Choguel, Moussa Traoré, ATT (paix à leur âme) et Nous : 08 questions à l’auteur du Livre «Choguel Kokalla MAÏGA- Le Mali…ma vie » Le Choguel du ‘’Dalagaribou’’

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1-       Le ‘’Dalagaribou’’ a été le vécu de nombre de Maliens. A un certain moment de leur vie, ils ont donc été contraints à tendre la sébile et, afin de ne pas mourir de faim, ils sont passés de porte à porte, dans l’hypothétique espoir de rencontrer ces rares personnes de bon cœur qui accepteraient de partager le peu qu’ils ont, notamment en termes de nourriture.

Le président Choguel a donc vécu cela. A un certain moment de sa vie, il n’a pas eu d’autre choix que de faire le  ‘’Dalagaribou’’ c’est-à-dire de quémander sa nourriture, de tendre la sébile.

Alors, quel sentiment vous anime, monsieur le président Choguel, de voir aujourd’hui ces milliers d’enfants, entre 7 et 11 ans qui, par groupes de plusieurs dizaines arpentent, de jour comme de nuit, les rues de nos villes, notamment à Bamako, à la recherche de leur pitance? Ceci ne serait-il aussi de la faute des «démocrates sincères et patriotes convaincus» ?

Choguel et le Président ATT

2-       Sous le Président ATT, Monsieur le président Choguel, vous êtes donc resté à votre poste de Ministre de l’Industrie et du Commerce pendant 5 (cinq) ans, sans discontinuer, inamovible à votre poste malgré les nombreux remaniements intervenus au cours de ce premier mandat de 5 ans de celui dont le moindre des mérites n’ a pas été qu’il avait parachevé l’œuvre des «démocrates sincères et patriotes convaincus» de 1991, tout comme l’a fait le Président Assimi Goïta en 2020 pour le M5-RFP?

Votre nomination, pour la première fois, par ATT à un poste de Ministre fait suite à la victoire de la Coalition Espoir 2002 aux législatives de la même année et aux tractations pour la formation du gouvernement qui s’en étaient suivies. Votre nomination au poste de Ministre de la République pourrait donc être considérée comme une récompense suprême à l’endroit d’un homme politique de votre envergure, ancien de l’UDPM et membre de Espoir 2002 qui pourtant, jusqu’à ce jour, n’a jamais été élu à poste quelconque. Mais selon vous : «…je n’ai pas tardé à me rendre compte que je n’ai été nommé ministre (par ATT) que pour être  détruit» (P. 171 de votre livre). Pensez-vous pouvoir convaincre les Maliens qu’une nomination à un poste de ministre soit synonyme de vouloir détruire quelqu’un ?

Bref, le crime du président ATT aura donc été, selon vous, d’avoir restreint vos prérogatives de ministre de l’industrie et de Commerce (P. 151 de votre livre).

Alors pourquoi, malgré tout, êtes-vous resté à votre poste ministériel pendant de si longues années (5 ans) ?

 

Choguel et la manipulation des élèves et étudiants

3-       Selon vous, l’opposition politique au régime de Moussa Traoré avait infiltré et manipulé «les enfants économiquement faibles qui en ont été les victimes». Or, au même moment, dites-vous, les leaders des manifestations estudiantines «ont tous passé, tranquillement et sans discrimination les concours d’entrée à la fonction publique » (p.62 de votre livre).

Si la chose s’est réellement passée comme vous le dites, ne devrait-on en déduire que ces pratiques discriminatoires ont existé déjà sous le CMLN et l’UDMP ?

Encore Choguel et la manipulation des élèves et étudiants

4-       «Comment faire pour affaiblir les militaires (du CMLN) » ? La solution est toute trouvée : «le nombre de lycéens et des élèves des grandes écoles (ENSUP, ENA) ne cesse d’augmenter ». (P. 85 de votre Livre).

Etes-vous vraiment convaincu du fait que les effectifs des élèves et des étudiants aient augmenté, au grand soulagement des parents et des d’élèves eux-mêmes participe, participe également d’un complot ourdi contre Moussa Traoré, contre le CMLN (ou ce qu’il en restait après plusieurs purges) et contre l’UDPM ?

Choguel : la France comme actrice de la chute de Moussa TRAORE

5-       Vous avez longuement parlé de la France et de son implication dans la chute du régime UDPM.

Mais sans pour autant établir, preuves à l’appui, la liaison qui aurait existée entre les acteurs de ce que deviendra le Mouvement démocratique et cette France, dont pourtant la doctrine de l’ingérence dans nos pays est bien connue de tous.

