Cinquantenaire des Etats Africains : 50 ans après, l’union reste une idée neuve

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Connu et vérifié de la Nation malienne. Nous voulons parler de la saga africaine de nos gouvernants. De Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré à Ahmadou Toumani Touré. Ce mardi à la tour de l’Afrique, on notait la présence du chef du gouvernement et de son équipe, puis parmi d’autres celle du président de la Commission Nationale d’Organisation du Cinquantenaire, M. Oumar H. DICKO.

Pas plus tard que l’autre soir sur les ondes de radio, le Ministre malien de l’Intégration Africaine, le Dr Macalou disait que l’unité africaine était existentielle pour son pays. On ne saurait mieux dire, car cette union africaine vue du côté malien est devenue un marqueur spécifique de notre espace politique. Nous sommes nous demandé avec quel éclat ou quel empressement chaque état donnait à la célébration du 25 Mai dite « Journée de l’Afrique» ? Le Mali organise chaque année la semaine de l’Intégration Africaine.

L’Unité Africaine, il l’a inscrite depuis dans la mère de toutes ses lois. Ce Mardi, mon regard est resté scotché sur une banderole disant que l’avenir de la jeunesse africaine dépendait des Etats Unis d’Afrique. Pour raffermir notre foi en l’intégration sur le chemin de l’Afrique, au temps sacré des commencements, l’ombre géante du président Modibo Keïta parmi bien d’autres à Addis-Ababa (Ethiopie) en 1963. C’est sans doute dans le hall of Africa que lui et Léopold Sédar Senghor vont tomber dans les bras l’un et l’autre … en s’excusant déjà de n’avoir pas su conserver une certaine idée qu’ils avaient eue de la Fédération du Mali. Ce qui s’est dit ce jour là entre tous les invités du Négus Halié Selassié 1er, devenait exemplaire et par conséquent répétable.

L’évènement qui était sans précèdent prenait donc date avec les Sékou Touré, Félix Houphouët Boigny, le roi Mohamed V, le ghanéen N’krumah, Gamal Abd El Nasser, Jomo Kenyata …. et les meilleurs et des premiers d’alors sur le continent. Le modèle était posé un 25 Mai. Au commencement de ce nouveau millénaire, on va changer d’appellation: de l’Unité on passe à l’Union Africaine avec l’énoncé de nouvelles règles et un hymne. Mais comme dans la vie commune on sait que cela ne suffit pas à leur mise en œuvre, on s’apercevra bien vite que la question même de la réunification de sens qu’il faut donner au mot union africaine relève de tout un processus. La tension vers ce cheminement va partager d’un côté les partisans d’un” go slow”(ceux qui avancent avec prudence, monnayant des arguties) et de l’autre côté les” jusqu’au boutistes”(ceux qui sont pressés d’aller à l’union et tout de suite). Notre problème ici sera plus modeste : la tension entre la rhétorique unificatrice et sa réalisation ne pourra se résoudre que par un acte de volonté politique. Souvenons-nous de ce que le Pr. Issa N’Diaye disait lors d’un colloque à Dakar qu’il fallait avoir le courage politique d’assumer l’indépendance théorique du continent africain et oser enfin inventer son avenir.

Mener la réflexion pour l’action et le geste diplomatique Cinquantenaire pour Cinquantenaire … comme disait la chansonnette, 50 états et plus sur le continent, c’est beaucoup. Nos états ont pris 3 ans d’avance sur leur unité. Est-ce pourquoi ils vont séparément chacun de son côté fêté la journée de l’Afrique? La transition vers une plus grande unité de nos micros états devrait entraîner du moins en théorie plus de droits politiques et socio-économiques. L’Union Africaine dans sa formule se dégage pour être une intégration des peuples. Seulement voila, il faudra compter avec des perturbations liées aux limites du pouvoir d’Etat en Afrique. Nous prendrons comme exemple à cet effet ces mesures législatives dans certains Etats et visant à exclure des catégories d’étrangers. C’est qu’il y a comme des idéologies de la différence qui s’incrustent.

Et voilà pourquoi donc des liens biologiques ou ceux d’une petite communauté locale présente ici ou là prennent le pas pour essayer de devenir la base de la citoyenneté. Si l’on pousse plus loin, on verra que c’est une nouvelle carte économique et sociale du continent qui se dessine avec le commerce, la guerre et les migrations forcées. Nos états dans leurs traits généraux vont se trouver quelque peu destructurés, eux qui sont par essence prédateurs. L’éloge de la différence entraînant la xénophobie, de celle-ci l’exclusion. Le caractère instable de l’histoire de notre continent a contribué à modifier son corps territorial, relèvent nos historiens.

Après tout, nos états actuels n’ont- ils pas été crayonnés par le colonisateur avec des tracés de frontières arbitraires? Les ensembles naturels et homogènes existant avant le compas et le canon du colonisateur ont été appréhendés et disloqués. La Balkanisation a été de créer des micros états économiques non viables et davantage reliés à la métropole qu’à leur environnent régional. En sacralisant le dogme de l’intangibilité des frontières (les pères fondateurs de l’OUA avec Modibo KEITA en tête) en 1963, l’Organisation Africaine prenait-elle la juste mesure des défis? Ne voit-on pas que ces frontières ne pourraient plus être transcendées que dans le cadre de politiques vigoureuses d’intégration régionale?

Le Haut Commissaire de l’OMVS faisait remarquer l’autre jour sur le plateau d’Africable que l’on a mis 20 ans à sortir des cartons le projet du barrage de Manantali et qu’il aura fallu seulement 3 ans pour sceller le bon sort du barrage de Félou (la pose de la première pierre va réunir les présidents de la Mauritanie, du Sénégal et du Mali). L’intégration, elle marque chacun de ses pas d‘une pierre blanche. Elle pourrait même se faire en marge des institutions connues, à travers des solidarités dit-on socioculturelles et des réseaux marchands transfrontaliers. Des réseaux marchands, des échanges transfrontaliers connectés aux marchés internationaux et à leur dynamique.

Ce commerce que l’on pourra appeler d’opportunité ouvre de nouvelles bases d’espaces alternatifs et il sera axé sur l’exploitation de la disparité de nos différentes politiques économiques mises en place ça et là. Peut-on ignorer ce qui relève de la contrebande et des flux migratoires, de tout ce qui fait cette économie informelle? Non, car nos territoires d’état sont dissociés des espaces d’échange. Ce fait n’est plus mineur et tend à devenir une caractéristique. Il existe de puissants réseaux pas souvent en odeur de sainteté qui viennent en complémentarité d’autres aires de production …

Nous pensons ainsi à ce pays le Bénin dont le cas n’est plus « bénin» vis-à-vis de son puissant voisin du Nigeria, nous pensons à ces narcotrafiquants du Nord Mali où une prise de risque pour des stupéfiants a atteint le cœur de nos régions alentour. Parce que notre continent se retrouve loin à la lisière des grands courants des mutations technologiques contemporaines, et que nos états n’étaient pas à San Francisco pour la création de l’ONU.

Voilà que notre Afrique se retrouve en face d’une économie de contrainte dont l’objectif est la destruction pure et simple dit-on des populations superflues et l’exploitation des ressources à l’état primaire. Si nous regardons objectivement en face la situation qui est faite à notre continent et la tâche qui lui incombe, il nous appartient qu’elle règle enfin sa conduite en conséquence dans ses chances de trouver une voie sensée vers plus d’unité.             

Avec ce nombre des Etats-Unis, on atteindra une qualité.

SALIFKONE


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