Qui pourrait oublier le contrat conclu entre la société Morpho et le gouvernement malien seulement quelques semaines avant les élections de juillet 2013 ?
Un pari risqué mais apparemment gagnant quand pas moins de 8 millions de cartes NINA avaient été livrées à temps à Bamako. Quatre ans plus tard et juste avant les futures échéances électorales maliennes, qu’en est-il ?
La réalité n’est pas brillante. Beaucoup de maliens attendent encore et toujours d’obtenir leur numéro d’identification national alors que la carte NINA, sésame suprême pour tout citoyen souhaitant exercer son droit de vote, fait aussi office de carte d’identité. Impossible donc de faire certaines démarches administratives sans elle, comme une demande de passeport par exemple!
Alors où obtenir ce bout de plastique devenu indispensable ? Nulle part ailleurs qu’à Bamako.
Il n’y a qu’un endroit qui délivre ces fameuses cartes, et les reproches dans la gestion de cette administration ne manquent pas de la part de la population. D’autre part, si on espère obtenir sa carte, il vaut mieux parler bambara ou français, car aucun employé ne semble à même de comprendre les requêtes dans les autres langues pourtant utilisées par beaucoup d’entre nous.
Enfin, nombreux sont ceux qui se plaignent d’une certaine discrimination envers ceux qui n’ont pas les moyens de donner un petit supplément (entendez de l’argent !) pour faciliter l’obtention de leur carte.
Même à l’étranger, impossible d’obtenir cette précieuse carte dans les ambassades. La seule exception ? L’ambassade du Mali à Paris, où après plusieurs manifestations de nos compatriotes, dont une occupation des locaux diplomatiques, les autorités ont finalement accepté de faciliter l’obtention de cette carte sans devoir se déplacer jusqu’à Bamako.
Autre problème ? 9000 cartes « de trop » seraient dans la nature depuis plusieurs années, augmentant le risque de fraude pendant les élections. Le manque de suivi et de recensement des personnes titulaires d’une carte NINA accroissent aussi ce risque.
Bonne nouvelle toutefois, il semblerait que le Ministère de l’Administration Territoriale soit dorénavant déterminé à pallier les insuffisances constatées au niveau du fichier électoral avant les prochaines élections régionales et communales de décembre. Le Ministre a en effet annoncé une campagne de collecte de données biométriques du 1er au 30 novembre. Elle visera les nouveaux « majeurs », les jeunes entre 18 et 22 ans, tranche d’âge apparemment peu représentée. Cette collecte ne suffira toutefois pas à remplir la base de données du gouvernement malien et ne résoudra de toute évidence pas les problèmes existants. Il s’agit toutefois d’un signe permettant d’espérer que le gouvernement, conscient de la situation, essaie enfin de trouver des solutions à cet épineux sujet alors que les prochaines élections, et en particulier les présidentielles, se rapprochent … à grands pas !
Ousman K
@kouare