Ce qu’il faut pour le Mali

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Les auditeurs de l’ORTM, qui ont eu la chance de suivre l’émission «Débat de Cité» du dimanche 14 octobre 2012, animée par notre excellent journaliste reporter Niaza Coulibaly, ont bien entendu les piques de Mme Traoré Oumou Touré à la classe politique quand elle disait «qu’on n’a pas d’état», «on n’a pas de souveraineté».

Elle a dit vrai et elle veut dire par là, tout ça, c’est la faute aux politiciens qui dans leur ensemble ont suivi un général «inculte, ignorant et imposteur» pendant dix ans comme une poule et ses poussins. Malheureusement pour eux, la poule les a laissés à la merci des éperviers. Le représentant de l’Union pour la République et la démocratie (URD) a dit exactement qu’eux, au niveau de leur parti, ils ne pouvaient pas aller à l’opposition parce que cela signifie la mort de leur parti.

Si nous le paraphrasons, un parti qui va à l’opposition contre le général sera détruit par lui. Quelle honte pour la démocratie malienne qui s’affiche à l’image de la démocratie occidentale et qui ne peut pas faire comme elle.

Au Niger, le président Mahamadou Issoufou a fait tout son temps dans l’opposition et aujourd’hui il est à la tête de la République du Niger. Au Sénégal, Me Abdoulaye Wade a crée son parti depuis les années 1970. Pour parvenir au pouvoir, il a fait 30 ans d’opposition. François Mitterrand a fait plus de 20 ans d’opposition en France.

Si M. Soumaïla Cissé pense que pour arriver au pouvoir, il faut faire le laquais au président  ATT, il se trompe. Cela veut dire, lorsqu’il arrivera au pouvoir par la courbette derrière le général ATT, il fera la même chose à celui qui veut le succéder. Un homme doit avoir sa conviction, son idéal, sa philosophie qu’il doit défendre.

Quand le représentant de l’URD parle d’un progrès de la démocratie au Mali. Que ce qui a été fait par la démocratie n’a pas été fait ni pendant les 8 premières années de notre indépendance ni pendant les 23 ans d’exception CMLN-UDPM. Cet homme politique se rappelle- t-il l’organisation des élections présidentielle et législatives de 2007 ? Se rappelle-t-il  la déclaration du président de la Cour constitutionnelle de 2007 ?

Oui, la démocratie a amélioré nos trains de vie en tant que travailleurs ; oui avec la démocratie, on peut parler sans regarder ni à gauche ni à droite.

Mais, ce que le démocrate de l’URD doit savoir, c’est avec la démocratie, au 3ème millénaire qu’un étudiant de la Faculté des sciences et techniques de Bamako ne peut  se rendre à l’école sans escorte. C’est sous la démocratie, qu’un groupe d’étudiants séquestre un autre groupe opposé et le soumet à la torture dans l’impunité totale. Il faut être d’accord que cela ne s’était jamais passé sous le Comité militaire de libération de nationale (CMLN) malgré ses dérives.

Ses proies étaient au moins traduites en justice à part l’arrestation et l’emprisonnement arbitraires pendant plus de 10 ans de nos libérateurs du colonialisme français. C’est l’occasion pour les Maliens de tirer la sonnette d’alarme sur les crimes de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). C’est honteux même pour une dictature à plus forte raison une démocratie au 21ème siècle.

C’est avec la démocratie que l’école malienne a connu le recul qu’elle n’a pas connu sous le CMLN, malgré le retard chronique des salaires.

Depuis l’avènement de la démocratie, les 90% des élèves-étudiants qui passent, n’ont aucune qualité alors que la valeur d’une chose dépend de sa qualité. La qualité est l’essence d’une chose.

C’est sous la démocratie qu’on recrute des cadres «A» comme plantons, ronéotipistes, etc. Quelques années après, on régularise leurs situations.

C’est sous la démocratie, que les ministres politiques recrutent en foulant au pied les règles de recrutement. Dans ce cas, au lieu de dire «République du Mali», il vaut mieux dire : «République du PDES», ou «République de l’URD», ou «République de l’ADEMA», etc.

C’est sous la démocratie que les citoyens maliens ont été plus expropriés, que les citoyens maliens sont devenus plus analphabètes. Vous-même, vous deviez vous rendre compte du niveau des étudiants de vos différentes facultés. Rappelez-vous du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA). Plus de 8.000 candidats et pour  cent (100) postes, seul 69 candidats ont eu la moyenne.

C’est sous la démocratie qu’il y’a eu la multiplication des faux diplôme, qu’il y a eu des gens qui enseignent jusque dans l’enseignement supérieur sous des titres que leurs vrais diplômes ne leur donnent pas droit. Pourquoi, ne pas faire un audit des diplômes de l’enseignement supérieur en demandant les thèses des intéressés.

