Les Accords de Défense entre la France et les pays africains. Le 28 février 2008, Sarkozy annonça plusieurs aspects de la politique africaine de la France dans son discours au Cap. L’intention de la France était de renégocier les huit Accords de défense avec les pays africains.
Dans son discours Sarkozy déclara : « L’Afrique doit prendre en charge ses problèmes de sécurité … La présence militaire de la France en Afrique repose toujours sur les accords conclus au lendemain de la colonisation, il y a plus de 50 ans … Il ne s’agit pas de la France de se désengager militairement de l’Afrique, mais plutôt que la sécurité de l’Afrique est avant tout, naturellement, l’affaire des africains. Ces accords devraient être adaptés aux réalités actuelles … Contrairement à la pratique passée, les accords renégociés seront entièrement publics ».
Depuis 2008, les responsables français faisaient entendre que les huit accords de défense étaient simplement obsolètes. Ces accords sont conclus avec la Côte d’Ivoire (1960), la République centrafricaine (1960), Djibouti (1977), Gabon (1960), Sénégal (1960, révisé en 1974), Cameroun (1960, révisée en 1974), Comores (1973, révisée en 1978) et Togo (1963).
Les conseillers présidentiels Serman et Remi Marechaux affirmèrent que les accords contenaient des dispositions de défense mutuelles qui n’étaient plus réalistes. Serman posa la question rhétorique : « Si la France est attaquée, est-ce que nous allons vraiment nous attendre, et encore moins compter sur le Togo à aller en guerre avec quiconque nous attaque ?». Ce qui est encore plus inquiétant est l’obligation imposée à la France de défendre ses partenaires conventionnels. Serman était très mal à l’aise avec la possibilité que Djibouti invoquerait son accord avec la France et exigerait que la France vienne à sa défense lors de l’escarmouche frontalière entre Djibouti et l’Érythrée en 2008. Le diplomate français indiqua que son pays était prompt à apporter un soutien logistique significatif à Djibouti afin d’éviter une demande djiboutienne de combattre conformément à l’Accord.
Un autre aspect aussi troublant est la présence de certaines dispositions secrètes dans certains des Accords. Selon Rémi Marechaux, les accords de défense avec le Cameroun et le Gabon contiennent par exemple des dispositions « absurdes » obligeant la France, sur demande, à assurer la sécurité en cas de troubles internes dans ces pays. « Nous n’allons pas agir comme une police de sécurité intérieure à la demande d’un régime en difficulté », dit-il.
Selon Serman, certains des Accords contiennent des clauses “secrètes” donnant à la France le monopole des droits d’exploitation des ressources naturelles dans les pays concernés.
« C’est si ridicule aujourd’hui que nous ne pouvons que rire à ce sujet. Pouvez-vous nous imaginer invoquer notre accord avec le Togo et ordonner au Togo de dire à la Chine de quitter le pays ?» ajouta-t-il.
Les responsables français affirment que les Accords renégociés seront dépouillés de ces dispositions désuètes. Tout sera ouvert et transparent. Les Accords révisés reflétant les réalités actuelles et les priorités des deux parties en termes d’intérêts communs.
L’accent mis sur les nouveaux accords de coopération militaire est la formation et le professionnalisme. La Direction de la coopération militaire et de défense soutient un personnel d’environ 300 personnes permanentes en Afrique qui sont intégrées dans les forces armées africaines, portant parfois l’uniforme de l’armée nationale. Le personnel militaire africain fréquente 35 écoles militaires en France et il y a aussi plusieurs écoles militaires réparties dans l’Afrique francophone.
En disant qu’il réformerait la politique africaine de la France, Sarkozy assumait une grande tâche. La Françafrique et les vieilles habitudes sont difficiles à changer. Avec l’usage commun de la langue française et les histoires entrelacées entre la France et ses anciennes colonies, certaines parties de la Françafrique subsisteront encore bien longtemps.
En résumé, les objectifs militaires français en Afrique sont parallèles aux aspects non militaires de la politique africaine de Sarkozy en termes de renforcement des capacités africaines, réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard de la France et promouvoir la transparence.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com