint se vouer. Le destin est véritablement étrange pour le tonitruant député de Kolondiéba…

Tony CAMARA

Journaldupeuple.com

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