C’est la démocratie qui a plongé notre pays dans le «trou noir», nous appelons trou noir, l’occupation des 2/3 du pays par des forces étrangères.

Le représentant de l’URD a oublié que les bases du Mali moderne ont été mises sur chantier le 22 septembre 1960 avec Mamadou Madeira Keïta (paix à son âme) comme ministre de l’Intérieur, de la Justice. C’est lui qui est l’auteur des reformes administratives et judiciaires du Mali. Le représentant de l’URD a oublié que la reforme de l’enseignement en 1962 a été une grande révolution culturelle. C’est cette reforme qui nous a permis en tant fils de paysans d’aller en grand nombre à l’école de «l’Etat providence» de l’US-RDA. Ce sont les fruits de cette reforme qui ont permis à plusieurs d’entre- eux d’enseigner aujourd’hui à la FSJP, fruit de l’Ecole nationale d’administration créée par la première République. Ce qu’il faut pour le Mali, c’est une justice : Au sein de la famille.

Au lieu du travail : Pour l’enseignant qui ne doit pas enseigner avec un faux diplôme, ni donner des notes financièrement et sentimentalement transmissibles ; qui ne chôme pas ses cours dans les écoles publiques pour ceux des écoles privées,

Pour tous les travailleurs qui sont dans les bureaux et qui ne font pas correctement le travail pour lequel ils sont payés sans des dessous de table.

Ce qu’il faut pour le Mali, c’est une presse engagée pour la liberté et l’indépendance du peuple malien ; une presse qui rapporte bien les faits et qui analysent bien les évènements, une presse qui doit avoir un rôle de contre-pouvoir et non une presse qui prend «le salaire de la trahison».

Ce qu’il faut pour le Mali, c’est une justice qui fait bien son travail, une justice qui doit protéger le citoyen malien.

Maintenant, ce qu’il faut pour le Mali après le départ des troupes d’occupation, c’est penser à la restauration de la justice dans tous ses états : justice dans les familles, dans les services de l’Etat, sur tout le territoire malien. Nous demandons, qu’il ne faut pas revenir aux anciennes pratiques. Pour ne pas tomber dans les erreurs du passé.

Pour cela, il faut des concertations nationales souveraines et inclusives qui donneront une légitimité aux organes de transition. «On ne peut pas tromper un peuple tout le temps». On ne dirige pas une nation avec des calculs politiques basés sur des dés de charlatans.

Les dirigeants actuels de la transition doivent savoir qu’une transition sans  base populaire n’est pas solide et ils doivent penser à leurs prédécesseurs avant le 22 mars 2012. Il y’a la roue de l’Histoire. Le plus grand problème du Mali est à venir. Déjà, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) vient  de déposer une plate-forme de revendications devant son protégé la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et personne ne doit sous-estimer la valeur d’un autre.

Tant que la parole donnée, l’engagement solennel ne sont pas respectés, les Maliens resteront dans le trou noir. Quand pour des strapontins, des hommes politiques que nous croyons sérieux se prostituent, le Mali ne sortira pas du trou noir.

Nous republions le discours funèbre fait par le Docteur Mamadou El Béchir Gologo (paix à son âme) à la suite du décès de M. Bakary Karembé (paix à son âme).

Ce discours est adressé à Monsieur Bocar Moussa Diarra, ministre de la Promotion des Langues  nationales et de l’Instruction civique. C’est une lettre ouverte à notre ministre pour prendre des fragments très importants de ce discours funèbre et les enseigner dans les classes comme leçons d’instruction civique et de morale. C’est aussi rappeler notre ministre que lui et ses amis de la Coalition pour sauver le Mali (CSM) n’ont pas respecté la parole donnée lors de leur conférence de presse tenue à la Maison de la presse. Ce jour, il avait tenu ses propos : «Notre plateforme de revendications ne bouge d’un iota ; les concertations nationales avant la formation du gouvernement d’union nationale». La suite est connue.

Que Dieu sauve notre pays des griffes des prédateurs de l’intérieur et de l’extérieur, des mauvaises intentions des comploteurs de l’intérieur et de l’extérieur.

Dieu a dit dans le Saint Coran, Sourate 11, Verset 98 en parlant de Pharaon : «Il précédera son peuple, au Jour de la Résurrection. Il les conduira à l’aiguade du Feu. Et quelle détestable aiguade !»

Que ce Verset attrape le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et ses partisans. Que Dieu fasse des dirigeants du MNLA et ceux qui les suivent comme il a fait de Pharaon et de son peuple.

Amine !

Yacouba Aliou, Bamako, le 20/10/12

 

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