A supposer même que la France se soit intéressée aux revendications de ce que va devenir plus tard le Mouvement démocratique, des revendications connues de tous (bourses et salaires à la fois dérisoires et en retard de plusieurs mois, institution de concours d’entrée à la fonction publique, licenciement et départ ‘’in’’volontaire à la retraite, demande de cantines scolaires…), alors… Comment un pouvoir tout puissant de 23 ans de règne n’a pas pu, au-delà du discours, rassembler et documenter les preuves irréfutables d’une manipulation-implication de la France dans la chute du régime UDPM (le régime de la Transition actuelle a, en quelques mois, rassemblé des preuves contre la France qu’il a d’ailleurs transmises à l’ONU) ?

Mais en fait, les manifestants de février-mars 1991 n’étaient-ils pas plutôt manipulés par les problèmes qu’ils vivaient au quotidien sous votre UDPM ?

Choguel et la manipulation de couches entières de Maliens

6-       Dans votre effort de vouloir lister ceux, selon vous, qui se font appelés « démocrates sincères et patriotes convaincus » qui se sont opposés à votre régime UDPM vous citer : des torotskystes, des moaïstes, des marxistes léninistes, des libéraux classiques, des bourgeois, des conservateurs, des syndicalistes, des agents de l’Etat poursuivis pour différents crimes, des officiers supérieurs détenteurs de la carte Adema…(P.63 du livre).

Ce qui fait quand même beaucoup de catégories d’opposants à votre UDPM et, n’est-ce pas d’ailleurs pourquoi le 26 mars 1991 a été une vraie révolution populaire, au sens propre de soulèvements contre un régime.

Mais pourquoi sur votre liste vous ne citez nulle part les membres de la toute puissante Coordination des sous-officiers du Mali qui avait été créée avant mars 1991 et qui pourtant, avait pignon sur rue dans tous les camps militaires et qui aussi, à chaque fois, donnaient de la voix pour contester le régime de l’UDPM réclamant de meilleures conditions de vie (dans les camps militaires) et de travail (dans l’armée de Moussa).

Choguel : de l’effritement de l’UNJM et de l’UDPM

7-       Vous avez été membre de l’UDPM où vous avez été très actif au sein de l’UNJM (Union nationale des jeunes du Mali) dont chacun des dirigeants a bénéficié d’un lot à usage d’habitation à Bamako (P. 118 du Livre). Vous n’abordez pas dans votre livre les péripéties de la mise en place de ce nouveau et dernier bureau de l’UNJM dont vous avez été membre.

De même, en tant que militant UDPM, certainement que vous étiez au courant- mais vous n’en faites nullement cas- de la situation délétère qui prévalait au sein même de l’UDPM aux derniers moments de son règne. Une situation caractérisée par une féroce guerre entre tendances et clans de l’UDPM qui a  culminé en, certains endroits du pays, notamment à Magnambougou ou encore à Gnomirambougou, à des scènes de violences, des batailles rangées entre militants UDMP avec jets de cailloux, incendies, obstruction de la voie publique et autres troubles à l’ordre public dont tous les Maliens ont été témoins à l’époque.  A l’époque, à quel clan UDPM apparteniez-vous ?

Ne saviez-vous pas- ou feigniez d’ignorer- que les premières manifestations de rue à Bamako ont été d’abord celles organisées par les militants UDPM désabusés, donc bien avant les manifestations organisées par ce que deviendra plus tard le mouvement démocratique ?

8-       Toujours à propos de votre parti, l’UDPM, vous n’avez nullement abordé, afin d’éclairer davantage la jeune génération, tout ce que le Parti unique et le Gouvernement à l’époque ont dû faire pour empêcher la chute du régime et pour maintenir Moussa TRAORE (paix à son âme) au pouvoir. Vous avez constamment dépeint Moussa Traoré comme la victime ; toute chose qui ne sied nullement à un homme d’honneur et de courage qu’il a été.

Pourquoi insistez-vous autant sur ce qui aurait été des combines, complot et manipulation de la part des acteurs du Mouvement démocratique, tout en faisant table rase de l’ampleur de la répression contre les manifestants, avec son corollaire de flot de sang, de larmes et familles endeuillées courant en janvier et mars 1991. Une répression qui a fait l’objet d’un procès libre et équitable qui s’est conclu par une condamnation de ses auteurs par la justice de leur pays?

Voudriez-vous faire croire à la nouvelle génération que Moussa Traoré s’est plutôt fait avoir, sans jamais réagir et que, ce qui est arrivé aux victimes du 26 mars est exclusivement de leur faute ; tout comme IBK aurait pu le penser suite à la répression des 10 et 11 juillet 2020 des manifestants du M5-RFP, qui eux, attendent toujours que justice soit rendue?

Belco TAMBOURA,

Ancien Rédacteur en chef du Journal ‘’AURORE’’

Fondateur du Journal ‘’L’Observateur’’

Diplômé de l’Université de Montréal (Canada)

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