Centre Mali : la voix des hommes contre la voie des armes

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La semaine passée, un des mouvements peuls récemment créé, le Mouvement pour la Défense de la Patrie (MDP), a annoncé qu’il renonçait à porter les armes. Sage décision, qui va dans le sens de l’intérêt commun. Cet exemple doit être suivi et les mouvements doivent se structurer politiquement. Il faut que les Peuls privilégient  la parole aux armes, ils n’en seront que mieux entendus et écoutés.

Depuis quelques mois, le centre du pays attire de plus en plus  l’attention. Si les populations de la région du centre n’ont pas été au cœur de l’accord de paix et de réconciliation (accords d’Alger), leurs besoins doivent désormais être pris en compte. Les autorités Bamakoises et la communauté internationale en sont de plus en plus convaincus, ce qui est une excellente nouvelle. Les Peuls ne doivent pas se tromper de chemin. La militarisation des revendications ne servirait pas nos intérêts, bien au contraire !

La boucle du Niger doit bénéficier des enseignements du Nord : le recours aux armes est une impasse destructrice pour au moins deux raisons. Les armes sont d’abord une impasse pour la jeunesse. Prendre les armes revient à sacrifier une génération complète. La légitimité de la cause attire et leurre. Animés par leur idéal et leur énergie, nos jeunes sont manipulés. Ils sont précipités dans la guerre par quelques brigands dont les crimes sont habilement camouflés par la cause qu’ils sont censés incarner. Iyad Ag Ghaly dans le Nord et Hamadou Kouffa dans le centre incarnent cette menace. Les armes sont aussi une impasse pour notre communauté toute entière. La violence ne peut pas régler les problèmes intercommunautaires. L’histoire l’a maintes fois prouvé. Nos différends ne peuvent être résolus que par la concertation, le compromis et le dialogue. C’est pour ces deux raisons que la multiplication des milices peules ne peut pas être une réponse de court terme à l’insécurité du centre et aux revendications des Peuls. A plus long terme, ces milices armées ne peuvent qu’enliser la région dans un cycle de violences dont le Nord peine à sortir aujourd’hui, en particulier à Kidal.

Il faut donc saluer la décision de Hama Founé Diallo, chef du MDP, de se rapprocher du processus politique (en l’occurrence via la Plateforme). Ce ralliement a été rendu possible grâce à l’appui de courageux députés de Mopti, qui ont compris qu’il fallait aujourd’hui créer un partenariat avec l’Etat malien. Cette initiative doit permettre à 300 jeunes combattants de rejoindre les accords de paix et le processus de DDR. D’autres mouvements doivent maintenant prendre le même chemin, en concertation avec la société civile, Bamako et les acteurs internationaux. Un plan adapté aux besoins de la région doit voir le jour. Il est bon de voir la voix des hommes supplanter à la voie des armes…

Aïcha Sangaré

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