Dans un Mali classé en queue de peloton des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), le cercle de Ténenkou connait un mal développement des plus criards: un enclavement légendaire, une insécurité alimentaire inexplicable (les 2/3 de l’espace territorial du cercle sont inondables au moins 5 mois dans l’année), un taux de scolarisation des plus bas du pays (38% contre 59, 07% pour l’Académie d’Enseignement de Mopti, 62,01% pour la région de Mopti et 81, 05% pour le niveau national au titre de l’année scolaire 2010 -2011), un nid endémique de paludisme, un ravage périodique de choléra (des dizaines de victimes en 2011)…
Il se trouve justement que se sont les efforts de l’Etat, des partenaires au développement et des collectivités territoriales, au cours de ces dernières années pour sortir le cercle de ce chaos, qui viennent d’être quasiment anéantis. En effet, les premiers soubresauts de la rébellion sont intervenus à la veille de l’annonce de la pose de la première pierre de la construction de la route Macina – Ténenkou (une trentaine de milliards), au moment où l’administration du cercle venait d’identifier la parcelle qui devait abriter la salle de spectacles au bénéfice des jeunes du cercle, dont le financement était acquis (60 millions), quand se programmait l’inauguration du lycée de la localité (quelque 800 millions) et quand les entrepreneurs se préparaient à annoncer la fin des travaux de la construction du nouveau centre de santé de référence.
Ajoutons à ce sombre tableau le prolongement du délai accusé dans la construction des berges de protection du village de Diafarabé et le surcreusement du fleuve Diaka (quelque 14 milliards). Le gâchis est donc immense, difficilement réparable. La rébellion vient donc d’éventrer les espoirs du cercle, d’enterrer pour longtemps ses perspectives de développement. Le hic est que pour n’être pas situé dans ce qui est dans la sémantique courante considéré comme le Nord du Mali (régions de Kidal, Gao et Tombouctou). Le cercle se meurt dans un quasi oubli: les exactions des rebelles en ce lieu ne sont pas relayées à souhait et les populations du cercle ne sont pas prises en compte dans la répartition des appuis aux victimes de la rébellion.
Il y a donc lieu de porter à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la ville de Ténenkou a été attaquée, le 3 Mars 2012 déjà, par des bandits armés. Ils y ont enlevé un agent de sécurité, 4 véhicules et 2 motos, saccagé les archives du cercle et du tribunal de première instance et libéré les détenus de la maison d’arrêt. Les exactions des bandits armés se sont étendues pratiquement à tout le cercle, notamment par des intimidations continues à Ténenkou où le lycée et le centre de santé de référence sont devenus le Quartier Général des «nouveaux maîtres» du Macina, à Diondiori, à Toguéré Coumbé, à Dia, à Kara, situé à quelques encablures du village de Diafarabé.
Dans la commune de Karéri, non loin de la Mauritanie, ils ont pillé le centre de santé, à Diguiciré, ainsi que les caisses d’épargne de ce village et de celui de Dioura. Dans ce chef-lieu de commune, une patrouille de l’armée malienne fera malheureusement un mort et un blessé grave au cours d’une altercation. La rébellion a déjà des conséquences particulièrement dramatiques sur ce cercle et on le sait apparemment peu.
En effet, depuis plus de deux mois, aucune administration n’est sur place. Seuls les seconds cycles de Dia et de Diafarabé ont fonctionné régulièrement, toutes les autres écoles fondamentales du CAP ayant été désertés par leurs enseignants. Les lycéens sont déplacés à Mopti et ailleurs, où ils passeront le baccalauréat. Qu’en sera-t-il pour les candidats au DEF des écoles de Ténenkou ville, de Diondiori, de Toguéré Coumbé, de Dioura, de Sossobé?
Les rebelles coupent les routes et rançonnent les forains sur les principaux axes de communication. En définitive, la famine règne en maîtresse intraitable, l’insécurité sévit partout, avec malheureusement en point d’orgue une insécurité domestique qui prend de l’ampleur. La situation devenue insoutenable, des centaines d’habitants du cercle abandonneront leurs villages pour des cieux supposés plus cléments.
Le cercle connait une insécurité particulière, une famine et méconnue (l’aide alimentaire promise par l’Etat n’est toujours pas parvenue à certaines communes) un désastre humanitaire y est vécu… sous silence.
Et pour éviter l’irréparable, il s’avère impérieux et urgent d’y apporter une réponse appropriée: par une aide alimentaire substantielle pour les hommes et les animaux, par des patrouilles militaires plus rapprochées, en attendant les grandes manœuvres, par un dispositif de sécurité sur les parcours de la transhumance des animaux qui est imminente.
A propos justement de transhumance et de rébellion, il convient de rappeler que de nombreux éleveurs avaient vu leur cheptel enlevés lors de la rébellion des années 1990-91. Leurs animaux n’ont jamais été retrouvés et ils n’ont jamais été indemnisés. Chat échaudé ayant peur de l’eau chaude, mieux vaut donc prévenir que guérir. C’est à cela que nous invitons les ressortissants de cercle, l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers, ainsi que les différents organismes opérant dans l’humanitaire.
Et, pour échanger autour de toutes ces questions, l’Association pour le Développement du Cercle de Ténenkou (ADCT), organise une conférence de presse le dimanche 17 Juin 2012, à la Maison de la Presse à partir de 9h30, à laquelle sont conviés les organes de presse, les structures dédiées à l’humanitaire, les associations d’éleveurs …
P/ l’Association pour le Développement du Cercle de Ténenkou
Le Vice-Président
Dr. Témoré Tioulenta
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